Cela trottait dans la tête des administrateurs depuis un moment et en particulier dans celle de son P-DG Denis Boisson… En raison des difficultés de recrutement, la proposition soumise au CA des Menuisiers du Rhône d’envisager l’opportunité d’une opération de croissance externe, si elle se présentait, fut accueillie favorablement, d’autant que, depuis sa création en 1919, ce type d’opération n’avait jamais été réalisé par la Scop.
Et comme souvent, une opportunité naît d’une rencontre, en l’occurrence celle de Denis Boisson et de Quentin Sandron. Quentin, c’est le fils de Joël qui lui-même avait repris la succession de son père, à l’origine de la création en 1959 de la menuiserie artisanale Sandron installée à Chaleins (Ain). C’est dire que l’entreprise familiale avait une belle ancienneté sur laquelle elle avait forgé sa réputation. Contrairement aux Menuisiers du Rhône, Sandron avait axé son développement sur une clientèle de particuliers. Quentin, tout le monde le connaissait chez Les Menuisiers du Rhône puisqu’il y avait fait son apprentissage et y avait travaillé quatre ans… jusqu’au jour où il avait décidé de rejoindre l’entreprise de son père.
C’est alors que commence l’acte 2. Il y a quelques années, Joël Sandron envisage de prendre sa retraite et il ne fait guère de doute que son fils Quentin va prendre sa succession, sauf que le fils n’a pas le désir de gérer l’entreprise familiale. Et c’est alors que celui-ci informe Denis Boisson que son père va vendre et cherche un repreneur.
L’opération de croissance externe envisagée par Les Menuisiers du Rhône se présente à eux et c’est parce qu’ils sont préparés à cette éventualité que tout s’enchaîne très vite. La réputation de Sandron, sa complémentarité avec la Scop, sa proximité géographique sont des atouts de poids qui ont pesé dans la décision.
L’expertise de l’Union régionale
On se voit en mai 2021, on discute, et tout semble si évident aux deux parties que le rapprochement entre les deux entreprises est amorcé dès le mois de septembre avec l’entrée en scène de Liévin Iraguha, délégué de la cellule transmission-transformation de l’Union régionale. Le mandat de l’Union régionale est double.
Assurer la transmission et la transformation de l’entreprise familiale et formaliser les liens juridiques du groupe coopératif constitué par les deux entités. Très experte dans ce domaine, l’Union régionale organise en un temps record le bouclage du volet financier. Les Menuisiers du Rhône apporte du capital ; celui-ci est complété par l’apport de Socoden et des banques qui bouclent et avalisent le dossier.
Si la société Les Menuisiers du Rhône est devenue l’actionnaire majoritaire de la désormais Scop Sandron, cette dernière conserve néanmoins son autonomie et bien sûr son nom qui, en raison de sa notoriété, fait partie de son capital immatériel. Comme Quentin ne veut pas en devenir le gérant bien que restant dans l’entreprise comme chargé d’affaires, c’est Denis Boisson qui assume cette fonction, mais de manière temporaire.
Et c’est alors l’acte 3 qui commence, car la Scop Sandron a récemment recruté un ancien des Menuisiers du Rhône, quinze ans de boîte quand même, un menuisier d’une compétence hors pair, Julien Marotte, en vue de devenir le futur gérant qui saura insuffler la culture Scop dont lui même a été imprégné. Il est actuellement en «apprentissage» sous la houlette de Joël Sandron qui le forme afin qu’il acquière les compétences pour devenir gérant, ce qui sera une réalité en janvier 2023. Et il est même déjà acté que Joël Sandron sera encore sous contrat à mi-temps tout au long de l’année prochaine pour l’accompagner dans ses nouvelles missions.
Renforcer la Fédération SCOP BTP
Avec le recul, Denis Boisson apparaît très satisfait de l’opération de croissance externe réalisée par Les Menuisiers du Rhône. Il rapporte « le gros travail de transformation qui a été réalisé en lien avec l’Union régionale, car, outre le volet financier, il a fallu mettre en place les accords de participation et adapter l’entreprise familiale aux spécificités coopératives ».
Au quotidien, en tant que gérant de transition, Denis Boisson évoque les conseils qu’il prodigue notamment « sur l’administratif, l’organisation et l’aide au recrutement ». Il émet cependant un regret… Pour des raisons de confidentialité lors de la transformation en Scop, « les salariés ont été un peu mis devant le fait accompli ». C’est une fois le rachat opéré qu’ils ont été informés, mais, selon Denis Boisson, « il était difficile de faire autrement ». Comme il n’est jamais trop tard pour bien faire, les salariés de Sandron ont participé à la formation «Bienvenue en Scop» organisée par l’Union régionale. Et sur les neuf salariés pouvant accéder au sociétariat, quatre sont devenus associés le jour de la transformation en Scop et deux autres lors de la première assemblée générale.
Au-delà de l’opération de croissance externe qui a été à l’origine de la transformation de Sandron, Denis Boisson souligne aussi l’importance «de participer au développement du mouvement coopératif à l’échelle régionale et de renforcer la Fédération SCOP BTP» puisque, dans les semaines qui viennent, la nouvelle Scop Sandron va probablement adhérer à la Fédération. Et si d’autres opportunités de cette nature se représentent, l’actuel P-DG des Menuisiers du Rhône n’exclut rien.
Ce qui démontre que l’appétit ne vient pas qu’en mangeant… il peut venir aussi lorsque l’on s’intéresse au développement de sa boîte et d’un mouvement auquel on est attaché.
Les Menuisiers du Rhône (Vaulx-en-Velin, Rhône)
- Salariés/associés : 32/27 actifs et 18 retraités
CA (2021) : 4,2 M€
Secteurs d’activité : menuiserie, agencement (collectivités)
Sandron (Chaleins, Ain)
- Salariés/associés : 10/6
CA : 1,1 M€
Secteurs d’activité : menuiserie, agencement (particuliers)
Extrait de Chantiers Coopératifs n°11, hiver 2022 - Spécial Transmission en SCOP
Nous vous invitons à consulter le site : transmission.scopbtp.org
ou
Contactez-nous
Fédération SCOP BTP - 64 bis rue de Monceau - 75008 PARIS - Tél. : 01 55 65 12 20