Quel est le champ de compétences de la chambre « Maçonnerie Béton Armé » ?
Notre chambre rassemble une quarantaine d’entreprises de toutes tailles, spécialisées dans les métiers du gros-œuvre.
Comment vos adhérents ont-ils réagi au premier confinement ? Tout le monde a dû s’arrêter ?
Le confinement de mars a été un choc. Pour tout le monde. C’est une situation inédite où nous avons, pour la première fois, dû arrêter nos activités afin de protéger nos salariés. Je retiens aussi de cette période un mélange de stupéfaction et de fierté tant pour nos équipes que pour notre Chambre. Nous avons été unis face à l’inconnu, nous nous sommes très vite rassemblés, et grâce au travail avec la FFB, l’OPPBTP et la Médecine du Travail, grâce à une excellente communication, nous avons trouvé des solutions pour relancer l’activité sur nos chantiers.
Qui a pris en charge les surcoûts ?
Certains maîtres d’ouvrage ont joué le jeu et nous ont aidés. Globalement, cette crise nous permet de voir les valeurs des uns et des autres.
Quel a été le bilan de l’année 2020 en termes d’exploitation ?
Nos entreprises sont résilientes et la gestion « en bon père de famille » nous permet d’être debout. Mais je reste très attentive pour 2021. Car les rentabilités s’érodent et la trésorerie a souvent été aidée par les PGE. Et depuis novembre, nos prix sont encore fragilisés par de fortes augmentations des prix des aciers – + 30% entre novembre et janvier 2021- dues à des instabilités sur le plan géopolitique et à des difficultés d’approvisionnement.
Le contexte de la Covid a entraîné un temps particulièrement long pour les élections, notamment à la Métropole, avec de surcroit un changement d’exécutif important. Quel a été l’impact sur les entreprises adhérentes de votre chambre ?
Notre activité s’apparente aux montagnes russes. On s’arrête, on repart (bis). Nous avons d’abord eu la mise en place du PLUH qui a été longue et a généré un premier ralentissement. Ensuite la Covid s’est invitée et les administrations en télétravail n’ont pu faire face aux demandes de permis de construire. Et les élections de juin ont transformé le paysage politique dans notre Métropole. Bientôt nous aurons les élections régionales, puis en 2022, les Présidentielles qui ralentiront de nouveau les prises de décisions. Il faut être audacieux, courageux, et avoir un grand sens de l’humour pour diriger nos entreprises !
Les appels d’offres sont-ils de retour ?
Nous le saurons dans les prochains mois. C’est crucial pour nos entreprises et notre tissu économique local. Il faut savoir que la construction d’un logement induit la création ou le maintien de 1.6 emploi dans la filière. Car derrière le démarrage de chaque chantier, c’est tout un écosystème qui se met en place : maîtres d’ouvrage, maîtres d’œuvre, bureaux d’études, entreprises de construction, agences d’intérim, sous-traitants, fournisseurs, administrations, commerçants… Ce sont des milliers d’emplois et de ressources. En France, le secteur du Bâtiment emploie, hors intérim, près de 1.5 million d’actifs. Il faut que les élus en prennent conscience et nous accompagnent. Il faut qu’ils pressent leur administration à accélérer les décisions.
Quelle a été votre contribution durant ce confinement en tant que présidente de chambre ?
En 2020, nous avons lancé une formation avec les Compagnons du Devoir. Nous avons également mis en place un partenariat inédit avec une école de Gaming de Lyon pour valoriser l’image de nos métiers. Les étudiants du Gaming Campus nous ont rendu une première étude sociologique sur l’image qu’ont les jeunes du Bâtiment ; ils ont ensuite travaillé en équipe – elles étaient treize – sur la réalisation de notre futur stand pour le Mondial des Métiers ; et enfin, une équipe travaille sur la réalisation d’une vidéo promotionnelle. Les interactions sont riches d’enseignements et cela nous aide à nous ouvrir et nous développer.
Quels enseignements retirez-vous de cette période inédite ?
Je suis de nature optimiste et préfère trouver des opportunités dans les crises plutôt que de les subir et sombrer dans la peur ou le découragement. Même si ces situations sont extrêmement complexes et éprouvantes pour tous, nous devons garder le cap. La Covid nous a rassemblés malgré la distance, nous a permis de prendre conscience de l’importance du rôle de chacun d’entre nous au sein de notre écosystème. Nous avons, en protégeant nos équipes, créé un lien fort et une dynamique pérenne. Il y aura un « avant » et un « après » Covid.
©Photo de Cécile Mazaud par Christophe Pouget.
Une interview à retrouver dans le JBTP du 11 février 2021.