Hervé Damevin,
dirigeant de l’entreprise CFA à La Ravoire
(Savoie).
« Sur 80 % de nos chantiers, le polyuréthane projeté nous permet de réaliser deux opérations en une : le ravoirage et l’isolation thermique. »
Des changements importants se profilent pour les professionnels qui réalisent des chapes fluides, en passe de devenir une profession à part entière. Anticipant la fin des Avis techniques en 20221, qui ont encadré jusqu’à présent leur mise en œuvre, l’Union nationale des entrepreneurs carreleurs, chapistes et projeteurs de polyuréthane (UNECP-FFB) a pris l’initiative de créer début 2020 une commission Chapes, qui a pour fonction de mettre en place des actions de défense des intérêts de ce métier au plan national. Cette commission se voit attribuer trois missions principales : la formation, la communication et la technique.
« Avec la fin du régime des Avis techniques des chapes fluides ciment et anhydrite, il y a un risque que tout le monde se mette à faire de la chape liquide, sans encadrement de la mise en œuvre et sans contrôle de la qualité », réagit Hervé Damevin, membre de la commission et dirigeant de l’entreprise CFA spécialisée dans les chapes liquides, qui emploie 23 salariés à La Ravoire près de Chambéry (Savoie). « Nous attendons de la commission qu’elle établisse une vraie reconnaissance de notre profession », plaide-t-il. Ses travaux porteront notamment sur la création d’un référentiel de formation, de préférence dispensée dans les centres de formation des apprentis (CFA), associé à un titre professionnel de chapiste qui n’existe pas à l’heure actuelle, et sur l’élaboration d’un texte technique de mise en œuvre qui pourra prendre la forme de règles professionnelles, créant un tronc commun à toutes les techniques existantes et qui feront entrer la chape fluide dans le domaine traditionnel.
La chape fluide est un ouvrage technique, réalisé à partir d’un béton fluide obtenu par un dosage rigoureux des composants et différentes méthodes de malaxage, soit en centrale à béton avec livraison par camion toupie, soit avec une centrale mobile ou un silo malaxeur, ces deux derniers procédés se déroulant sur le chantier. « Les travaux de la commission donneront à chacun son rôle : l’industriel qui fabrique, l’applicateur qui réalise le chantier, et le chef d’entreprise qui forme ses compagnons et choisit la bonne mise en œuvre », ajoute Hervé Damevin. Un procédé est de plus en plus souvent associé à la chape fluide : le polyuréthane projeté. Les deux savoir-faire sont souvent maîtrisés au sein d’une même entreprise : « Sur 80 % de nos chantiers, le polyuréthane projeté nous permet de réaliser deux opérations en une : le ravoirage et l’isolation thermique, explique le chef d’entreprise. En petit collectif, nous appliquons ensuite un isolant acoustique, avant de couler la chape fluide qui permet d’enrober les éléments du plancher chauffant et sert de support au revêtement de sol. » Obtenu par projection du mélange de deux composants créant une pellicule qui s’expanse pour former la couche isolante, le polyuréthane projeté répond aussi par sa légèreté aux impératifs de réhabilitation des planchers dans l’habitat ancien.
Le travail de la nouvelle commission Chapes renforcera donc la capacité des entreprises spécialisées dans le carrelage, les chapes et le polyuréthane projeté à proposer des solutions à la fois productives et conformes à la réglementation thermique et aux règles de l’art.
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La Commission chargée de formuler les avis techniques (CCFAT) a pris la double décision, concernant les chapes fluides, de ne plus accepter les nouvelles demandes d’Avis techniques au 31 décembre 2021, et d’annuler ceux en cours au 31 décembre 2022.