Vous avez combien d’adhérentes au groupe « Femmes dirigeantes » de la fédération ?
Nous sommes soixante-cinq avec une bonne vingtaine d’adhérentes très assidues qui sont soit des femmes dirigeantes soit des collaboratrices avec un fort pouvoir de décision. L’idée à la base était de réunir les « femmes de » qui ont toujours une mission très importante en entreprise, les sortir de l’ombre, et leur donner des clefs pour leur travail. Notre groupe est une des chambres avec le groupe « Jeunes dirigeants » et les chambres territoriales où tous les métiers et toutes les tailles d’entreprise sont réunis. Et je le précise, si c’est nécessaire, ce n’est en rien un groupe « féministe ».
Pourquoi n’y a-t-il pas un groupe « Hommes dirigeants ». Le milieu du BTP est encore machiste ?
Il y a eu dans le BTP une évolution et une ouverture d’esprit des hommes bien avant qu’on parle de parité. Il reste des traces sans doute… Mais aujourd’hui quand nous allons sur une réunion de chantier, la moitié de nos interlocuteurs sont des femmes. Et il y a également de plus en plus de femmes chefs d’entreprise. Je pense qu’il y a eu création d’un groupe « Femmes » car leur importance dans le fonctionnement des entreprises s’est révélée tout doucement. Nous sommes complémentaires des hommes, avec des qualités ou fonctionnements différents.
Lesquelles par exemple ?
Une femme sera plus sensible sur les détails, plus proches de l’humain, ce qui est essentiel à notre époque notamment avec les jeunes, nous sommes plus à l’écoute… Et puis nous sommes plus obstinées, nous ne lâchons rien…
Et sur les chantiers il y a de plus en plus de femmes ?
Non, sur les chantiers on trouve encore très peu de femmes. Dans ma structure et mon secteur, l’électricité, je n’ai eu que deux femmes sur le terrain depuis 2007. Et pourtant j’ai vraiment l’envie de recruter des femmes, mais je n’en trouve pas.
Vous en voyez de plus en plus en formation ?
Cela dépend des corps de métier. Dans la peinture par exemple, on en trouve quelques-unes, en électricité en revanche, franchement non. Je fais des présentations dans des lycées professionnels et je n’en vois pas. Il nous faut promouvoir les métiers du bâtiment et des travaux publics au féminin, c’est ce que nous ferons cette année.
Que faites-vous exactement au sein de votre Groupe ?
Nous avons une réunion par mois menée par des intervenants avec des thèmes définis en début d’année sur des sujets d’actualité, souvent administratifs, qui peuvent toucher tous les domaines, comme la finance, l’environnement, l’économie, ou le droit… Bien sûr si l’actualité nous conduit à changer notre thème du jour, nous le faisons. Nous sommes aussi à la disposition de la fédération pour aborder n’importe quel sujet, apporter notre aide sur des organisations ou donner notre point de vue de femmes dirigeantes. Par exemple pour être mieux entendues dans les lycées, ce qui est l’un de mes chevaux de bataille. Franchement, ce groupe il faut le voir comme un véritable joker. Nous l’avons bien vu pendant cette période de Covid avec nos réunions téléphoniques, en visio et sur notre groupe WhatSapp.
Justement, comment vos adhérentes ont vécu ce Covid ?
Chacun a pu noter l’importance et la réactivité du groupe dans ce contexte de crise. Cela a été un véritable partage. Celles qui avançaient sur un dossier comme par exemple sur les préconisations sanitaires et comment faire travailler nos équipes, faisaient profiter les autres de leur expérience lors de nos réunions en mettant à disposition informations, documents et tout simplement conseils. Nous avons vraiment mutualisé nos efforts pendant ce Covid. Il y a aujourd’hui un lien très fort dans le groupe et son intérêt n’est pas à démontrer. Sur l’année 2020 le groupe a été essentiel pour de nombreuses adhérentes, dans une situation aussi surprenante et dangereuse pour la pérennité des entreprises. L’entraide a été quotidienne cela a vraiment été magique.
Une interview à retrouver dans le JBTP du 14 janvier 2021.