Transmission en SCOP : zoom sur la SCOP SAME

Le cas très singulier d’une transmission en Scop portée par le cédant lui-même animé d’une philosophie sociale ayant pour finalité de casser la scission entre salariés et patrons. Mission accomplie.
13:4923/06/2023
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La SAME (entreprise de menuiserie intérieure et extérieure, d’ébénisterie), basée à Cogolin (Var), a été transformée en Scop en 2015. Ce qui constitue l’une des originalités de cette transformation tient au fait que le cédant, Marc Hocdé, avait dès le départ privilégié cette option. Il souhaitait non seulement transmettre son entreprise aux salariés mais aussi en faire une Scop, « par choix philosophique »… Autre singularité: au moment de la cession, il a laissé son compte courant dans l’entreprise pour soulager une trésorerie défaillante. Sur les 100000 euros de ce compte courant, un échéancier a été établi afin qu’il récupère la moitié de cette somme, qui représente la valeur de cession de la boîte.

 

À l’origine, la SAME (Société d’aménagement de menuiserie et d’ébénisterie) voit le jour en 1991. Marc Hocdé en est son gérant. En 2014, l’âge de la retraite approchant, il prend contact avec l’Union régionale des Scop de PACA pour amorcer le processus de la transmission aux salariés. En 2016, l’entreprise est juridiquement transformée en Scop, mais M. Hocdé reste gérant le temps que se rode la nouvelle organisation et pour permettre à la future gérante, Lola Falletta, de prendre ses marques et de parfaire ses compétences en gestion. L’année suivante, M. Hocdé acte officiellement son départ à la retraite mais reste encore actif, à titre bénévole, au sein de l’entreprise pendant deux ans. 

 

Interview de Marc Hocdé

Sans l’appui du réseau des Scop, tout aurait été très compliqué

Marc Hocdé
S’agissant du choix de la reprise de l’entreprise par les salariés, vous évoquez un «choix philosophique». D’autres options de transmission étaient-elles envisageables ?

Marc Hocdé: Le point décisif pour privilégier la reprise par les salariés était de trouver quelqu’un qui aurait les compétences pour piloter ce nouveau projet. De ce point de vue, ma rencontre avec Lola Falletta a été déterminante (NDLR: la future gérante) et, sans cette conviction qui m’a animé qu’elle était la bonne personne, j’aurais probablement vendu l’entreprise à un repreneur classique.

 

Alors parlez-nous de Lola Falletta: qu’est-ce qui vous a donné à penser qu’elle serait la «bonne» personne pour prendre la gérance ?

M. H.: Son parcours atypique, sa détermination et sa personnalité. Après un master 2 en psychologie, Lola s’est réorientée professionnellement en suivant des formations d’ébénisterie et d’ébénisterie d’art. Elle est entrée en apprentissage en alternance à la SAME et elle en est devenue salariée.Lorsque je réfléchissais à la transmission, je la voyais mener ce projet et, lorsque je lui en ai parlé, elle m’a donné son accord. À partir de là, tout s’est enclenché et en 2014 nous avons pris contact avec l’Union régionale.

 

Comment ce projet de transmission a-t-il été accueilli par les cinq salariés ?

M. H.: De manière dubitative au début. Il est vrai qu’il faut bien préparer la phase d’appropriation «culturelle» de salariés auxquels vous dites que du jour au lendemain ils vont devenir associés de l’entreprise. Forcément, ils se sont demandé s’il n’y avait pas anguille sous roche.

 

Avec le recul, quelle a été la clé de la réussite du projet ?

M. H.: Sans hésiter, l’accompagnement et le suivi de l’Union régionale qui est très efficace. Sans l’appui du réseau, cela aurait été trop compliqué à réaliser.

Présentation de l'entreprise SAME (Cogolin)

Création : 27 novembre 1991

Salariés : 5

Secteurs d’activité : Menuiserie

Extrait de Chantiers Coopératifs n° 11, hiver 2022
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