La rénovation énergétique du gymnase du Port-Marchand, qui vient d’être achevée par la municipalité de Toulon (Var), pourrait bien être représentative de nombreux chantiers dans les années à venir partout en France. En effet, en application de la loi Elan, le décret relatif aux obligations d’actions de réduction de la consommation d’énergie finale dans les bâtiments à usage tertiaire, dit « décret tertiaire » (voir aussi article p. 34), impose aux propriétaires et exploitants de bâtiments à usage tertiaire de plus de 1 000 m² (bureaux, établissements logistiques et commerciaux, ERP, etc.) de réaliser des travaux pour réduire cette consommation de 40 % d’ici 2030, puis de 50 % en 2040 et de 60 % en 2050, par rapport à une année de référence qui ne peut être antérieure à 2010. Ce dispositif, dénommé Éco Énergie Tertiaire, leur a imposé précédemment de déclarer ces consommations sur la plateforme Operat(1).
C’est pour répondre à cette obligation que la municipalité de Toulon a engagé une rénovation globale du gymnase, comprenant une isolation thermique par l’extérieur, la rénovation de la toiture, le changement des menuiseries extérieures et l’installation d’un chauffage par le sol. Le tout devant permettre, selon l’étude thermique, une réduction des consommations énergétiques de 40 à 45 %. « Construit en béton, le bâtiment n’était pas du tout isolé, ce qui en faisait une passoire thermique », explique Matthias Huntzinger, cogérant de PE.RA.DE (Peinture Ravalement Décoration), l’entreprise toulonnaise spécialisée depuis 1981 dans le ravalement de façade et l’isolation thermique qui a réalisé les travaux. « Nous avons donc préconisé, avec notre partenaire fabricant, une solution d’ITE à base de panneaux en laine de roche de 140 mm d’épaisseur, avec une résistance thermique R supérieure ou égale à 3,7 m².K/w, légèrement au-delà des objectifs du maître d’ouvrage », détaille-t-il. Cette surépaisseur permet en effet d’obtenir une meilleure rigidité de l’isolant et un ouvrage optimisé en qualité de mise en œuvre et d’étanchéité à l’air. La laine de roche, incombustible, répond aussi au classement au feu Euroclasse A1 exigé par le bureau de contrôle.
Après le montage de l’échafaudage, l’entreprise a procédé à quelques travaux de maçonnerie là où il y avait des fissures et à la dépose de tous les éléments en façade, comme les grilles métalliques d’aération. Sur les 1 500 m² de façades du gymnase, l’isolant a été collé et chevillé aux murs en béton, sur une armature renforcée, après un test à l’arrachement des chevilles, pour prévenir tout risque de décollement. Les ponts thermiques ont été traités en habillant les encadrements ainsi que les appuis de fenêtres, et par une mise en œuvre des panneaux à fleur de la toiture, elle aussi recouverte d’un complexe isolant. Le chantier s’est terminé avec deux couches d’enduit et un revêtement plastique épais (RPE) qui sert de protection à l’ITE et respecte lui aussi la réglementation incendie. « La pose d’une ITE représente un surcoût de 20 à 30 % par rapport à un ravalement de façade classique, commente Matthias Huntzinger, mais l’augmentation du coût de l’énergie et les obligations réglementaires du décret “tertiaire” vont se combiner pour pousser les maîtres d’ouvrage publics et privés à investir dans ce type de travaux, qui contribuent aussi à pérenniser et valoriser leur patrimoine immobilier. » La rénovation énergétique du gymnase du Port-Marchand comprend également un chauffage par le sol qui, associé à l’ITE, lui fait faire un bond sur le plan du confort thermique – ce qui permettra d’utiliser cet équipement comme lieu d’hébergement d’urgence en cas de crise.
(1) https://operat.ademe.fr/#/public/home
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