Depuis fin décembre, les alertes se multiplient sur de fortes hausses des prix des produits acier utilisés par le bâtiment, souvent supérieures à 15 %, 25 %, voire plus encore sur un mois. L'accélération s'avère encore plus soutenue que ce qu'annonçaient les aciéristes dans le tableau de bord sur les prix de l'acier.
Cette flambée des prix, qui fait suite à une longue période de baisse du début de l'année 2019 au troisième trimestre 2020, résulte d'une conjugaison de trois facteurs principaux. Tout d'abord, l'Asie, où l'activité a vivement repris depuis trois mois, accapare aujourd'hui une partie de la production acier de pays tiers, auparavant fléchée vers l'Europe, terrain devenu moins favorable en matière de prix. Ensuite, en raison de la pandémie, les usines sidérurgiques européennes ont réduit la voilure et la demande européenne, qui a redémarré, ressort nettement supérieure à l'offre, ce qui se traduit même parfois par des difficultés d'approvisionnement. Enfin, la hausse des cours des matières premières joue aussi. De par son ampleur, elle surprend tous les acteurs de la chaîne. Ces mouvements haussiers pourraient donc s'avérer assez durables.
Dans l'immédiat, il convient de bien étudier les contrats de fourniture de produits aciers pour ne pas se laisser imposer des hausses de prix supérieures à ce qu'ils prévoient. Quant aux nouveaux contrats de fourniture de produits, il importe de veiller aux nouvelles clauses qui pourraient y être introduites et de s'assurer qu'elles ne déséquilibrent pas les rapports en faveur des seuls fournisseurs.
Concernant les marchés, plusieurs recommandations peuvent être faites, selon les cas de figure.
Pour les marchés à venir
Il convient d'y introduire des formules d'actualisation ou révision de prix basées sur les index BT adaptés. Toutefois, afin de limiter l'impact des chocs, la clause suivante peut être ajoutée aux devis, marchés et contrats, conditions générales d'intervention etc. :
« Le présent marché porte sur les travaux tels que définis à la date du… Compte tenu de la situation exceptionnelle touchant au prix de l'acier au niveau international, les prix unitaires suivants (à lister par chaque entreprise) sont susceptibles de subir des variations par rapport aux prix figurant dans la présente offre.
Dès lors, le maître de l'ouvrage accepte expressément, par la signature du présent marché, que le prix desdits postes soit réévalué de la différence constatée entre le prix des fournitures pris en compte lors de l'élaboration du présent marché et le prix effectivement pratiqué par le fournisseur de produits contenant de l'acier au moment de la livraison ».
Pour les marchés en cours
Si le contrat prévoit déjà des clauses de variation de prix, il faut les appliquer. Cependant, si elles ne répondent plus aux conditions économiques du fait de l'augmentation du prix de l'acier, l'entreprise peut se référer à la théorie de l'imprévision (voir PJ).
Si le contrat intègre une clause permettant de gérer l'imprévision, il faut étudier la possibilité d'y avoir recours dans la situation présente d'augmentation du prix de l'acier.
Si le contrat ne prévoit aucune de ces clauses, si aucune mesure préventive n'a été prise ou si de telles mesures s'avèrent insuffisantes face aux augmentations de coût des matériaux, l'entrepreneur peut se référer à la théorie de l'imprévision.