En 1993, à la suite de la cessation de l’activité de l’entreprise, un noyau de dix employés se forme pour résister à l’inéluctable. « Nous n’avions qu’une alternative, résume Christian Corsin, Pôle emploi ou tenter notre chance !» Cette chance endosse alors les habits de la SCOP dans l’urgence. Raymond Craighero devient le premier gérant de l’entreprise relancée avec succès et, quinze ans plus tard, au moment de passer le relais, il propose le nom de Christian Corsin aux associés. « J’étais prêt, confie ce dernier. Depuis la création de la SCOP, j’étais conducteur de travaux et j’avais la maîtrise de la gestion commerciale de mes chantiers. Devenir gérant, cela correspondait à une extension de ce que je faisais. »
Quelques mois plus tard, alors qu’il vient tout juste de prendre ses nouvelles fonctions (au début de l’année 2009), l’une des premières préoccupations de Christian Corsin consiste à se mettre en quête… de son futur successeur ! Il s’explique : « En interne, nous n’avions pas identifié le bon profil, il fallait donc faire une recherche à l’extérieur rapidement. L’anticipation dans une structure comme la nôtre est vitale. L’intégration puis la préparation à la succession prennent du temps. »
C’est ainsi qu’en novembre 2010, Benoît Berthaud intègre la SN2E… alors qu’il vient de terminer son parcours de formation qui l’a conduit à obtenir un CAP, un bac pro en électrotechnique et un master en management. Six ans plus tôt, dans le cadre de son bac pro, il avait fait un stage de trois mois dans la Scop… mais cette fois-ci, on lui fait comprendre à demi-mot qu’il est recruté pour prendre la gérance le jour venu. « Tout cela a mûri tranquillement », souligne-t-il… dans un environnement professionnel en perpétuelle évolution.
Éviter l’inertie, tendre vers l’harmonie
Entre son stage à la SN2E et son embauche, Benoît Berthaud mesure l’ampleur des mutations. « Aussi bien en bureautique que sur les chantiers, tout a changé », et la SN2E a su prendre les différents virages stratégiques qui ont affecté son univers professionnel. Pour supprimer des intermédiaires hiérarchiques sur les chantiers, les monteurs ont été responsabilisés. « Nous avons besoin de plus de personnel au bureau d’études que d’intermédiaires. » En conséquence, l’entreprise a investi en formations sur les logiciels et les nouvelles technologies nécessaires à l’exercice du métier.
Depuis qu’il a pris la succession de Christian Corsin, à la fin de septembre 2018, Benoît Berthaud a pris toute la mesure de l’exercice exigeant de la gérance. Il est vrai qu’il a eu le temps de se préparer et, atout supplémentaire, les deux hommes forment aujourd’hui encore un tandem. Ils échangent beaucoup sur le devenir de la Scop et son management, sur lequel leurs approches concordent : « En raison de notre taille notamment, la clé, c’est l’humain ! Nous devons à la fois bien connaître les attentes de chacun et responsabiliser les équipes pour éviter l’inertie ou les routines et tendre vers l’harmonie. C’est à la fois un gage d’efficacité et l’un des marqueurs de la Scop. »
À 33 ans, gérant depuis six mois, Benoît Berthaud est à la fois humble et ambitieux lorsqu’il formule des objectifs qui seraient source de satisfaction : « Pérenniser l’héritage que nos prédécesseurs nous ont légué, et ajouter notre pierre en la développant dans le respect de nos valeurs. »
SN2E (Mâcon)
Création : 1er décembre 1993
Salariés/associés : 19/7
Secteurs d’activité : électricité industrielle, bâtiment et tertiaire ; courants forts et faibles
Extrait de Chantiers Coopératifs no 3, hiver-printemps 2019
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