Curage : une nouvelle qualification pour la reconnaissance de l'activité

Le curage consiste en la démolition partielle d'un bâtiment dans le but de réaliser des travaux de rénovation, le démantèlement d'un mur, la préparation pour une démolition ou encore l'assainissement d'édifices anciens. L'activité répond à un double objectif : nettoyer les éléments non porteurs d'un édifice contaminés par certaines substances (amiante, plomb, produits chimiques) pour mettre à nu sa structure, et trier les différents matériaux en fonction de leur nature.

Autrefois, il suffisait d'abattre et de trier rapidement tous les matériaux qui ne relevaient pas de la structure du bâtiment. Il n'existait pas de démolition sélective. Mais depuis une vingtaine d'années, l'activité de curage est soumise à de nombreuses évolutions réglementaires et écologiques. Les obligations de désamiantage ont notamment fait évoluer la profession, à l'instar des opérations de déplombage avant démolition.

Un autre phénomène intervient dans l'évolution de la pratique, c'est la loi du 17 août 2015 relative à la transition énergétique. Elle favorise une logique d'économie circulaire avec le tri des matériaux sur les chantiers afin de permettre leur recyclage, leur revalorisation ou leur réutilisation. Ainsi, avec un curage parfaitement maîtrisé, le tri circulaire se fait de manière optimisée ; il s'intègre et s'organise parfaitement dans l'activité de curage qui a pour objectif de valoriser 70 % des déchets de construction et de démolition d'ici à 2020.

Afin d'organiser les différentes étapes de tri, la logistique du chantier doit être anticipée et préparée dans un souci de sécurité. En effet, le curage est une activité qui présente de nombreux risques car il nécessite de démonter des éléments contaminés notamment par l'amiante et le plomb, qui constituent le plus gros risque d'exposition aux polluants. Le curage occasionne ainsi de nombreuses manœuvres manuelles dans des endroits encombrés.

Un risque supplémentaire est apparu récemment avec la classification de la poussière de silice cristalline comme cancérogène, ce qui entraîne la mise en place de nouvelles précautions de travail, avec l'utilisation de protections collectives par aspiration ou brumisation et, si cela ne suffit pas, l'utilisation de masques. Ces nouveaux risques sanitaires et de santé au travail soulignent encore l'importance de mettre en place des moyens de protection et une organisation spécifiques.

Par ailleurs, le curage peut être sous-traité à des prestataires faisant appel à des intérimaires souvent peu formés aux gestes professionnels et peu sensibilisés aux risques et au tri sélectif. Or, ce dernier implique une forte organisation, menée en amont du chantier par un encadrement formé pour reconnaître et manipuler différents matériaux, les trier et les évacuer dans les règles de l'art.

Dans ce contexte, le SEDDRe-FFB s'est penché sur l'évolution et l'émergence de spécificités du curage. Un métier délicat qui se mécanise en cas de risques importants et qui, par conséquent, se professionnalise. D'où l'importance de sensibiliser les entreprises à l'analyse des risques et à la nécessité de monter en compétences et en sécurité.

Il était donc important, dans ce contexte, que la profession se dote d'une qualification professionnelle. Celle-ci permet en effet de démontrer « la capacité de l'entreprise ou de l'artisan à mettre en oeuvre des ouvrages conformes à la définition de la qualification sollicitée  »¹, grâce notamment à la présence d'au moins un technicien de chantier formé à la prévention des risques liés à l'amiante et habilité à réaliser des tests électriques.

Dans cette optique, le SEDDRe-FFB a également pour objectif de réactiver et d'actualiser le CQP « Préparateur en démolition », en y intégrant un module de formation dédié au curage.