Bail commercial : les règles essentielles

De nombreuses entreprises ou sociétés sont locataires des murs dans lesquels est exploitée leur activité. Assurer au locataire la stabilité nécessaire à la bonne marche de son activité commerciale, artisanale ou industrielle est l'objectif de la législation sur les baux commerciaux.
17:3227/12/2011
Rédigé par FFB Nationale

La durée du bail commercial

 

La location a une durée de 9 ans minimum.

 

On dit couramment « bail 3, 6, 9 » pour rappeler qu'en cours de bail, le locataire (appelé aussi « preneur ») peut y mettre fin à l'expiration de chaque période triennale.

 

Si les parties souhaitent conclure un bail de plus de 12 ans, le bail doit être publié au bureau des hypothèques du lieu de situation de l'immeuble et doit obligatoirement être passé devant notaire.

 

Il est possible de conclure des baux d'une durée de deux ans maximum. Ils échappent à l'ensemble des règles régissant les baux commerciaux. On les appelle « baux dérogatoires ». Leur contenu est donc très libre.

 

Les droits du preneur

A la signature du bail

 

La location est soumise au statut des baux commerciaux si les trois conditions suivantes sont réunies :

Le bail doit porter sur un bâtiment entier ou un local (qui peut même comporter une partie d'habitation) ;

Le locataire doit y exploiter un fonds de commerce lui appartenant. En cas de location-gérance, le locataire gérant (qui exploite le fonds de commerce d'autrui en son nom, pour son compte, à ses risques et périls et moyennant redevance) ne peut revendiquer lui-même la protection des baux commerciaux, sauf accord du bailleur. C'est en effet le propriétaire du fonds (loueur du fonds) qui bénéficie de cette législation (notamment le renouvellement du bail) et c'est également contre lui que se retournera le bailleur en cas d'irrespect des clauses du bail par le locataire gérant ;

Le locataire doit être immatriculé soit au registre du commerce et des sociétés (RCS) s'il est un commerçant, un industriel, une société, un groupement d'intérêt économique ; soit au répertoire des métiers (RM) s'il est artisan. L'immatriculation du locataire au RCS ou au RM est nécessaire (sauf s'il est propriétaire d'un fonds exploité en location-gérance). Par conséquent, une association ne peut prétendre au statut des baux commerciaux. Les professions libérales signent, quant à elles, des baux professionnels de 6 ans minimum.

 

En cours de bail

 

Le bailleur ne peut pas résilier le bail avant l'expiration des 9 ans, sauf dans les cas explicités dans la partie « La fin du bail commercial » plus bas dans cette page.

 

A l'expiration du bail -au bout des 9 ans, le locataire bénéficie : 

  • soit du renouvellement du bail ;
  • soit, si le bailleur ne signe pas un nouveau bail, du versement d'une somme d'argent, généralement égale à la valeur de son fonds de commerce, appelée « indemnité d'éviction ».

 

Le loyer 

A la signature du bail

 

Le loyer initial est fixé librement par le bailleur et le preneur. Le bailleur exige parfois le versement par le locataire d'un « pas-de-porte », somme d'argent versée lors de l'entrée dans les lieux, dont le montant échappe à toute réglementation.

 

Le loyer peut être stipulé :

  • d'avance (auquel cas le dépôt de garantie éventuellement exigé du locataire est égal à 3 mois de loyer) ;
  • ou à terme échu (et le dépôt de garantie est égal à 6 mois de loyer).

 

Si le locataire est amené à verser plus de deux loyers d'avance au titre du dépôt de garantie, les sommes versées portent intérêt à son profit au taux pratiqué par la Banque de France pour les avances sur titre (à titre indicatif, ce taux est de 3,75 % depuis juin 2009).

 

En cours de bail

 

Le loyer est modifié en fonction de la variation de l'indice mentionné au contrat : soit l'indice du coût de la construction publié par l'Insee, soit l'indice des loyers commerciaux (ILC, créé en 2008), soit encore un indice choisi par les parties et qui doit être rattaché directement à l'activité de l'une des parties ou à l'objet du contrat.

 

Outre le paiement du loyer principal, le preneur a l'obligation de rembourser au bailleur les frais et dépenses occasionnés par l'utilisation de l'immeuble (taxes locatives diverses, entretien des parties communes pour les copropriétés, etc.). La répartition des charges entre bailleur et preneur est librement négociée. Les parties peuvent donc prévoir le paiement ou le remboursement par le locataire de dépenses qui incombent au propriétaire des locaux, comme l'impôt foncier.

 

Le loyer du bail renouvelé

 

Son montant correspond à la « valeur locative », légalement définie selon les critères suivants :

  • caractéristiques du local ;
  • destination des lieux ;
  • obligations respectives des parties ;
  • facteurs locaux de commercialité ;
  • prix couramment pratiqués dans le voisinage.

 

Mais les praticiens utilisent davantage le système de « mètres carrés pondérés », qui consiste à affecter un coefficient à la surface réelle des locaux et à appliquer au résultat un prix au mètre carré.

 

La fin du bail commercial

 

En cours de bail

 

  • à l'expiration de chaque période triennale, le locataire peut mettre fin au bail. Toutefois, le contrat peut le priver de cette faculté (il doit alors attendre 9 ans) ;
  • à tout moment, si le locataire ne respecte pas ses obligations (payer le loyer, effectuer les réparations locatives...), le bailleur peut faire résilier le bail commercial. Le bail contient généralement une « clause résolutoire » prévoyant qu'après mise en demeure effectuée par huissier de justice, le tribunal pourra constater la fin automatique du bail ;
  • à l'amiable à tout moment par un écrit signé des deux parties.

 

En fin de bail (expiration de la période de 9 ans)

 

Si le bailleur ne signe pas un nouveau bail, il devra verser au locataire auquel aucune faute n'est reprochée une « indemnité d'éviction ».

 

La loi présume que le refus de renouvellement du bail entraîne la disparition du fonds de commerce, dans la mesure où le locataire risque de perdre sa clientèle.

 

Aussi, en principe, l'indemnité d'éviction doit-elle couvrir la valeur de remplacement du fonds : elle comprend une indemnité principale (qui correspond à la valeur marchande du fonds) et des indemnités accessoires (frais de déménagement et de réinstallation du locataire, plus éventuellement le trouble commercial pour cessation temporaire d'exploitation. Mais elles ne prennent pas compte la valeur du mobilier ou du matériel, qui restent la propriété du locataire).

Articles L. 145-1 et suivants du code de commerce

Un bail commercial est-il obligatoirement fait par écrit ?

 

Non, le bail peut être verbal ; il suffit de s'être mis d'accord sur les locaux loués et le prix.

 

Le locataire commerçant ou artisan bénéficie de la protection du statut des baux commerciaux comme si un contrat était rédigé. Mais il est fortement conseillé de faire un écrit pour pouvoir prouver l'existence du bail en cas de litige avec le propriétaire et pour pouvoir négocier son contenu.

Articles L. 145-1 et suivants du code de commerce

Que se passe-t-il au bout des deux ans, en cas de bail dérogatoire ?

 

Au bout de deux ans, si ni le locataire ni le propriétaire ne bouge, il s'opère automatiquement un bail de 9 ans et le locataire bénéficie des règles sur les baux commerciaux.

Petit glossaire du bail commercial

 

Bail

Contrat de location par lequel le bailleur s'oblige à mettre à disposition du preneur les locaux pendant un certain temps et moyennant un certain prix.

 

Clause d'échelle mobile ou clause d'indexation

Par dérogation à la révision légale (voir infra « ICC » et « ILC »), les parties peuvent choisir cette technique permettant une modification automatique du loyer aux dates préalablement définies dans le bail (généralement tous les ans) en référence à la variation d'un indice, choisi librement, mais qui doit être en relation avec l'activité de l'une des parties ou avec le bail.

 

Congé

Acte par lequel le bailleur ou le preneur met fin au bail.

 

Droit au bail

Droit de jouissance du locataire commerçant ou artisan qui implique notamment le droit au renouvellement du bail sans limitation de durée (à défaut, versement par le bailleur d'une indemnité d'éviction).

 

Fonds de commerce

Ensemble d'éléments permettant à l'entrepreneur d'exploiter de façon indépendante une clientèle propre. Il est composé d'« éléments incorporels » (clientèle et achalandage, nom commercial, enseigne, droits et propriété industrielle littéraire ou artistique, droit au bail) et d'« éléments corporels » (matériel, outillage, véhicules et marchandises).

 

Indice du coût de la construction - ICC 

Indice trimestriel, base 100 au 4e trimestre 1953 (date de sa création). Il est calculé par l'Insee et le ministère de l'équipement. C'est un indice de prix, fondé sur l'observation des marchés de construction, à l'exclusion des autres composantes qui entrent dans le prix de revient des logements neufs (charge foncière, frais annexes de promotion, frais financiers...).

 

Indice des loyers commerciaux - ILC

Créé par la loi de modernisation de l'économie du 4 août 2008 à l'initiative des organisations professionnelles, réunissant propriétaires et locataires comme une alternative à l'ICC, en raison de fortes hausses des loyers des baux commerciaux.

Il est calculé à partir du prix à la consommation (50 %), du coût de la construction (25 %) et du chiffre d'affaires du commerce de détail et de valeur (25 %). Ces trois indices sont publiés par l'Insee. L'ILC concerne les activités commerciales, y compris celles exercées par les artisans.

 

En revanche, sont exclues les activités commerciales exercées dans les locaux à usage exclusif de bureaux, y compris les plates-formes logistiques et les activités industrielles.

Indemnité d'éviction

Due par le bailleur au preneur quand il lui refuse le renouvellement du bail. Cette somme doit compenser le préjudice que subit le preneur de devoir quitter les lieux.

 

Pas-de-porte

Somme d'argent remise au bailleur par le preneur en une seule fois à son entrée dans les lieux. Cette somme n'est pas réglementée ; elle est généralement prévue entre les parties au moment de la signature du bail (elle représente la contrepartie du droit au renouvellement qui est conféré au preneur par le bail ; c'est en quelque sorte un droit d'entrée).

 

Les parties

Le bailleur et le locataire.

 

Plafonnement du loyer

S'applique lorsque le taux de variation du loyer ne peut excéder la variation d'un indice. Pour les baux commerciaux, il s'agit de l'indice du coût de la construction (ICC) ou de l'indice des loyers commerciaux (ILC).

 

Preneur

La personne (physique ou morale) qui prend les locaux en location. On l'appelle indifféremment locataire ou preneur.

 

Révision triennale

Permet en cours de bail, tous les trois ans, de réviser le montant du loyer, à la hausse ou à la baisse. 

Pour plus d’information, contactez votre fédération !

Contenu réservé aux adhérents FFB

  • Profitez aussi de conseils et de soutien

    Des services de qualité, de proximité, avec des experts du Bâtiment qui connaissent vos enjeux métier et vous accompagnent dans votre quotidien d'entrepreneur.

  • Intégrez un réseau de 50 000 entreprises

    La FFB est fière de représenter toutes les entreprises du bâtiment, les 2/3 de nos adhérent(e)s sont des entreprises artisanales.

  • Bénéficiez des dernières informations

    Recevez Bâtiment actualité 2 fois par mois pour anticiper et formez-vous aux évolutions des métiers ou de la législation.

Pour contacter facilement votre fédération et accéder aux prochaines réunions
Vous n'êtes pas adhérent et vous cherchez une information ?