Pour établir la tenue au feu d'un mur en maçonnerie de blocs en béton, les acteurs concernés - bureaux d'études, entreprises, contrôleurs techniques - se réfèrent aujourd'hui à la fiche 130 du Cerib (1). Véritable juge de paix pour toutes les parties, cette fiche permet d'établir les performances, c'est-à-dire la durée de tenue au feu des murs maçonnés, en fonction du type de bloc utilisé et de la hauteur maximale du mur, en prenant en compte les éléments d'appréciation de la tenue au feu selon l'arrêté du 22 mars 2004 modifié?; la capacité portante (symbole R), c'est-à-dire l'aptitude de l'ouvrage à assurer son rôle mécanique et sa stabilité durant l'incendie ; l'étanchéité aux flammes et gaz (symbole E), acquise quand le mur est étanche aux flammes et que les gaz émis par les matériaux sur la face non exposée ne s'enflamment pas ; et enfin l'isolation thermique (symbole I), acquise si la température de la face non exposée n'excède pas 140 °C en moyenne ou 180 °C en un seul point.
La fiche se révèle cependant incomplète dans la mesure où les essais qu'elle répertorie ont été réalisés sur des murs non enduits. « Nous savons que le fait d'enduire les parois maçonnées améliore leur tenue au feu, mais il n'existait jusqu'à présent aucun essai qui puisse quantifier cet apport, et surtout aucun texte réglementaire auquel se référer, réagit Anne-Marie Vial, présidente de la Compagnie générale d'entreprise moderne, implantée à Toulouse. De ce fait, les entreprises suivent les prescriptions de leurs marchés (CCTP et plans), lesquelles ne sont certainement pas optimisées, ce qui peut les conduire à aller au-delà des performances minimales demandées. »
Pour connaître le rôle de l'enduit sur la tenue au feu des maçonneries de blocs de béton, l'UMGO-FFB a pris l'initiative de commander au Cerib une série d'essais qui ont été réalisés au 1er semestre 2018 dans le cadre du Programme recherche développement métiers de la FFB, en cofinancement avec les industriels du secteur. Ces essais visent à appréhender le comportement et évaluer les critères de performances « Étanchéité (E) » et « Isolation thermique (I) » de murs non porteurs enduits soumis à un incendie, en prenant en compte les configurations les plus courantes : blocs en béton de dimensions communes, creux avec 2 rangées et 6 alvéoles, hauteurs des murs de 4 et 6 m, enduction sur une ou deux faces. Ils ont été réalisés avec 8 enduits présents sur le marché, sélectionnés par l'UMGO-FFB et le SNMI(2), sur les faces exposées au feu et sur les faces non exposées, avec dans chaque cas des épaisseurs d'enduit de 10 mm, et une mise en œuvre conforme au NF DTU 26.1 « Travaux d'enduits de mortier ». À l'issue des essais et de leur analyse, les enduits les plus pénalisants ont été sélectionnés. Une extrapolation des résultats constatés à l'aide d'un modèle numérique permettra de connaître la tenue au feu de tous les types de blocs béton enduits.
Les premiers résultats obtenus montrent que, dans tous les cas, l'enduction augmente la tenue au feu des maçonneries. « Nous attendons beaucoup de ce programme qui va nous permettre d'optimiser les ouvrages, de réduire nos coûts de construction en utilisant la juste épaisseur exigée, et d'obtenir ainsi plus aisément les validations des bureaux de contrôle », ajoute Anne-Marie Vial. Les résultats des essais seront connus fin 2018 et devraient permettre de compléter utilement la fiche 130 du Cerib au 1er semestre 2019.
(1) Centre d'études et de recherches de l'industrie du béton.
(2) Syndicat national des mortiers industriels.