Une vie avant
Ce n’est pas toujours facile de changer de voie, d’avoir le courage de reprendre des études à un âge où ce n’est pas la norme, et puis se rapprocher de ses rêves peut parfois faire un peu peur. Laëtitia Frecon a osé. Après 18 ans à travailler principalement dans la restauration, en Ariège, sur Paris, elle qui avait lâché les études avant le bac s’est lancée dans une formation professionnelle dense et ardue. Inscrite chez les Compagnons, à Toulouse, elle ne trouve pas d’entreprise pour l’embaucher en CDD ou en Contrat de professionnalisation. Cette piste doit être abandonnée. Elle apprendra donc chez Innovista à Toulouse, et passera en un an deux titres professionnels, en charpente bois et construction bois. “J’ai passé aussi le Certificat d’Aptitude à la Conduite en Sécurité manuscopique, l’habilitation au travail en hauteur, la formation échafaudage… bref, tout ce qui est obligatoire et nécessaire. Et puis j’ai aussi passé mon permis BE.”
Un sacré rythme
Pendant sa formation (financée par la Région et le Pôle emploi, une formation non rémunérée mais Laëtitia Frecon a des droits de chômage), le rythme est dense pour la maman de deux enfants qui doit se replonger dans des cours théoriques, pratiquer beaucoup et enchaîner les stages. Le réveil sonne à 4h30 chaque matin, avec le retour à la maison vers 18 heures et la révision des cours le soir. Tenir bon pour avancer, être au niveau et finalement réussir.
Des compétences utiles
En travaillant dans la restauration, mais aussi en animation et dans le paysagisme, et puis en aidant son compagnon également à monter des constructions en bambou pour des événements, Laëtitia a développé des compétences utiles sur les chantiers, comme le sens de l’organisation, une forme d’anticipation et puis une vraie aisance dans le contact. Elle ne repartais donc pas de zéro, même s'il a fallu déployer beaucoup d’énergie pour acquérir les techniques.
Réussir et être fière ?
“Je suis fière d’avoir réussi, oui. Je reviens de loin. Je me suis battue pour en être là aujourd’hui. Et même si il a fallu prouver plus en tant que femme, cette mission-là aussi était un moteur. Je suis passée dans des entreprises où on me disait que je ne serais pas capable. J’ai essuyé des réflexions. Mais j’ai tenu bon. Et ça paye ! Chez SN Gil, l’ambiance est très agréable. C’est presque familial. Et en plus les chantiers sont supers”. SN Gil Bâtiment est une société implantée à Pamiers spécialisée en charpente bois, couverture et ossature bois.
Passion bois
“Depuis toute petite j’adore la forêt. Je suis originaire des Yvelines, et j’allais me promener en forêt de Rambouillet tous les week-end avec mes parents. Je faisais des cabanes avec des branches, déjà. Et puis adulte, avec le père de ma fille, on a restauré une ferme pendant 7 ans, et notamment la charpente. Quand j’ai découvert que d’un simple bout de bois, on pouvait construire une maison, ça m’a tout de suite inspirée. J’aime la construction mais j’aime aussi l’arbre en tant que tel. D’ailleurs j’ai suivi aussi une formation dans la sylviculture douce avec un ingénieur forestier qui m’a appris beaucoup, et puis je me suis aussi formée au bûcheronnage.”
Un ressenti, un apaisement
“La forêt a des bienfaits. Sur moi mais pas que. Je le vois aussi sur mes enfants. Plus jeune j’ai été placée en foyer, et quand je me rappelle cette période, les enfants que nous étions, et que je compare ça à mon ressenti quand je suis en forêt, je me dis qu’il y a là quelque chose à creuser. J’ai d’ailleurs le projet, plus tard, de monter un lieu d’accueil pour des jeunes dans une forêt ariégeoise. Organiser des séjours de rupture pour des adolescents et me servir du bois, leur faire construire une cabane par exemple.”
La route de Laëtitia semble aujourd'hui tracée, et nul doute qu’elle continuera longtemps à cheminer d’arbre en arbre. Nous lui souhaitons beaucoup de bonheur.