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- Restauration du patrimoine
Réhabilitation de la ferme du Breuil : la métamorphose d'un site
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Allier tradition et modernité
Ce chantier complexe comprend plusieurs volets : la réhabilitation lourde de l’existant (charpente, toiture, dalle porteuse, réfection des fondations et des poteaux, etc.) y compris du colombier, la refonte des réseaux intérieurs (électricité, fluides, chauffage, etc.), l’extension des bâtiments et enfin des aménagements extérieurs et paysagers. « Ce chantier est atypique car il demande des équipes pluridisciplinaires capables de passer de la réhabilitation à la construction neuve dans la même semaine.
C’est très particulier et cela exige des compétences variées », souligne Magali Legoupil, directrice générale de l’entreprise SEEL Laugeois, située à Saint-Désir (Calvados). La ferme étant dans un état d’abandon total, les fissures présentes sur les deux bâtiments ont exigé une consolidation préalable avec des techniques de renforcement spécifiques, comme des injections de mousse de polyuréthane pour stabiliser les fondations du bâtiment A.
« Le bâtiment B était encore plus endommagé, avec une structure très affaiblie. Nous avons décidé de ne conserver qu’une seule façade, qui a été stabilisée avec une ossature porteuse, puis une extension a été ajoutée pour héberger une médiathèque. Les extensions et les nouvelles façades ont été construites à partir d’un béton composé de pierres récupérées sur le site, que nous avons fabriqué spécialement. Cela permet de lier les parties contemporaines aux bâtiments patrimoniaux existants, avec des éléments de béton apparents et des façades sculptées pour mettre en valeur les pierres intégrées », explique Flavien Blondel, architecte chez ACAU architectes.
Une gestion rigoureuse des aspects écologiques du chantier
Le site marécageux sur lequel la ferme est située abrite de nombreuses espèces animales protégées, identifiées par l’écologue de l’équipe : grenouille agile, triton palmé, chouette effraie, faucon crécerelle, hirondelle, chauve-souris… L’ensemble du chantier a donc été organisé pour minimiser les perturbations sur l’écosystème. « Le premier enjeu a été de clore soigneusement les zones écologiquement sensibles, comme la mare et les prairies du bocage, pour les protéger à la fois des ouvriers et du public extérieur. Ces espaces vivent en autonomie sans être affectés par les travaux », explique Flavien Blondel.
Les extensions en béton auxquelles la pierre locale est intégrée ont également été dépiquetées afin de créer des cavités sur les façades pouvant servir de refuge pour la petite faune ou de petits abris pour les insectes. Enfin, un partenariat avec l’entreprise de collecte de déchets de chantier Tri & Collect (Calvados) a été mis en place, ce qui a permis d’obtenir treize bennes au lieu d’une benne unique afin de trier et de recycler au maximum les matériaux utilisés.
Une prouesse technique qui a nécessité une méthodologie de démolition spécifique pour conserver un maximum de pierres en vue de les réinjecter dans les façades existantes et les extensions. « C’était un travail de longue haleine, confirme Mickaël Brault, directeur de travaux chez SEEL Laugeois. Nous avons dû adapter la formule du béton pour qu’il se place correctement autour des pierres. Une fois qu’il a été décoffré, l’un de nos chefs d’équipe est intervenu avec un marteau-piqueur pour piqueter le mur afin de faire ressortir la pierre. Nous avons également utilisé un exosquelette pour réduire la pénibilité des tâches.
Le vrai défi était de réaliser un ouvrage en une seule phase là où, habituellement, cela se fait en deux temps. Chaque aspect a été minutieusement testé, de la granulométrie du béton aux techniques de finition, ce qui a exigé beaucoup de prototypes et d’échanges avec l’architecte. » Ceci, afin de respecter au maximum l’âme des lieux. « Les premiers échantillons étaient satisfaisants, mais ils contenaient trop de gravier. Nous avons donc réduit la granulométrie pour obtenir une teinte du béton plus proche de celle du site », précise Quentin Moreira, conducteur de travaux chez SEEL Laugeois.
Une zone marécageuse
Autre grand défi : le chantier se situe dans un marécage avec une nappe phréatique très proche de la surface. Lors des périodes pluvieuses, l’eau remonte au niveau du terrain, ce qui complique le passage des réseaux et les travaux d’infrastructure. « Pour gérer cette remontée d’eau, des noues paysagères ont été mises en place pour créer des espaces tampons et faciliter l’évacuation naturelle par ruissellement.
Bien que le problème soit en grande partie résolu, des finitions restent à faire en fin de chantier pour raccorder définitivement les réseaux », indique Flavien Blondel. La livraison du chantier de la ferme du Breuil est prévue au premier trimestre 2026.
Les acteurs du projet
- Maître d’ouvrage : établissement public foncier de Normandie (EPFN), commune de Mézidon-Vallée-d’Auge, communauté d’agglomération Lisieux-Normandie.
- Équipe de maîtrise d’œuvre : ACAU architectes mandataire, Sogeti ingénierie bâtiment (économie, fluides, électricité, thermique, SSI, VRD), Kube structure (structure), Gamba acoustique (groupe GAMBA), TB&I (OPC).
- Entreprise en charge du gros œuvre et des menuiseries intérieures : SEEL Laugeois.
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