Quel est l’objectif du service emploi ?
Essayer de trouver des salariés pour les entrepreneurs adhérents. C’est aussi simple et compliqué que cela. Nous avons des résultats, mais pas à la hauteur de ce que l’on souhaiterait puisque nous avons un problème de personnel persistant. Pour tout ce qui est postes transverses de type assistanat, compta, nous y arrivons assez facilement. Pour les conducteurs de travaux, les jeunes bac + 2 ou 3 formés en alternance, nous parvenons aussi à gérer. La difficulté essentielle est sur le personnel de chantier qualifié. Trouver un miroitier, un couvreur, un métallier… qui a une première expérience, est autonome, et sait travailler, c’est compliqué.
Vous retrouvez ce problème depuis la création de votre service ?
Chez les ouvriers, c’est le cas depuis assez longtemps déjà. Dans la situation actuelle, ça l’est encore plus. Sinon, il faut savoir que dans le BTP, nous connaissons des vagues, des bons et mauvais cycles ; je pense aussi que la vision globale du travail évolue. Un ensemble de raisons qui fait que je trouve que c’est de plus en plus difficile, notamment depuis deux ou trois ans. Il y a des offres sur lesquelles je ne reçois aucun CV.
Quelle est votre articulation avec Pôle emploi ou d’autres instances équivalentes ?
Avec Bertrand Gallois, nous travaillons avec Pôle emploi, avec les Missions locales, avec des associations diverses … Nous avons un comité de pilotage régulier avec Pôle emploi, nous travaillons sur les chiffres, sur les besoins éventuels, sur la mise en place de formations adaptées aux besoins des entreprises.
Vous disposez d’un site pour les demandeurs d’emploi ?
Oui, nous avons un nouveau site depuis fin 2019 (1) sur lequel nous allons communiquer très prochainement en direction du grand public. Notre but est que les demandeurs d’emploi du BTP identifient notre plateforme, déposent un maximum de CV, et prennent connaissance des offres d’emploi de nos adhérents. Ensuite, ils peuvent se contacter directement.
Vous rencontrez les jeunes ?
Sur des forums oui, comme par exemple celui de Pôle emploi à Gerland où nous prenons un stand depuis de nombreuses années à chaque édition, lors de rencontres avec les Missions locales, mais aussi au cours de manifestations initiées régulièrement par la Fédération. Nous participons aussi sur des territoires à des forums divers et multiples.
Les tensions se font sur quels jobs en particulier ?
Globalement sur tous les métiers. Avec une complexité supplémentaire quand l’entreprise est éloignée de la métropole pour des problèmes évidents de mobilité.
Avec votre expérience, pouvez-vous nous dire ce qui coince ? Le salaire, la pénibilité, l’image des métiers ?
Côté salaires, le BTP a beaucoup évolué. Démarrer avec un CAP peut permettre dans un secteur où l’ascenseur social existe toujours réellement, de progresser plus facilement et plus rapidement que dans d’autres secteurs. Mais nous avons un problème d’image et nous en sommes conscients. C’est pour cette raison que nous lançons une grande campagne de promotion des métiers. Nous devons faire changer le regard sur nos métiers et donner envie. Certains secteurs ont su se rendre attractifs grâce à des émissions de télé. A nous de trouver le moyen de créer des vocations !
Changer l’image suffira-t-il pour changer la donne ?
Plus nous ferons de communication, mieux ce sera, surtout dans cette période. Les jeunes ont besoin de s’ancrer dans le réel. Les métiers du BTP leur permettent de mesurer leur participation à la construction d’un ouvrage pérenne et d’en ressentir une fierté. En matière d’orientation, cela peut faire la différence.
(1) Site : emploi-btprhone.fr
©Photo de Véronique Legrain par Christophe Pouget.
Une interview à retrouver dans le JBTP du 4 février 2021.