Pour les ouvrages complexes, il est souvent très difficile voire impossible de respecter strictement les mesures descriptives des textes réglementaires français en matière de sécurité incendie, et il est alors nécessaire d’avoir recours à une approche ISI (ingénierie de la sécurité incendie) basée sur une analyse des risques réels des ouvrages.
Une telle approche, dite « performantielle », consiste à identifier les objectifs de sécurité à atteindre puis à estimer les dangers potentiels d’incendie et les conditions de développement probables du feu, et enfin à évaluer si les mesures de protection prévues dans la conception projetée permettront d’offrir le niveau de sécurité recherché.
Cette démarche nécessite une plus grande maîtrise des domaines de compétence en matière de physique du feu (développement et propagation d’incendie ainsi que ses effets), de comportement humain et de comportement structural à température élevée, mais elle permet de s’affranchir des limites de la réglementation descriptive et apporte une meilleure adéquation des mesures de protection et de prévention aux dangers réellement encourus, laissant ainsi la créativité et l’optimisation mieux s’exprimer.
Les études de conception conduisent ainsi bien souvent à des économies substantielles au niveau de la construction, tout en apportant le niveau de sécurité désiré.
L’ingénierie de la sécurité incendie répond à la nécessité de reproduire ce qui se passera dans un local, ou un compartiment, avec un feu réel. Toute cette approche est fondée sur un point sensible : la définition des scénarios d’incendie.
De nombreux paramètres entrent en ligne de compte. Quelle est l’origine du feu ? Les possibilités sont multiples : les appareils électriques, un feu intentionnel, un mégot de cigarette dans la poubelle… Ensuite, quels seront les matériaux combustibles présents, en quelle quantité, de quelle nature ? Quel sera l’état de fermeture des portes et fenêtres, qui conditionnera la disponibilité en oxygène, etc. Les règles sont nombreuses, mais c’est le cas pour toutes les règles de dimensionnement des constructions comme pour la résistance d’un bâtiment aux surcharges d’exploitation, à la neige, au vent…
Cependant, au vu des mesures prises dans les arrêtés français encadrant les ouvertures en ingénierie incendie, l’approche reste très fiable puisque les scénarios d’incendies doivent être validés par les autorités compétentes, dont les pompiers. Toutefois, si le recours à une ingénierie de la tenue au feu ou du désenfumage est possible, l’ingénierie de l’évacuation des personnes, pourtant essentielle, n’est pas encore officiellement autorisée.
Cette question est désormais encadrée par des textes réglementaires. Depuis 2005, les études d’ingénierie de la sécurité incendie dans les constructions sont maintenant des objets matures. Elles ne sont plus aujourd’hui réservées aux projets de grande envergure. Le nombre d’organismes reconnus compétents est passé de deux à sept, notamment en désenfumage, et il est probable que ce nombre va encore croître.
Les outils de calcul numérique ont beaucoup évolué et permettent maintenant une précision et une valeur ajoutée fortes, dès lors que leur emploi est fait avec doigté et que les scénarios choisis sont pertinents. Les maîtres d’ouvrage et maîtres d’œuvre trouveront dans le guide Irabois une clarification du rôle et des responsabilités de chacun, ainsi qu’une explication par des experts reconnus de cette ingénierie de la sécurité qui permet d’évaluer les risques d’incendie et permettre une nouvelle vision sur les techniques de construction, par exemple en matériaux biosourcés.