L’un des derniers moulins à vent du Bergeracois, qui en a compté plus de cent cinquante au XIXe siècle, fonctionnera bientôt comme à ses plus beaux jours. Situé sur la commune de Sadillac (Dordogne), le moulin de Citole, édifié en 1765, fait l’objet d’une réhabilitation complète, comprenant couverture, roue et ailettes, mécanisme de mouture, sans oublier l’ensemble de la maçonnerie et les planchers. Maître d’ouvrage du projet, la communauté de communes Portes Sud du Périgord a obtenu le soutien de l’État et du département. « Avant le commencement des travaux, il ne restait pratiquement que le fût du moulin, le toit n’existait plus, l’intérieur était ouvert aux quatre vents et à la pluie », raconte Florent Guy, dirigeant de l’entreprise de maçonnerie éponyme, spécialisée dans la rénovation du bâti ancien, qui emploie quarante salariés au Buisson-de-Cadouin (Dordogne). Passionné par le patrimoine ancien et pleinement convaincu par le projet, le chef d’entreprise avait déjà donné son accord avant d’avoir vu le bâtiment.
L’entreprise de maçonnerie a pris en charge le remaillage complet de l’intérieur des murs, bâtis avec une pierre calcaire locale, ainsi qu’un ravalement complet de l’extérieur. « Nous avons remplacé à l’identique toutes les pierres qui étaient gelées et en train de s’effriter, menaçant de tomber et de fragiliser la structure, précise l’entrepreneur. La reconstruction et le rejointoiement ont été effectués à 100 % avec de la chaux naturelle NHL 5, comme on le faisait à l’époque. »
Autres travaux de réhabilitation, la ceinture périphérique en pierre a été restaurée pour pouvoir accueillir la charpente avec le mécanisme de mouture, tandis que les linteaux en pierre de taille ont été conservés et consolidés en utilisant un système d’agrafes en inox et des mortiers de réparation à la chaux. À l’intérieur du fût, le niveau intermédiaire qui avait été détruit par les intempéries a été complètement reconstruit avec un solivage et un plancher en chêne.
« L’important pour ce chantier était de reconstruire en respectant au maximum le mode constructif originel, commente Florent Guy. Je tiens à souligner la position de l’architecte, qui nous a laissé adapter librement le cahier des charges afin de respecter cette fidélité à l’existant. » C’est ainsi que l’utilisation du ciment, un matériau moderne qui bloque la circulation de la vapeur d’eau et empêche les murs de respirer, avec à la clé de possibles désordres, a été clairement proscrite. La seule entorse au bâti traditionnel a été la réalisation d’un plancher en béton ciré au rez-de-chaussée, pour répondre aux sollicitations à venir lors des visites du site.
L’objectif de la communauté de communes Portes Sud du Périgord est en effet de redonner vie au moulin de Citole, en y fabriquant de la farine comme on le faisait jadis, et d’en faire un lieu de visites et d’animations pour le public et les écoles sur le thème de la meunerie et de l’histoire locale. Dans ce but, le moulin recevra un nouveau mécanisme de mouture et une roue complète, abrités par une charpente voligée avec des planches de peuplier, et recouverte non pas de tuiles mais de bardeaux de châtaignier, pour renouer avec un procédé de couverture courant au XVIIIe siècle et respectueux de l’environnement.
À sa remise en service prévue au printemps 2023, il ne reste plus qu’à souhaiter bon vent au moulin de Citole pour sa nouvelle vie.
©Philippe Apard