Les professionnels du chauffage ont intégré la nouvelle donne réglementaire en place depuis juillet 2022 : conformément au décret no 2022-08 du 6 janvier 2022, ils ont cessé d’installer des chaudières et autres systèmes de production d’eau chaude utilisant des combustibles émettant plus de 300 g CO2eq/kWh PCI. L’application du décret entraîne de facto l’abandon du fioul domestique d’origine 100 % fossile au profit d’un équivalent permettant de se conformer au seuil fixé, à savoir le biofioul. Les caractéristiques de ce dernier sont aujourd’hui connues. La norme expérimentale XP M15-040 reprise dans l’arrêté du 23 septembre 2022 en précise toutes les spécificités. Principale d’entre elles : il est constitué d’un mélange d’hydrocarbures d’origine minérale et de dérivés du colza, les esters méthyliques d’acides gras (EMAG), dont la teneur peut aller jusqu’à 30 % du volume total. D’où l’appellation F30 qui lui est également donnée.
La présence d’EMAG dans le F30 n’est pas anodine. Cela entraîne certaines modifications des propriétés physico-chimiques de ce biocarburant par rapport au fioul traditionnel, ce qui impose une attention toute particulière, tant dans la mise en œuvre des équipements de chauffage que dans leur utilisation. Les recommandations les plus importantes à respecter sont, schématiquement, de quatre ordres. Premièrement, la présence d’EMAG rend incompatible l’utilisation du biofioul F30 avec certains matériaux et revêtements déployés jusqu’alors dans les cuves de stockage, la ligne d’alimentation ou encore les brûleurs (voir encadré). Ensuite, les EMAG ont la capacité de décoller et de mettre en suspension des dépôts présents dans la cuve, ce qui peut causer des dégâts sur les joints, filtres et gicleurs des installations. Il est également nécessaire de convertir les lignes d’alimentation bitubes en lignes monotubes et d’utiliser une crépine flottante dans la cuve de stockage. Enfin, les propriétés hydrophiles des EMAG favorisent le développement de micro-organismes accélérant la dégradation du F30, dont la durée de conservation se voit limitée à six mois.
Les professionnels de la filière pourront utilement se référer à la fiche conseils « Biofioul F30 » pour l’adaptation des installations, récemment éditée par le Cetiat et la Fédération française des combustibles, carburants et chauffage (FF3C). Librement téléchargeable sur l’appli mobile de l’UMGCCP-FFB, elle résume de façon pédagogique les recommandations à appliquer pour répondre au mieux aux attentes des utilisateurs du F30. Parallèlement, les industriels cherchent, eux aussi, à accompagner les entreprises dans la mutation vers ce biocarburant. Cela se traduit par la mise à disposition sur le marché de matériels – tels que chaudières, brûleurs, pompes à chaleur, etc. – compatibles avec ce nouveau combustible et estampillés « Biofioul ready F30 ». Une liste marque par marque de ces équipements est disponible et régulièrement mise à jour sur le site Internet www.biofioul.info.