Tendances récentes du bâtiment - Janvier 2024

La crise du neuf s'amplifie et touche le logement comme le non résidentiel. En revanche, le segment de l’amélioration-entretien reste dynamique. Au global, l’activité dans le bâtiment s’infléchit à -1,7 % en glissement annuel au troisième trimestre 2023, mais bénéficiera encore sur le début 2024 de carnets de commandes à bon niveau, à 7 mois en moyenne à fin décembre 2023. Ils s’érodent toutefois et la seconde moitié de l’année s’avérera clairement baissière.
13:4211/01/2024
Rédigé par FFB Nationale

Note de lecture :

Plus l’aiguille se situe dans le rouge, plus l’indicateur connaît une situation défavorable par rapport à sa moyenne de long terme ; à l’opposé, plus l’aiguille se situe dans le vert, plus la situation ressort favorable.

Le contexte général

 

Au troisième trimestre 2023, la croissance économique française s’érode à -0,1 % en volume après +0,6 %. Ce décrochage s’explique par le ralentissement de l’investissement avec une progression moins soutenue de la composante entreprises mais surtout de la composante ménages (où l’investissement se compose à 80 % de dépenses de construction ou de travaux lourds de logements). En revanche, les dépenses de consommation des ménages se redressent. Le taux de chômage poursuit sa remontée à 7,4 % et le taux d’épargne des ménages ralentit un peu à 17,4 %.

 

L’inflation reflue fin 2023, à 3,7 % en décembre sur un an. Les taux des crédits immobiliers aux particuliers poursuivent néanmoins leur remontée à 4,17 % en moyenne sur octobre et novembre 2023, hors frais et assurances. Enfin, la production de crédits immobiliers dans le neuf ralentit, à -18,7 % en glissement annuel sur trois mois à fin novembre 2023.

 

 

Les marchés du bâtiment

 

En glissement annuel sur trois mois à fin novembre 2023, la chute des mises en chantier de logements se poursuit pour se lire à -23,4 % alors que celle des permis ralentit brusquement à -4 %. Pour autant, l’activité à l’amont de la filière reste fortement dégradée : les ventes chutent de 40 % sur la même période dans l’individuel diffus et de 39,9 % entre les troisièmes trimestres 2022 et 2023 dans la promotion immobilière pour les ventes à particuliers. En revanche, sur des volumes bien moindres, celles destinées aux institutionnels progressent de 34,9 % grâce aux politiques de rachat du stock engagées par Action Logement et CDC Habitat.

 

Dans le non résidentiel neuf, en glissement annuel sur trois mois à fin novembre 2023, les surfaces commencées se stabilisent quasiment à -0,6 % grâce aux rebonds des locaux industriels et assimilés (+4,7 %), des bureaux (+2,6 %) ainsi que des locaux administratifs (+2,3 %). Quant aux surfaces autorisées, elles reculent de 8,5 %, tirées ver le bas par les bureaux (-23,9 %), les hôtels (-18,7 %) ainsi que les locaux industriels et assimilés (-13,5 %). À l’inverse toutefois, les bâtiments administratifs progressent de 3,8 %.

 

Quant à l’activité en amélioration-entretien, elle accélère à nouveau au troisième trimestre 2023, à +3,0 % en volume sur un an, après respectivement +2,4 % et +1,0 % aux deuxième et premier trimestres. Le mouvement s’avère encore plus rapide pour la rénovation énergétique, à +4,0 % entre les troisièmes trimestres 2022 et 2023.

 

Globalement, la production bâtiment commence à se contracter, à -1,7 % au troisième trimestre 2023 sur un an, mais bénéficiera dans les prochains mois de carnets de commandes encore à bon niveau, aux environs de 7 mois en moyenne à fin décembre 2023. Cela permettra d’éviter le décrochage brutal mais pas l’entrée dans la crise en 2024.

 

L’appareil de production

 

En glissement annuel au troisième trimestre 2023, l’emploi salarié entame un léger repli à -0,5 %. À l'inverse, l'intérim progresse de 1,0 % en équivalent-emplois à temps plein. Au total, on dénombre 4 900 postes détruits sur cette période, solde d’une baisse de 5 900 salariés et d’une hausse de 1 000 intérimaires ETP. Le basculement entre emploi salarié et intérimaire, signe d’une plus grande prudence des entrepreneurs sur les embauches pérennes en pleine crise du neuf, se confirme donc. D’ailleurs, les perspectives en termes d’emploi salarié se tassaient encore au quatrième trimestre chez les entreprises de plus de dix salariés.

 

En glissement annuel sur trois mois à fin novembre 2023, hors micro-entrepreneurs, les créations d’entreprises dans la construction reculent de 10,5 %. Quant aux défaillances, en glissement annuel sur le quatrième trimestre, elles s’envolent à +44,0 % et dépassent leur niveau d'avant crise sanitaire, de 23,1 % précisément (quatrième trimestre 2019).

 

Par ailleurs, on relève une quasi-stabilisation du taux de marge opérationnelle (corrigé de la rémunération du travail des chefs d’entreprise non salariés) dans la construction au troisième trimestre 2023, à 22,3 %. Il se maintient clairement en-deçà de celui relevé au quatrième trimestre 2019 (26,7 %), avant le déclenchement de la crise sanitaire. En outre, toujours sur le troisième trimestre 2023, les trésoreries des artisans se dégradent, après trois trimestres d’assez bonne tenue, alors qu'elles s'érodent chez les entreprises de plus de dix salariés pour renouer avec leur moyenne de long terme.

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