Siège de l’AP-HP - Un bâtiment tertiaire au cœur de l’hôpital

Balcons en ailes d’avion : un défi technique

L’une des grandes forces de ce projet est son design très créatif, récompensé par le prix de l’Équerre d’argent 2022 – catégorie « Lieu d’activité » –, l’un des plus prestigieux en architecture. Il le doit notamment à ses façades incurvées, bordées de balcons en ailes d’avion en béton brut fini, caractérisées par une sous-face qui s’affine entre la façade et l’extrémité, donnant ainsi au bâtiment sa légèreté aérienne.

La réalisation de ces ouvrages complexes a exigé de la part de l’entreprise de construction la mise au point d’un outil de coffrage spécifique et d’une méthodologie innovante. « Nous avons développé avec notre partenaire Omni Projets des coffrages métalliques périmétriques, pour répondre à la géométrie et à la volumétrie spécifique des balcons, précise le directeur d’exploitation en charge de ce projet. Ces coffrages métalliques ont été posés sur des tables et équipés d’un système de décoffrage en translation sur roulement à billes, l’ensemble du coffrage périmétrique étant remonté à chaque niveau. »

Ce design créatif a été la source d’autres complexités. L’épaisseur de béton des « ailes d’avion » n’excédant pas 10 cm en extrémité, il existait un risque d’éclatement au moment du perçage des points de fixation des garde-corps métalliques. La solution a été trouvée sous la forme de gabarits, intégrés aux coffrages, qui ont permis de positionner les douilles aux points de fixation des garde-corps avant le coulage, et d’enjamber ainsi l’étape du perçage, tout en gagnant du temps sur le phasage du chantier – et en réduisant la pénibilité.

Autre adaptation nécessaire, le traitement des ponts thermiques des balcons périmétriques a été obtenu par la mise en œuvre de béton isolant, en lieu et place de rupteurs de ponts thermiques non adaptés à la complexité, au poids et à la profondeur des balcons.

Mur « biodiversitaire » : un pas de plus dans la végétalisation

La signature architecturale du site s’exprime aussi dans une paroi béton vivante qui est le résultat d’une recherche menée au sein de l’agence ChartierDalix, mise au point à l’occasion du projet avec l’entreprise de construction CBC. « Le maître d’ouvrage souhaitait que la paroi béton vivante soit végétalisée dès l’inauguration du bâtiment, ajoute David Fiot.

Plutôt qu’un mur classique en gabions, colonisé par la nature au fil des mois et des années, il a été développé une solution spécifique pour répondre à cette attente. » Techniquement, il s’agit d’un mur vêture préfabriqué dans lequel on a ménagé au moment du coulage des poches vides contenant du substrat destiné à y planter des végétaux, appelés à se développer pour recouvrir toute la surface en béton. Désolidarisé de la structure étanchée du bâtiment par une lame de terre d’une dizaine de centimètres, ce procédé permet de créer une continuité du substrat dans le mur, et une continuité de la biodiversité depuis le sol en pleine terre en limite de la parcelle, le long de la paroi verticale et jusqu’au jardin vallonné qui recouvre l’auditorium.

Mis au point à l’issue de nombreux essais, pour valider sa conformité avec toutes les exigences de stabilité, d’étanchéité et de résistance des matériaux, cet ouvrage reste dans le domaine traditionnel, le maître d’ouvrage ayant souhaité éviter le passage par une ATex. Cette paroi béton vivante, d’une surface totale de 390 m2, a fait l’objet d’un dépôt de brevet validé (50 % CBC, 50 % agence ChartierDalix). Les mesures environnementales sont également au rendez-vous, comme en témoignent par exemple l’utilisation de plus de 6 000 m3 de béton bas carbone et la mise en œuvre d’éléments de faux plancher issus du réemploi, qui participent au classement E2-C1 du bâtiment et à l’attribution du label HQE 2016 niveau « Excellent ».

Enfin, le chantier ayant eu lieu au cœur d’un domaine hospitalier, une attention particulière a été portée à la maîtrise de l’empoussièrement, grâce à des brumisateurs d’eau installés sur des palissades à 3 m de hauteur, afin de limiter le risque d’aspergillose (atteinte respiratoire) pour les malades hospitalisés à proximité. L’entreprise générale, avec l’ensemble du groupement, s’est ainsi révélée force de proposition pour apporter une réponse pertinente et créative à une demande complexe du maître d’ouvrage.

En savoir plus 

EGF (Entreprises générales de France du BTP), tél. : 01 40 69 52 77,
www.egfbtp.com