Arrêtés Sécheresse : quels impacts pour les entreprises du bâtiment ?
La France connaît actuellement une période de sécheresse intense, qui touche l’ensemble du territoire métropolitain. Pour y faire face, des arrêtés sont pris par les préfets de département pour restreindre de façon temporaire l’usage de l’eau. Ces mesures peuvent avoir des impacts pour les artisans et entreprises du bâtiment qui utilisent de l’eau dans le cadre de leur activité, mais il existe certaines alternatives techniques pour limiter l’usage de l’eau, notamment pour le nettoyage et le décapage des façades. Des réponses aux questions soulevées par ces arrêtés, apportées par des préfectures concernées, sont reprises dans la présente Info Web.
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La Fédération du Bâtiment du Jura a interrogé sa préfecture, pour avoir des précisions sur l’application de l’interdiction prévue pour ces opérations de nettoyage, en situation de crise, pour le secteur du BTP.
Par un courrier en date du 2 septembre 2022, la préfecture a répondu que cette mesure de restriction s’applique aux travaux dont la nature est uniquement le lavage ou le nettoyage.
Par conséquent, les chantiers dont l’utilisation de l’eau n’est qu’une étape dans le déroulement global des travaux peuvent se poursuivre.
Ainsi, le lavage du matériel et des outils, le lavage des coffrages, la fabrication de béton sur chantier, la réimperméabilisation de toitures, le ravalement de façade restent par exemple autorisés.
La Préfecture du Jura demande toutefois aux entreprises, pour les étapes nécessitant de l’eau, de les réaliser à partir de matériels haute-pression, sur les surfaces strictement nécessaires et si possible aux heures les moins chaudes de la journées (notamment avant 9h).
Elle leur demande également de privilégier les chantiers se situant dans les zones où les niveaux de gravité de la sécheresse sont moins importants (cf. cartographie sur le site Propluvia).
Pour les chantiers pour lesquels la consommation d’eau depuis le réseau d’eau potable serait conséquente, elle invite les entreprises à prendre contact au préalable avec le gestionnaire d’eau potable, pour s’assurer de la disponibilité de la ressource et de l’absence de tension d’approvisionnement.
Enfin, elle invite à utiliser en priorité de l’eau de pluie récupérée et à la mise en œuvre de tous les gestes permettant d’économiser l’eau.
A noter que les restrictions prévues dans le guide national sur la sécheresse sont un socle minimal que les préfectures peuvent ensuite renforcer localement.
Ainsi, certains arrêtés préfectoraux, pour des usages non interdits, prévoient des objectifs de limitation de 20 voire 30 % du volume journalier consommé habituellement par les entreprises. Le respect de tels objectifs paraît difficile à démontrer, sauf à prouver que l’on a réduit son activité dans un pourcentage similaire (report de chantiers, mise en œuvre de process alternatifs ou de gestes visant à éviter le gaspillage).
Quelles solutions pour les entreprises impactées ?
Des consignes ministérielles ont été données aux DDETS concernant l'activité partielle en lien avec la sécheresse et les restrictions à l'usage de l'eau ordonnées par arrêté préfectoral :
- le recours à l’activité partielle pour prendre en charge les baisses d’activité des entreprises affectées par les arrêtés préfectoraux d’interdictions ou de limitations de prélèvement d’eau et d’irrigation n’est possible que pour le motif visé au 5° de l’article R. 5122-1 du code du travail « Toute autre circonstance de caractère exceptionnel », dès lors que les entreprises concernées seraient en capacité de démontrer que la baisse/suspension d’activité était imprévisible, irrésistible et extérieure ;
- il revient aux services gestionnaires d’apprécier le caractère exceptionnel de l’épisode de sécheresse et de s’assurer que ces restrictions administratives d’utilisation de l’eau ne sont pas, sur le territoire géographique concerné, des évènements récurrents et structurels qui entraineraient chaque année des baisses d’activité dans le secteur géographique, et que les entreprises ont tout mis en œuvre pour éviter l’impact négatif de telles restrictions (achats de citernes d’eau, recyclage des eaux de pluie ou eaux usées, etc.) ;
- au regard des conditions climatiques exceptionnelles de l’été 2022, dans certains secteurs géographiques, les restrictions administratives d’eau faisant suite à la sécheresse en cours semble bien pouvoir s’apparenter à des situations exceptionnelles de nature à ouvrir droit à l’activité partielle, dès lors que les entreprises ont tout mis en œuvre pour éviter l’impact négatif de telles restrictions ;
- l’activité partielle ne pourra être autorisée qu’en cas de publication d’un arrêté préfectoral de restriction d’utilisation d’eau pour la zone géographique dans laquelle l’activité partielle est demandée ;
- les DDETS devront s’assurer, au cas par cas, que l’activité de l’entreprise a un lien suffisant avec la restriction d’utilisation d’eau (dépendance à l’utilisation d’eau pour produire ou fonctionner), et que l’entreprise a tout mis en œuvre pour éviter l’impact négatif de telles restrictions.
Interrogée par la Fédération du Bâtiment de Mayenne, la DDETS de ce département a répondu que ces consignes visent plus particulièrement les activités agricoles mais qu’il est possible d’en faire une lecture adaptée à toutes les activités, dont le bâtiment.
A noter que la condition d’exceptionnalité risque de disparaître dès lors que ces épisodes de sécheresse deviennent récurrents.
N’hésitez pas à remonter à votre Fédération départementale les cas de blocage qui seraient rencontrés localement.
Quelles alternatives techniques pour limiter l’usage de l’eau pour le nettoyage et le décapage des façades ?
Comme l’indique l’Union Professionnelle des Métiers de la Finition (UPMF), le nettoyage des façades est rendu nécessaire par deux types de pollution :
- la pollution atmosphérique, due aux dépôts de composés soufrés, azotés et carbonés issues des activités urbaines (industries, transports, chauffage, etc.) sur les façades ;
- la pollution biologique, due à la prolifération de micro-organismes végétaux (algues, mousses, lichens, cryptogames, champignons, etc.) sous l’action du vent et des intempéries.
Il existe pour ces deux types de pollution des alternatives aux produits avec rinçage, permettant de continuer à nettoyer les façades malgré les restrictions d’eau en vigueur.
Pour le nettoyage des salissures biologiques, bon nombre de fabricants commercialisent aujourd’hui des algicides/fongicides biodégradables qui ne nécessitent pas de rinçage. Ces produits sont appliqués par pulvérisation et ont un temps d’action entre quelques heures et quelques jours.
Dans le cas de la pollution atmosphérique, les produits de nettoyage alternatifs sont des produits appliqués par pulvérisation et pelable. Le peeling de façade permet de retirer les dépôts atmosphériques même sur des supports très poreux.
Concernant le décapage des façades les fabricants travaillent, depuis de nombreuses années sur le développement de produits alternatifs non inflammables, moins nocifs et ne nécessitant plus de rinçage.
Afin que les entreprises s’y retrouvent, l’OPPBTP a édité un outil répertoriant l’ensemble des décapants existants sur le marché en détaillant leurs conditions d’utilisation.
Cet Outil Excel téléchargeable sur le site de l’OPPBTP, précise les décapants pouvant être utilisés sans rinçage.
Ces nettoyants et décapants alternatifs peuvent être plus onéreux à l’achat que ceux nécessitant un rinçage mais l’économie sur le traitement des eaux de rinçage doit être également pris en compte.
Afin de garantir la bonne adéquation entre les produits utilisés, les supports et les pollutions ou revêtements à éliminer, il est conseillé aux entreprises de s’adresser aux fabricants et points de vente spécialisés.
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