Dans un tel contexte, par ses décisions récentes, le gouvernement endosse le rôle de pompier pyromane… de quoi faire réagir ouvertement la FFB, au nom de la filière.
Tout d’abord, les conclusions du CNR Logement viennent accélérer une crise du logement déjà amorcée, que le ministre chargé du dossier qualifie lui-même de « bombe sociale ». De fait, le PTZ serait une nouvelle fois raboté et l’accompagnement des ménages qui souhaitent investir dans le locatif privé, déjà bien écorné, s’éteindrait fin 2024.
Ensuite, les nombreuses grand-messes sur la décarbonation de notre économie débouchent sur un virage à 180 degrés. De fait, pendant plus de dix ans, les gouvernements successifs ont poussé nos concitoyens à utiliser le gaz pour se chauffer, de préférence après avoir isolé correctement leur logement. Aujourd’hui, c’est l’inverse ou presque : fini le gaz et la vieille chaudière doit être changée en priorité, avant même d’agir sur l’isolation.
Plus globalement, quelle chance se donne-t-on de réussir la transition écologique ? Là où il faudrait investir, chaque année, 48 milliards d’euros de plus jusqu’en 2030 dans les bâtiments — chiffrage issu du très officiel rapport Pisani-Ferry pour France Stratégie —, aucun financement supplémentaire n’est réellement proposé !
Enfin, sur le zéro artificialisation nette (ZAN) des sols, les récents débats parlementaires font craindre le retour à un texte très dur, au détriment du développement économique des territoires et de la construction de logements. Comment peut-on faire fi de l’ampleur des besoins en bâtiment et imaginer qu’il suffit d’attendre un crash de l’immobilier pour que cela se résorbe tout seul ?
Comment peut-on croire que la réindustrialisation se fera sans ouvrir quelques terrains à la construction d’usines et de logements pour les salariés qui y travailleront ? Comment peut-on imaginer que l’on réussira la transition écologique sans accompagnement financier massif des acteurs ?
En l’absence d’une politique nationale du logement, c’est maintenant des territoires que viendra la solution. Les annonces du gouvernement restent, pour l’heure, des annonces ; la mobilisation générale de la FFB doit permettre de les corriger, grâce à l’action des parlementaires et élus locaux, au service de nos concitoyens.
Olivier SALLERON
Président de la Fédération Française du Bâtiment