Comment et pour quelles raisons ce rapprochement s’est-il réalisé ?
Christophe Mozin : Il faut dire d’abord que nos deux entreprises ont souvent collaboré, et depuis très longtemps. Bien avant que je ne devienne apprenti menuisier chez ATB il y a vingt-quatre ans, les deux entreprises se côtoyaient sur les chantiers. Et puis sans doute aussi la restauration de monuments historiques crée-t-elle des liens particuliers, comme le chantier de restauration de l’église Saint-Jacques de Reims où nos deux boîtes étaient à pied d’œuvre. Nous ne partions donc pas de rien et, lorsque nous avons appris que Gourdon était en vente, nous avons pensé qu’il y avait là une opportunité de lier nos destins tout en étoffant nos capacités de réaction.
En effet, désormais, nous répondons ensemble sur des lots communs. Et puis il y a un élément de stimulation évident pour nos équipes.
L’idée de la reprise en Scop a-t-elle été bien accueillie chez Gourdon ?
C. M. : Rien ne se fait sans explication préalable et présentation d’un projet. À l’origine, lorsque j’ai rencontré les collaborateurs de Gourdon, il y a eu un réflexe de méfiance, car, de plus, la plupart ne savaient pas que leur entreprise était en vente.
Cela dit, l’adhésion au projet s’est faite assez vite. Il est vrai qu’il y avait un risque que l’entreprise disparaisse ou qu’elle soit rachetée par un grand groupe au risque de perdre son « âme ». À cela il faut ajouter que l’engagement financier pour devenir coopérateur n’a pas été trop douloureux grâce aux aides du département, celles des Scop ou les prêts à taux zéro.
Avec le recul, qu’est-ce qui a été le plus compliqué pour mener à bien cette reprise d’entreprise en Scop ?
C. M. : Sans hésiter, les lenteurs administratives et la partie financière, car ce sont des montages complexes. De surcroît, pour ATB, c’était une décision ambitieuse dans une séquence économique qui n’était pas simple. J’ajoute à cela que je suis menuisier de formation et pas un homme d’affaires, c’est dire que, sans l’appui déterminant de l’UR des Scop Grand-Est, nous n’aurions pas pu mener à bien cette reprise.
Quels sont vos projets à terme ?
C. M. : Notre projet principal, c’est la fusion de l’ensemble des ateliers – charpente, couverture, menuiserie – de nos deux entreprises.
Nous sommes en cours de constitution d’une SCI immobilière avec la construction d’un bâtiment de plus de 1 500 m2 à l’horizon 2025. Les équipes sont très motivées par cette perspective. Elle va permettre de rapprocher les équipes, de rationaliser l’organisation et, après le rachat intervenu l’année dernière, ce projet marquera incontestablement un nouveau départ.
Art et Technique du bois
(Saint-Brice-Courcelles, 51)
- Salariés/associés : 42/23
- Secteur d’activité : charpente et menuiserie, restauration de monuments historiques
Gourdon (Lavannes, 51)
- Salariés/associés : 13/7
- Secteur d’activité : couverture, restauration de monuments historiques