Employés dans des marchés plus ou moins haut de gamme, les lambris en panneaux, à savoir les habillages muraux ou de plafonds en panneaux à base de bois, allient performance acoustique et qualité esthétique. Mais dans les bâtiments de type IGH, ERP, habitat collectif ou bureaux, leur mise en œuvre se heurte systématiquement à l’écueil de la réglementation incendie et du fameux « PV feu », en réaction ou en résistance. Ce dernier permet de prouver leur comportement au feu selon des normes d’essais européennes (Euroclasses notamment) et doit en effet être présenté au maître d’ouvrage pour justifier de leur performance incendie dans chacun de ces cas.
Or les PV feu fournis par les fabricants, quand ils existent, ce qui n’est pas toujours le cas au regard du marché européen, concernent uniquement certains panneaux et ne correspondent pas toujours aux configurations techniques rencontrées sur les projets : perforations particulières pour l’acoustique, configuration géométrique pour l’esthétique, type de plaquage (massif, mélaminé, stratifié), de finition, d’ossature porteuse, d’isolant utilisé, application sur mur ou sur plafond, assemblage particulier, jonction… Dès lors, pour tenir compte de toutes ces conditions spécifiques, les organismes de contrôle missionnés sur les chantiers demandent souvent à l’entrepreneur de leur fournir un rapport d’essai privé ou un avis de chantier d’un laboratoire feu agréé par le ministère de l’Intérieur, afin de compléter et valider le comportement au feu du panneau mis en œuvre. Cet avis de chantier s’appuie sur l’analyse d’un dossier technique impérativement basé sur un PV feu existant (comme celui du panneau) puis étayé par des données complémentaires (classement du revêtement ou de l’isolant), voire éventuellement sur des résultats de simulation numérique comme les études ISI (Ingénierie sécurité incendie)... Autant dire que la procédure est coûteuse et peut s’avérer chronophage même si elle est souvent utilisée. Si bien que de nombreux architectes peuvent être réticents à l’idée de répondre à des marchés faisant appel à ce type de panneaux acoustiques à base de bois.
Pour leur faciliter les démarches, démocratiser l’emploi de ces produits en aménagement intérieur tout en favorisant leur fabrication par les professionnels (les perforations spécifiques peuvent être réalisées à la commande numérique), une large campagne d’essais a donc été réalisée avec des menuisiers‑agenceurs de la FFB, quelques fabricants français de panneaux à base de bois et le CSTB, laboratoire de résistance au feu agréé par le ministère de l’Intérieur (comme Efectis et Cerib). Son objectif : pouvoir publier à terme une collection de PV feu génériques basés sur des rapports d’essais feu correspondant au maximum de configurations rencontrées sur le terrain, tout en respectant la réglementation incendie. Après plusieurs essais menés par le CSTB sur une période de plusieurs années, l’ambitieux objectif a été globalement atteint.
Cerise sur le gâteau : les configurations testées incluent la possibilité d’intégrer des isolants biosourcés, une classe de matériaux favorisée par la nouvelle RE 2020, mais qui, a contrario des matériaux isolants traditionnels (laine de roche, laine de verre), n’est pas incombustible.