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Papier peint à la planche et autres savoir-faire anciens : une restauration de haute tradition
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Du peint sur la planche
« C’était la première fois que je réalisais un chantier aux supports aussi délabrés », poursuit Damien Berton. Il dépose 8 t de plâtre des 1.200 m2 de murs et 600 m2 de plafonds qu’il doit traiter. Mais avec une bonne surprise : « Sous les toiles tendues, nous avons retrouvé un mur intact avec un papier peint de 1856, soit deux ans après la construction du pavillon du Plessis, s’émerveille encore l’artisan.
Pour conserver le dessin et le revêtement devenus fragiles, nous avons décollé le plâtre de la pierre pour l’apporter à l’Atelier d’Offard, qui a reproduit le motif d’époque. » Ce fabricant de papiers peints panoramiques installé à Tours (Indre-et-Loire) a réhabilité les savoir-faire des papiers peints à la planche des grandes manufactures des xviiie et xixe siècles.
« Je connais bien cette maison car elle m’avait fait mon papier peint lorsque j’ai passé mon titre de MOF, poursuit Damien Berton. Cette relation a aussi joué lors du choix de mon entreprise pour restaurer le château, car j’ai fait valoir mon niveau de connaissance dans cette technique de pose de papier à la planche qui n’est pas ordinaire. »
Et fastidieuse, puisqu’il a collé à lui seul les 33 rouleaux à la planche de 10 m chacun, soit plus de 300 m de long dans la cage d’escalier, l’entrée ou encore le vestibule du Petit Château, qui a retrouvé son motif de 1856.
Un autre papier à la planche de l’Atelier d’Offard a habillé la salle de billard où, relate le jeune entrepreneur, « par contrainte de budget, un motif déjà reproduit d’un grand théâtre en Espagne de couleur rouge a été choisi. Il s’harmonisait avec le style néogothique du château ».
MOF : La clé pour accéder au patrimoine
Berton Concept travaille à 70 % pour des monuments historiques, et à 30 % pour des particuliers. « Nous sommes tellement sollicités que je refuse les demandes », regrette le peintre, qui a fait des techniques à l’ancienne un savoir-faire, « de manière indirecte », précise-t-il.
Et d’expliquer : « Après avoir obtenu mon titre de MOF en 2019, j’ai rencontré l’entreprise de menuiserie Guérin Frères, à Pouzay (Indre-et-Loire), avec laquelle je travaille en binôme depuis. Elle m’a embarqué dans l’aventure des monuments historiques. Sans mon titre de MOF, je n’aurais pas pu y accéder, mais il faut quand même faire la démonstration de ses connaissances. »
La passion de son métier chevillée au corps depuis l’âge de 15 ans, l’artisan rencontre un architecte, puis deux, puis trois, et se fait vite connaître. « Sur ce type de chantier, il faut trouver des plâtriers pour reproduire des corniches. Or, dans mon secteur, il n’y en a plus.
J’ai donc appris et acquis aussi une notoriété sur tout ce qui est support plâtre. » « Les techniques se perfectionnent avec l’expérience, mais je continue de questionner les anciens pour m’enrichir », conclut cet autodidacte engagé pour la valorisation des savoir-faire d’excellence en tant que vice-président du jury pour le titre de MOF, ainsi que membre du jury des WorldSkills dans la catégorie « Peinture intérieure ».
Maîtriser le poids de l’eau sur le lé
Très fragiles, ces papiers peints à la planche se mettent en œuvre selon les règles d’antan. « La couleur est obtenue avec de la colle de peau de lapin et des pigments naturels, décrit Damien Berton. Ce revêtement nécessite d’être détrempé pour s’élargir d’environ 1 cm car chaque lé est posé avec un recouvrement de 5 mm à émarger.
Pour le mouiller, c’est tout un art.
La maîtrise de son élargissement se vérifie au toucher : si le papier reste rêche, il faut le réhumidifier légèrement. » Alourdi alors par le poids de l’eau, il en devient encore plus fragile. « Pour éviter de l’essuyer, le support est encollé directement.
Cette technique particulière demande une certaine dextérité », ajoute l’artisan, en soulignant la quantité de papier peint à la planche posée sur ce chantier, qui reste rare, comme celle d’intissé dans d’autres pièces : « Plus de 320 rouleaux ont été appliqués, ce n’est pas commun. »
Plâtre à la règle et menuiseries restaurées
Les seuls espaces qui ont été peints sont les cages des escaliers de service et les deux cuisines, « dont les murs très fissurés ont nécessité une préparation importante », précise Damien Berton. Cette fois accompagné d’un compagnon pour traiter les 55 m2, il pose une toile lisse pour faire tenir le support.
« Ce chantier a été très varié. Nous avons aussi tiré le plâtre à la règle sur les 1.200 m2 de supports, restauré les dorures des boiseries du grand salon, repris les peintures de la grande marquise extérieure pour lui rendre sa teinte d’origine, comme celle des 35 fenêtres et des volets.
La couleur est obtenue avec de la colle de peau de lapin et des pigments naturels.
Avoir contribué à restituer la superbe de ce château qui était en lambeaux est vraiment gratifiant. » Mais Damien Berton a un regret, « l’important retard accumulé. Quand j’ai pris ce chantier j’avais promis à la maîtrise d’ouvrage et à la maîtrise d’œuvre que je trouverais du personnel qualifié pour m’épauler ».
Après deux ans de restauration et alors que le chantier est clos depuis septembre dernier, il est encore en train de chercher.
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