Le monde du BTP n'est pas un repaire de climatosceptiques indifférents à l'état de la planète. Bien au contraire.
Les efforts déployés par nos artisans et entrepreneurs, depuis plus de 10 ans, pour proposer une autre façon de construire et respecter les critères de qualification du RGE sont suffisamment éloquents.
Mais une politique de transition énergétique probante nécessite cohérence et vision de long terme. Tout l'inverse des bricolages actuels qui desservent la cause environnementale.
Pour inciter nos entreprises à utiliser du carburant « propre », les pouvoirs publics décident la fin de l'accès au gazole non routier, alors que nous ne disposons pas d'alternative technique. Là où il aurait fallu concertation avec les industriels et recherche d'une solution durable, on impose à la va-vite un principe intenable.
Pour lutter contre les décharges sauvages et encourager le recyclage des déchets de chantier, le gouvernement envisage la mise en place d'une nouvelle taxe, dans le cadre de la loi « antigaspi », sans prévoir pour autant la multiplication des lieux de collecte, pourtant notoirement insuffisants au niveau local.
Pour résoudre le problème des passoires thermiques, les parlementaires introduisent des « obligations de travaux » dans la loi « Énergie-Climat », sans s'émouvoir dans le même temps que les aides de l'État consacrées à la rénovation énergétique des logements aient été divisées par deux en quelques mois.
Le crédit d'impôt pour la transition énergétique a été maintes fois raboté, ce qui a rendu impossible toute communication claire à l'égard de nos clients. En ce début d'été, nous ignorons d'ailleurs toujours quel sort lui réserve Bercy pour 2020.
Taxer, obliger, punir : c'est un peu court comme politique. C'est surtout contre-productif.
Si l'on veut susciter l'adhésion des Français aux impératifs de la transition énergétique, il est grand temps de renouer avec les incitations financières et cesser d'utiliser l'environnement comme caution à de nouvelles taxes.
Oui, la transition énergétique a un coût pour la collectivité, mais c'est aussi un investissement pour le pays. Les artisans et entrepreneurs du bâtiment sont prêts. Au gouvernement désormais de fixer - d'urgence - un cap clair et une ligne budgétaire réaliste?!
Jacques Chanut
Président de la Fédération Française du Bâtiment