Maison Thiénot - Une métamorphose monumentale

C’est un béton de classe CEM III bas carbone qui a finalement été retenu. Initialement, le souhait était d’avoir un béton lisse, mais le calepinage des joints de contreplaqué était apparent. En conséquence, l’ouvrage a été coulé dans un moule unique de planchettes en bois, dont les motifs se sont imprimés sur la matière. Plusieurs phases ont été nécessaires pour le réaliser :

1. descendre toute l’enveloppe par passes alternées en béton projeté avec raccordements sur les caves existantes ;
2. monter des prémurs, planchers et estrades pour les futures cuves ;
3. poser une plateforme d’étaiement ;
4. réaliser un coffrage en bois, habillé de planchettes brossées. Contrainte supplémentaire, la coupole a dû être suspendue à de grosses poutres butons – un jardin, avec une lourde charge de terre, ayant été aménagé au-dessus.

La réhabilitation des caves a constitué l’autre grand défi technique. Il s’agissait de démolir la cave intermédiaire pour retrouver et mettre en valeur le portique du xiiie siècle… le tout dans une arrière-cour, avec un accès très restreint. « Nous ne pouvions pas utiliser de grosses machines et de vrais pieux. Nous avons dû réaliser un sarcophage autour de micropieux sécants pour pouvoir reprendre les poussées de terre », détaille Olivier Bentz.

Et ce n’est pas tout : le cloître central a été équipé de doubles murs en pierre massive, avec isolation par l’extérieur ; sans oublier un escalier en pierre hélicoïdal, en voûte sarrasine de 14 m de haut, desservant cinq niveaux, pour lequel Le Bâtiment Associé a utilisé une découpeuse spécifique.

Ce projet de taille, qui aura mobilisé quinze personnes en continu et nécessité une triple expertise béton, bois et pierre, a réussi à atteindre son objectif : valoriser le patrimoine en jouant sur les matériaux nobles, tout en lui apportant une touche de modernité. La livraison est attendue en 2025, à l’occasion des quarante ans de la Maison Thiénot.