Musée Dobrée - Sept chantiers simultanés pour faire revivre un patrimoine historique

Situé en plein cœur de Nantes, le musée Dobrée a été entièrement rénové pendant deux ans par Bouygues Bâtiment Grand Ouest. Retour sur les nombreux défis techniques de ce chantier majeur.
10:0716/12/2024
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Bâtimétiers Numéro 77 | décembre 2024

C’est dans un écrin rénové que le nouveau musée départemental Dobrée réunit un ensemble éclectique de collections témoignant de 500 000 ans d’histoire, dont celle de Thomas Dobrée, le grand collectionneur nantais du xixe siècle à l’origine de l’institution.

 

Il aura fallu vingt-six mois de travaux et sept chantiers menés simultanément pour faire revivre ce patrimoine historique unique, fermé au public depuis dix ans : le palais Dobrée (xixe siècle) édifié par Thomas Dobrée lui-même, le manoir de la Touche (xve siècle), le bâtiment d’accueil datant des années 1970 et anciennement appelé « bâtiment Voltaire », auxquels s’ajoutent les nouvelles galeries techniques souterraines reliant ces trois bâtiments, les deux extensions neuves du manoir et du bâtiment d’accueil, et enfin les aménagements extérieurs repensés pour devenir de nouveaux jardins ouverts sur la ville.

 

« Nous devions constituer un volume unique pour le musée afin de mettre en communication les trois bâtiments, tout en réhabilitant entièrement les bâtiments existants et en construisant du neuf. Tous ces chantiers exigeaient une technicité spécifique, notamment en raison des contraintes liées aux différentes époques de construction. Nous avons donc dû faire appel à une soixantaine d’entreprises spécialisées dans différents métiers », explique Jacques Larrignon, directeur commercial de Bouygues Bâtiment Grand Ouest (Nantes), qui a mené l’ensemble des travaux.

 

 

« Nous avons utilisé à la fois des techniques datant de l’époque romaine pour les maçonneries à l’ancienne, avec l’utilisation de la chaux et du sable, et des techniques de calcul très modernes pour vérifier les dilatations différentielles entre les différents matériaux des éléments finis. C’était l’un des grands intérêts de ce chantier », ajoute Arnaud Lecot, responsable du chantier pour Bouygues Bâtiment Grand Ouest.

Tous ces chantiers exigeaient une technicité spécifique, notamment en raison des contraintes liées aux différentes époques de construction

JacquesLarrignon, directeur commercial de Bouygues Bâtiment Grand Ouest(Nantes)

Le respect de techniques ancestrales

 
Le département de Loire-Atlantique a investi 50 millions d’euros dans cette rénovation colossale aux multiples défis techniques, à commencer par la restauration des toitures du manoir et du palais, réalisée avec un architecte du patrimoine.
 

 

 
Les couvertures en tuiles, ardoises clouées, cuivre à joint debout et pierre ont été entièrement reprises à l’identique dans le respect des techniques ancestrales. Les façades des bâtiments ont été rénovées avec un nettoyage minutieux des pierres, des travaux de rejointoiement réalisés à la chaux et des réparations ciblées qui ont permis de préserver les vestiges de la Seconde Guerre mondiale, comme les impacts de balles et les éclats d’obus, afin de perpétuer la mémoire collective.

 

 
 
Autre défi de taille : construire des infrastructures totalement étanches dans le bâtiment Voltaire neuf. En effet, ce nouveau bâtiment central, rattaché au palais, au manoir et au bâtiment Voltaire ancien, contient les précieuses réserves d’œuvres du musée.
 

 

« Nous avons dû réaliser un cuvelage 100 % étanche sur les parties de gros œuvre enterrées. Cette opération demande une vigilance particulière, puisqu’il faut raccorder des ouvrages de gros œuvre neufs sur des ouvrages anciens avec du béton en traitant les joints de dilatation pour les rendre étanches », souligne Arnaud Lecot. Le renforcement des quatre-vingts poteaux du bâtiment Voltaire, construit dans les années 1970 a représenté un challenge supplémentaire.

 

Pour y répondre, Bouygues Bâtiment Grand Ouest a fait preuve d’innovation dans la phase de diagnostic. « Dans le cadre de la déconstruction, nous avons mis au jour les structures originelles qui étaient de mauvaise qualité, avec de vrais points de faiblesse. Nous avons localisé les armatures métalliques dans le béton existant grâce à des détecteurs Ferroscan.

 

Cela nous a permis de mettre en place divers procédés pour renforcer les structures, notamment par l’utilisation de coffrages et de contre-poteaux, afin d’améliorer à la fois leur stabilité intrinsèque et leur résistance au feu », précise Arnaud Lecot. Enfin, le palais Dobrée a fait l’objet d’une reprise en sous-œuvre visant à descendre les fondations d’un niveau dans le but de créer une cage d’ascenseur.

 

« Il a fallu descendre à plus de 4,5 m, ce qui a nécessité une vigilance extrême car le sol du musée est principalement composé de schiste, une roche qui a tendance à se déliter. Le grand défi, c’était d’optimiser les reprises en sous-œuvre en prenant en compte la faiblesse de la structure », ajoute le responsable du chantier. Le musée Dobrée a rouvert ses portes au public le 28 mai 2024.


Le grand défi était d’optimiser les reprises en sous-œuvre en prenant en compte la faiblesse de la structure.

Arnaud Lecot, responsable du chantier pour Bouygues Bâtiment GrandOuest.

Le respect de la biodiversité au cœur du projet de restauration

 

La construction et la rénovation d’un bâtiment ont de multiples impacts sur la biodiversité et les écosystèmes naturels. Pour répondre à cet enjeu environnemental, un écologue a été mandaté en 2022 pour réaliser une étude faunistique et écologique du site du musée Dobrée.

 

La présence de martinets noirs nichant dans les trous des façades de la tour du palais Dobrée a ainsi été révélée, ainsi que la présence potentielle d’autres espèces comme les rouges-queues noirs ou les moineaux domestiques. En collaboration avec la maîtrise d’œuvre, des mesures ont ensuite été mises en place pour protéger et accueillir ces espèces protégées, aussi bien pendant la phase de chantier que durant l’exploitation du site.

 

« Au xixe siècle, Thomas Dobrée avait laissé des trous dans les murs du palais pour pouvoir accueillir des oiseaux. La plupart des nids étaient situés dans la tour. Nous avons donc ajusté le planning des travaux de façade, notamment l’hydrogommage des sculptures en granit, en fonction des périodes de nidification des martinets qui sont une espèce protégée », indique Arnaud Lecot, responsable du chantier pour Bouygues Bâtiment Grand Ouest.

 

Le rebouchage des trous de « meurtrières » sur la tour et le palais est désormais strictement interdit afin d’éviter toute destruction de nids issus d’espèces protégées et, pourquoi pas, d’encourager un renforcement de la biodiversité.

Les acteurs du projet

  • Maître d’ouvrage : département de Loire-Atlantique
  • Entreprise générale : Bouygues Bâtiment Grand Ouest
  • Architecte : Atelier Novembre
  • Architecte du patrimoine : Philippe Donjerkovic
  • Scénographe : Studio Adeline Rispal
  • Paysagiste : Moabi

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