L’alimentation d’un chantier d’isolation en plaques de plâtre se fait généralement de façon manuelle, par des compagnons qui portent régulièrement les plaques une à une depuis l’entrée du bâtiment jusqu’à la façade à isoler, où elles sont déposées au sol avant d’être reprises pour être mises en œuvre. Une façon de faire qui était loin de satisfaire Manuel Bravo, dirigeant de Lozère Isolation, une entreprise qui emploie une quinzaine de salariés à Mende (Lozère). « C’est épuisant de déplacer ainsi des plaques techniques, qui peuvent peser de 30 à 50 kg. Répétée à longueur de journée, c’est une tâche qui finit par user les organismes et provoquer des troubles musculo-squelettiques, débouchant tôt ou tard sur des arrêts de travail », explique-t-il.
En cherchant une solution à cette problématique, le chef d’entreprise a découvert le concept proposé par un fabricant du nord de l’Europe : un portique métallique sur lequel on empile les plaques de plâtre, qui est déposé par des moyens mécaniques – grue, manitou – sur un chariot à roues directrices situé à l’entrée de chaque niveau. Ce chariot lève-plaques permet ensuite d’acheminer les plaques de plâtre en tout point du chantier, et de les déposer sur des tréteaux, afin de pouvoir travailler à hauteur. « Le premier point fort de ce système est d’améliorer considérablement l’ergonomie du poste de travail, ajoute le dirigeant. Les compagnons ne font plus d’efforts inutiles pour porter les plaques de plâtre ni se baisser jusqu’au sol pour les redresser. » La Carsat a d’ailleurs salué cette solution, de même que l’OPPBTP. Cet organisme dont la mission est la prévention des accidents de travail et la promotion des bonnes pratiques en a fait une vidéo de sensibilisation accessible à tous en ligne(1).
Cette solution présente aussi l’avantage d’améliorer la productivité du chantier, puisque « c’est le système qui soulève, roule et porte ». Grâce à elle en effet, deux compagnons seulement peuvent suffire pour alimenter le chantier avec une vingtaine, voire une trentaine de palettes complètes par jour, aussi bien en maison individuelle, en passant par la porte, qu’en bâtiment collectif ou ERP, en utilisant les ouvertures qui se situent aux différents niveaux. La solution du portique qu’on vient poser sur le chariot permet aussi de travailler en intérieur, et donc d’éviter la réception parfois acrobatique des plaques depuis les fourches de la grue, même en étant équipé de harnais, ce qui correspond à un gain de sécurité, en réduisant les risques de chute en hauteur.
Enfin, au moment où le secteur du bâtiment peine à recruter, un tel dispositif permet de donner une image plus moderne, plus technique, et donc de renforcer l’attractivité des métiers du plâtre et de l’isolation. « J’invite mes confrères à s’y intéresser et à franchir le pas de cet investissement qui sera vite rentabilisé, et qui est un avantage concurrentiel en permettant de gagner du temps, conclut Manuel Bravo. Il est aussi un moyen de fidéliser les compagnons, qui pour rien au monde ne reviendraient en arrière, et de leur permettre de se concentrer sur la mise en œuvre des complexes d’isolation, les tâches à valeur ajoutée qui font la noblesse de nos métiers. »
Les énormes besoins en matière de rénovation énergétique, porteurs à moyen et long terme pour les entreprises de l’isolation, sont un argument supplémentaire pour faire évoluer leurs métiers vers plus d’ergonomie et de productivité.