À Rennes, une restauration de haut vol

Les Portes Mordelaises font partie du patrimoine de la ville. Grâce à son savoir-faire en taille de pierre et maçonnerie, l’entreprise Joubrel les a remises en valeur. Un chantier ambitieux et complexe.
13:1205/03/2025
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Bâtimétiers Numéro 78 | mars 2025

À Rennes, les anciens remparts fortifiés, et notamment les Portes Mordelaises datant du xve siècle, ont fait l’objet d’un chantier de longue haleine commandé par la Ville et piloté par l’entreprise Joubrel. Basée à La Mézière en Ille-et-Vilaine, la société, membre du GMH-FFB, qui est détentrice de plusieurs qualifications Qualibat monuments historiques et patrimoine (2194, 2183, 2111) et compte quarante-cinq salariés, est reconnue dans toute la région pour son savoir-faire sur le patrimoine ancien.

 

Elle est, par exemple, intervenue sur des chantiers de restauration prestigieux comme le Parlement de Bretagne ou le château du Bois Orcan. Ici, les travaux ont été réalisés en deux phases : la première, de 2018 à 2021, a consisté à remplacer les pierres de taille endommagées des tours des Portes Mordelaises, du boulevard d’artillerie et de la muraille antique ; la seconde, de 2023 à 2024, a été centrée sur la restauration des remparts.

 

« Le chantier a présenté deux difficultés majeures : l’une liée à son emplacement en plein centre-ville, avec des accès, des zones d’approvisionnement et de stockage, par définition, limités ; l’autre inhérente à la pose initiale des pierres, en délit, qui a entraîné des dommages et fissures non visibles à l’œil nu – avec pour résultat une estimation de base faussée des volumes à remplacer. Au total, ce sont 40 m3 de pierres en grès qui ont dû être remplacées sur les parements des tours », indique Romain Brégent, président de l’entreprise Joubrel.

 

Ce type de chantier, obligatoirement supervisé par un ACMH (architecte en chef des monuments historiques), doit respecter des règles précises. « Notre objectif premier, en tant qu’entreprise de restauration de monuments historiques, est de redonner vie aux bâtiments, mais que notre intervention passe inaperçue », poursuit Romain Brégent.Plusieurs techniques de restauration ont été mobilisées dans ce but, à commencer par la taille et le remplacement des pierres. L’entreprise Joubrel a réalisé un état des lieux des pierres à changer – c’est la phase dite de « calepinage » ou d’« appareillage » – puis a lancé une commande dans une carrière de grès des Vosges.

 

Elle a ensuite taillé les blocs bruts dans son atelier, avant de les acheminer sur site. Les tailleurs de pierre et maçons ont ensuite déposé délicatement les pierres à changer, étayé les parties supérieures puis reposé et calé les pierres refaites avec des joints refaits comme à l’existant. « Le ciment n’existant pas à l’époque, c’est un mortier, mélange de chaux et de sable, qui est utilisé pour les joints. Cette technique est une autre particularité de ces chantiers de restauration.

 

Dans ce cas de figure, plusieurs essais de convenance ont été réalisés avec des sables différents, et soumis à l’approbation de l’architecte », détaille Romain Brégent. Pour le rempart, l’entreprise a restauré et recréé certaines meurtrières et bouches de tirs, à partir d’un granit de provenance locale. Dans le but de conserver les vestiges des remparts et des parements des tours, elle a eu recours à la technique de la cristallisation : tout ce qui était instable a été purgé et le reste a été consolidé avec du mortier de chaux.

 

Les travaux ont également porté sur la réfection des maçonneries de moellons et leur reprise sur la muraille antique ainsi que sur les parties de rempart. Enfin, les baies géminées ont été retaillées, sous la supervision cette fois d’un architecte des Bâtiments de France.

 

Dans les particularités du projet, on peut noter le partenariat noué avec la Ligue protectrice des oiseaux (LPO) pour recréer des cavités dans les maçonneries des tours et des remparts, afin de favoriser la nidification des martinets, une espèce protégée. Là encore, l’entreprise a dû être force de proposition et de technicité. « Un impératif sur ces chantiers de restauration qui doivent conserver leur patine », conclut Romain Brégent.

Chiffres-clés

  • L’entreprise Joubrel compte 12 tailleurs de pierre, 18 maçons bâti ancien et 7 apprentis.
  • Le chantier a mobilisé entre quatre et huit personnes sur site en permanence.
  • 1 450 pierres ont été changées, soit un volume de 40 m3.
  • 3 200 m2 d’échafaudage.
  • 2 350 m2 de joints à la chaux.
  • 90 m3 de reprise en maçonnerie de moellons.

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