Quelles sont les valeurs communes entre le rugby et les métiers du BTP ?
La première, c’est la valeur travail, notamment le travail en équipe. On ne construit pas une équipe sans cohésion forte, sans solidarité forte. C’est vrai dans le sport, c’est vrai aussi dans les métiers du BTP. La deuxième valeur, c’est l’engagement.
L’engagement de ces jeunes passionnés par leur métier et qui ont l’esprit de compétition. La troisième, c’est le respect des règles établies. On évolue dans un cadre collectif, défini par l’institution, et l’on doit être capable de le respecter pour porter les ambitions de l’équipe. On peut certes avoir des ambitions individuelles, ce qui est normal et souhaitable, mais en aucun cas elles ne doivent primer sur les ambitions collectives.
Enfin, la dernière valeur que je vois, c’est l’exigence, et notamment celle du geste. Cela m’a impressionné lors des Worldskills nationales à Lyon ou régionales à Bordeaux, où la pression était forte et le stress omniprésent, tout comme lors d’un match de rugby. En résumé, que ce soit le travail, le travail d’équipe, la solidarité, la cohésion, l’engagement, le respect du projet et l’exigence du geste, on retrouve les mêmes valeurs dans le rugby et dans le BTP.
Qu’est-ce qui vous a motivé à devenir l’entraîneur de ces 15 jeunes talents de l’Équipe de France du BTP ?
J’avoue avoir été un peu surpris lorsque Cyril Guy 1 m’a proposé de devenir coach de ces jeunes du BTP. J’ai cru à une blague. Mais, en y regardant de plus près, ces jeunes compétiteurs partagent des valeurs qui font écho en moi, comme trouver du sens à ce que l’on fait. C’est aussi la passion du métier.
Car il faut être passionné pour travailler tous les jours, suivre des cours, passer des examens, tout en se préparant aux épreuves des Worldskills, qui est une énorme compétition. Il faut aussi, comme un sportif, posséder la culture de la gagne.
Et puis, j’étais curieux de voir jusqu’où ils pouvaient aller dans le dépassement de soi et les sacrifices qu’ils étaient prêts à consentir pour réussir, pour se perfectionner dans leur métier, sur le plan physique, sur le plan mental, etc. En ce sens, ces jeunes professionnels sont un exemple. Alors, cette mission, je l’ai acceptée parce qu’elle me correspond.
Quels conseils donneriez-vous aux candidats ?
Le premier, c’est de bien se préparer. C’est fondamental. Ceux qui réussiront sont ceux qui seront le mieux préparés et le mieux accompagnés humainement et professionnellement. Avant de s’engager dans la partie, il faut impérativement connaître les règles du jeu.
Ne pas partir à toute vitesse et dans toutes les directions. Il faut comprendre ce que l’on fait, différencier ce qui est important de ce qui l’est moins et se mettre des priorités. Le deuxième, c’est d’être prêt à affronter l’urgence, la contrainte du temps imposé. Il faut savoir gérer son temps, sinon, avec la pression, le stress arrive et les erreurs aussi. La troisième, c’est de se mettre dans l’ambiance de la compétition, le bruit, l’agitation, le monde… – et au mondial il y en aura… – pour rester concentré le moment venu.
Le dernier, c’est de bien maîtriser la compétence technique : connaître le geste, le répéter et le répéter encore jusqu’à savoir le réaliser, si je puis dire, les yeux fermés. Savoir ce qui marche et ce qui ne marche pas, avoir un plan B au cas où. Il faut être prêt à réagir dans la minute. Tout cela est aussi valable dans le rugby.
On doit arriver fin prêt au match ou au tournoi et laisser le moins de place possible à l’improvisation : on sait dans quelles conditions on va jouer le match, on connaît les forces et les fragilités de l’adversaire, on arrive sur le terrain avec en tête la tactique à employer, etc. Certes, tout ne se passe pas toujours comme prévu ; l’important, alors, c’est de savoir quoi faire et de s’ajuster très rapidement.
Dans le cadre des Worldskills, le rôle de l’expert métier est fondamental. Comme nos joueurs, ces jeunes du BTP doivent arriver à la compétition avec les idées claires et ils doivent rester émotionnellement stables durant toute la compétition. La préparation mentale et physique fait aussi partie de l’épreuve.
Les WorldSkills, finales mondiales, vont réunir près de 1 500 compétiteurs dans 59 métiers, représentant 65 pays et régions. 250 000 personnes sont attendues. Qu’est-ce que cela vous inspire ?
Je suis impressionné par les enjeux colossaux qu’il y a pour ces jeunes. Ils sont en mission pour représenter leur région, leur pays… Ils doivent porter haut les couleurs de la France. C’est le savoir-faire de nos métiers, la vitrine de l’excellence à la française.
Les jeunes doivent gagner individuellement dans leur métier et collectivement pour ramener un maximum de médailles. Cela rappelle les Jeux olympiques. Je suis impressionné par la grandeur de l’évènement et par l’humilité dont ces jeunes font preuve pour réussir. Des champions !
Les qualités qui font la différence pour l’emporter ? un goût évident de l’effort, une agilité d’exécution remarquable et, surtout, un mental en acier trempé.
