La nouvelle réglementation environnementale s’applique déjà aux bâtiments à usage d’habitation et aux bureaux et bâtiments d’enseignement(1), et concernera bientôt les extensions et constructions temporaires(2). Renforçant les exigences énergétiques, environnementales et thermiques qui sont désormais évaluées par un bureau d’études en amont du dépôt de permis de construire, elle opte pour le calcul de l’analyse de cycle de vie (ACV) dynamique afin d’estimer les émissions de gaz à effet de serre produites depuis l’extraction de la matière première jusqu’à la déconstruction des bâtiments. Elle privilégie ainsi l’usage de matériaux biosourcés (bois, chanvre, liège) dans le but de construire des bâtiments bas carbone tout en garantissant une mixité des matériaux. Tous les acteurs du bâtiment doivent donc se réinventer et faire appel à de nouveaux modes de construction et de production, que ce soit en atelier ou sur chantier.
Jusqu’à présent, les métalliers fixaient majoritairement leurs ouvrages sur des supports rigides, à l’instar du béton ou de l’acier. Désormais, ils vont devoir apprivoiser un matériau qui nécessite de nouveaux assemblages et de nouvelles techniques. Le bois ne possède pas les mêmes propriétés mécaniques. En effet, il est particulièrement ductile et ses propriétés physiques évoluent selon le sens des fibres. Il est également compressible et les platines de fixation peuvent s’y enfoncer, sous l’effet des contraintes, dans ce matériau. « C’est pourquoi il est important que les métalliers prennent le temps, et ceci dès la conception, de bien s’approprier ce matériau qui entraîne de nouveaux calculs et nécessite des assemblages différents », explique Rémi Ghanem, référent national Constructions métalliques chez Wurth France, à Erstein (Bas-Rhin). En effet, pour garantir la pérennité d’une construction en bois, le choix de l’assemblage doit tenir compte de différents paramètres comme le type et l’intensité du chargement auquel il sera soumis afin de transmettre différents efforts selon les cas (compression, traction, cisaillement, flexion, etc.), la stabilité dimensionnelle, la résistance à la dégradation, le comportement au feu ou encore la facilité de mise en œuvre.
Par ailleurs, les vis pour supports bois doivent permettre de réaliser des assemblages pour des applications sécuritaires et structurales, et relèvent donc d’un cadre normatif complet. Elles doivent a minima posséder le marquage CE attribué selon la norme NF EN 14592. Ainsi, selon la NF EN 1995-1-1, elles peuvent être justifiées dans les bois résineux (sans préperçage jusqu’à 6 mm de diamètre) et les feuillus mais, pour ces derniers, nécessitent de prépercer afin d’y mettre des vis à bois. Certaines gammes de vis disposent en complément d’un agrément technique européen (ATE), pouvant permettre de justifier les vis sur d’autres types de bois (CLT, LVL et lamellé-collé), utilisés pour les structures moyennes à grosses.
« Le monde des métalliers va énormément évoluer, explique Rémi Ghanem, mais la bonne nouvelle, c’est qu’il existe déjà les compétences, les produits, les normes et les outils de calcul. Il suffit de se les approprier. » Si les métalliers possèdent souvent des bureaux d’études internes, ils sont très peu à détenir une ingénierie sur les assemblages bois. Ils peuvent donc faire appel au support technique de leurs fournisseurs qui proposent pour la plupart des documents techniques, des logiciels et des ingénieurs dédiés aux assemblages bois. Certains organisent même des formations sur mesure certifiées Qualiopi. Il existe aussi de nombreux bureaux d’études bois qui ont l’habitude de manier les deux matériaux, puisque la très grande majorité des assemblages des structures bois est réalisée en métal.
(1) Depuis le 1er janvier 2022.
(2) En janvier 2023.
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