TEMOIGNAGE DE PHILIPPE SCHERBERICH

Quelles sont, selon vous, les principales difficultés de recrutement ?

Pour répondre à cette question, il faut d’abord rappeler que ces difficultés de recrutement existent depuis fort longtemps dans notre secteur, en tous cas au moins depuis la fin des grandes politiques migratoires des années 60 et 70. Depuis que je suis entré dans notre entreprise en 1987, je suis confronté à cette problématique de recrutement. La principale difficulté provient bien évidemment d’un déséquilibre structurel entre l’offre et la demande : il n’y a pas assez de candidats motivés et intéressés par nos métiers en face de l’offre de postes de nos entreprises. Et ce déséquilibre s’aggrave encore automatiquement dès que la conjoncture est plus favorable et que la demande des entreprises augmente. D’ailleurs, on peut constater que ces difficultés concernent tous les niveaux de qualification et de diplômes.

 Quelle est la raison de ce déséquilibre ? Très certainement un désintérêt lent et progressif pour un secteur réputé difficile et peu mis en valeur par les enseignants dans les collèges.

La question principale à résoudre est donc celle de l’attractivité du BTP et de ses métiers.

En effet, nous savons parfaitement former et accompagner dans nos entreprises, grâce notamment à tous les outils développés par la FFB (apprentissage, GEIQ BAT, IFRB, etc..). Mais, malgré les efforts déjà engagés, nous n’arrivons pas à pourvoir les postes vacants. Il faut donc intensifier encore nos actions de promotion et de communication pour attirer plus de jeunes vers nos métiers. C’est le point clé de cette problématique.

Qu’est-ce que la journée des Coulisses du BTP du 10 octobre a représenté pour vous ?

Les Coulisses du Bâtiment sont justement un de ces outils conçus pour attirer des jeunes sur nos chantiers. Notre entreprise a eu le plaisir d’ouvrir au jeune public le chantier de la Bibliothèque des Dominicains de COLMAR, où les visiteurs ont pu voir à l’œuvre de nombreux métiers de la construction et de la restauration de Monuments Historiques. Nos équipes ont été fières d’expliquer leur métier et les particularités d’un chantier qui mêle construction neuve et restauration du bâti ancien. C’est toujours une surprise pour nous de voir les réactions étonnées des visiteurs qui souvent n’imaginent pas la diversité de nos savoir-faire.

D’un point de vue plus personnel, de quelle manière vous engagez-vous dans la formation des futurs ouvriers du BTP ?

Notre entreprise a toujours formé des apprentis maçons-coffreurs et tailleurs de pierre. Même dans les périodes de baisse d’activité, nous avons toujours maintenu cet effort.

Pour cela, nous faisons appel au Groupement d’Entreprises pour l’Insertion et la Qualification depuis 1996, date de la création du GEIQ BTP dans le Haut-Rhin (maintenant GEIQ BAT ALSACE). L’expertise du GEIQ est importante pour accompagner les jeunes dans leur formation. Nous avons aussi une présence régulière de stagiaires dans l’entreprise, et cela pour tous les postes, aussi bien de chantiers que d’encadrement technique. C’est d’ailleurs notre principale source d’intégration dans l’entreprise.

A titre plus personnel, j’accepte toutes les demandes de visite de l’entreprise par les collèges, et toutes les demandes de témoignages dans les journées des carrières. La plupart du temps, j’assure personnellement ces visites pour être au plus près des futurs salariés de l’entreprise.