Aux origines de la crise
La crise des matériaux que nous connaissons aujourd’hui trouve sa genèse dans une autre crise, celle du Covid-19. Le confinement quasi mondial de la population a provoqué l’arrêt brutal d’importantes unités de production, notamment de matériaux.
Au sortir des confinements, leur redémarrage a été très progressif, limitant l’offre de biens, alors que la demande se maintenait à bon niveau.
En conséquence, le jeu classique de la loi de l’offre et de la demande a conduit, dès janvier 2021, à une première et vive hausse des prix des matériaux.
Celle-ci s’est encore amplifiée à l’automne 2021 avec une première crise de l’énergie due à une forte reprise économique mondiale, mais également dans une volonté simultanée de réduire les capacités fossiles pour lutter contre le réchauffement climatique.
Alors que l’on prévoyait un début d’accalmie à partir de janvier 2022, la guerre russo-ukrainienne a douché tous les espoirs, limitant encore davantage l’offre disponible de matériaux et d’énergie.
Ainsi, entre décembre 2020 et mai 2021, les prix sur nombre de matériaux ont atteint des records : +139,4 % pour les aciers utilisés dans la construction, +98,6 % pour les produits PVC, +95,6 % pour les produits plats en acier, +74,4 % pour les demi-produits en aluminium, pour ne citer que ceux-là.
Qu’en est-il aujourd’hui ? À quelles perspectives peut-on s’attendre dans les mois qui viennent ?
Certains matériaux utilisés dans le secteur de la construction ont commencé à voir leurs prix légèrement se replier au début de l’été (cf. graphique). Ainsi, les produits PVC et cuivre affichent des baisses de prix respectives de 2,8 % et 4,8 % à fin juillet, tout comme les produits acier de 4,8 % à fin juin 1. Pour autant, leurs niveaux restent très largement supérieurs à ceux de fin 2020.
Quant aux prix des plastiques alvéolaires, des produits plats en acier, des tuiles ainsi que des demi-produits en aluminium, ils poursuivent leur progression à respectivement 9,0 %, 4,8 %, 3,9 % et 3,4 % en juillet par rapport à mai. Toutefois, après une décrue en mai, les prix de marché des énergies explosent de nouveau : +166,0 % pour le gaz naturel et +141,6 % pour l’électricité sur trois mois à fin août.
En conséquence, les matériaux intensifs en énergie, à l’instar des aciers, du verre, de l’aluminium, des tuiles, des produits céramiques… connaîtront de nouvelles hausses dans les prochaines semaines.
Le marché assez déprimé a d’ailleurs conduit à fermer certaines lignes de production de matériaux en aluminium, zinc, acier, de tuiles, et d’autres devraient suivre. De nouvelles difficultés d’approvisionnement sont même à craindre.
Dans ce contexte d’envolée des prix des matériaux, les entreprises de bâtiment doivent impérativement indexer leurs contrats au moyen des index BT qui reflètent, pour tous les métiers du bâtiment, l’ensemble des coûts supportés. À titre d’exemple, l’index BT01, tous corps d’état confondus, enregistre une progression de 6,7 % entre décembre 2021 et juillet 2022, après +5,4 % entre les fins d’année 2020 et 2021.
Et cela va se poursuivre dans les prochains mois, du fait des nouvelles hausses prévues sur les prix des matériaux, mais aussi d’une accélération du poste salaires en répercussion de la forte inflation et des difficultés de recrutement de plus en plus intenses auxquelles se trouve confronté le secteur.
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