C’est tout d’abord le métier comme valeur centrale : on parle de savoir-faire bien sûr, mais à travers cette recherche de la perfection du geste et du process, c’est bien de créativité, d’innovation et de performance dont il s’agit.
C’est aussi la transmission, cette valeur fondamentale qui n’existe pas sans une forme d’exigence avec soi-même et d’humilité : l’exigence de transmettre l’entreprise dans les meilleures conditions possibles pour qu’elle perdure ; l’humilité d’accepter qu’elle change et innove avec une nouvelle génération.
L’apprentissage, une valeur à part entière qui se confond avec l’artisanat et le bâtiment : « l’artisan exerce un art demandant un certain apprentissage » affirme Poitevin dans son dictionnaire. Clairement, apprentissage et artisanat du bâtiment sont intimement liés, au point qu’en Auvergne Rhône-Alpes, 85 % de nos apprentis ont comme tuteur, un artisan ou un chef d’entreprise de TPE. La qualité de nos futurs collaborateurs et l’évolution de notre outil de production passent aussi et nécessairement par l’artisanat.
Et puis cette éthique d’engagement, si caractéristique, fondée sur la volonté de donner un sens collectif aux parcours individuels et d’inscrire nos métiers au cœur des évolutions de la société. Nos fédérations ne sont-elles pas les lointaines, mais bien réelles, héritières des guildes et confréries créées au Moyen Âge par nos artisans pour, parfois déjà, suppléer les quelques défaillances de l’État ? Cet engagement est toujours là, bien présent, dans nos Fédérations départementales, à l’échelle régionale aussi avec Patrick Protière et tous les membres du Conseil de l’artisanat Auvergne-Rhône-Alpes, avec Vincent Gaud et tous les élus « Fiers d’être Artisans » de la Chambre régionale des métiers.
Mais ne nous trompons pas : l’artisanat du bâtiment, c’est aussi et avant tout une force productive indispensable à la réussite de notre secteur et de ses défis : En Auvergne Rhône-Alpes, les artisans et entreprises de moins de 10 salariés représentent plus de 90 % des entreprises et emploient 42 % des salariés. Autant dire qu’il ne peut y avoir de réussite sans eux, y compris dans le segment de la construction neuve où les besoins du marché, pour peu qu’on les satisfasse (!), nécessitent le recours à leur capacité de production en complément de celle mobilisée par le tissu des entreprises plus importantes. Dans ces conditions, la solidarité de la filière ne peut pas être qu’un simple souhait, elle doit être une exigence, tout comme l’allotissement et l’accès à la commande publique pour nos TPE.
Et que dire de la rénovation énergétique des bâtiments, sinon que l’ampleur du parc, tout comme sa localisation répartie dans les plus de 4000 communes de la région, nécessitent évidemment la mobilisation de cette force productive ! C’est tout l’objet du combat, mené de haute lutte et avec succès, par la FFB et son président Olivier Salleron, pour simplifier MaPrimeRenov et remettre en mouvement ce marché qui s’est brutalement arrêté en fin d’année face à la complexification du dispositif. Une situation mortifère pour nos entrepreneurs et par voie de conséquence pour la transition écologique.
L’artisanat du bâtiment est une force pour l’avenir de nos territoires qui doivent résoudre une forme d’équation ultime : le défi parallèle de « la revitalisation et de la sobriété ». L’artisanat est tout à la fois une force pour revitaliser (aménagement-réindustrialisation-emploi-logement), et une solution pour la sobriété (réhabilitation ; rénovation énergétique). La simplification et le choc d’offre engagées par le gouvernement, bien qu’indispensables, ne suffiront pas à résoudre la crise. Il est désormais plus qu’urgent de soutenir la demande au plus près des territoires et de permettre ainsi à tous nos entrepreneurs artisans et chefs d’entreprise, de répondre, tant qu’il est encore temps, aux attentes légitimes des habitants et des territoires.
Samuel Minot, président de la FFB AURA