« Nous avons repris le travail, mais jusqu’à quand ? »

Pouvez-vous nous dire en deux mots quelle activité exerce votre entreprise ?
17:2707/10/2021
Rédigé par FFB Nationale
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Batiment Actualité Numéro 3 | Avril 2020

Pouvez-vous nous dire en deux mots quelle activité exerce votre entreprise ?

Il s’agit d’une entreprise que j’ai rachetée il y a une dizaine d’années. Nous sommes six en permanence et nous effectuons des travaux de plâtrerie/peinture. Nos clients sont des particuliers, des architectes pour des réalisations plus importantes (maison bourgeoise, château…), et nous répondons aussi, dans une moindre mesure, aux appels d’offres des communes environnantes.

Comment vous êtes-vous organisés après l’annonce des mesures de confinement ? Avez-vous fermé l’entreprise immédiatement ?

La situation n’était pas évidente et la décision pas facile à prendre. Nous étions face à l’inconnu, et face à l’inconnu, le premier réflexe est bien évidemment de se protéger. Alors, j’ai rassemblé mes salariés et leur ai décrit la gravité de la situation.

Sur les six collaborateurs, trois ont des enfants. Ils étaient tous tenus, pour des motifs différents, de les garder. Pour sortir de cette impasse, je les ai fait adhérer à la garde d’enfants. Quant aux trois autres, je les ai mis au chômage partiel pendant près de deux semaines.

Depuis la fin de la semaine dernière, nous nous sommes organisés autrement.

Ceux qui étaient au chômage technique ont repris leur travail.

Mais pas n’importe comment. Nous avons pris des précautions individuelles : chacun des trois a un véhicule, du gel hydroalcoolique, un masque réutilisable, parce que nous n’avons pas de stock pour les changer et qu’il est impossible de s’approvisionner. Alors, pour les désinfecter, ils sont régulièrement frottés avec du gel.

Pour le moment, nous puisons les matières premières dans notre stock (peinture et toile), puisque nous ne pouvons pas avoir accès aux distributeurs de matériaux, ou alors l’approvisionnement est très compliqué et incertain.

Au vu des stocks, je dirais que nous pouvons encore travailler une semaine.

Avez-vous eu des difficultés pour mettre en place le chômage partiel ?

J’ai confié le dossier à mon comptable. Mais cela n’a pas été de soi. Il nous a fallu plus de 15 jours d’échanges avec l’Administration. Finalement, ce matin [le 31 mars], nous avons reçu l’accord pour le chômage partiel.

Nous avons aussi des difficultés avec le fisc. Car, pour le report de TVA, les choses ne sont pas claires. Nous avons formulé trois demandes de report, qui ont toutes été refusées. Il semblerait que pour le mois de février, il n’y ait pas de report possible, donc j’ai donné l’ordre de régler la TVA. Pour les petites entreprises comme la mienne, tout cela est hypercontraignant et coûteux, puisque cela rajoute des prestations comptables supplémentaires. Les petites entreprises ont vraiment besoin de simplification administrative ! Le pire, c’est d’être dans le flou, de ne pas savoir quoi faire.

La fédération vous a-t-elle aidé ?

Avant tout, je tiens à remercier très chaleureusement Jacques Chanut pour son implication sans faille à défendre les intérêts des entreprises.

La fédération départementale nous a tenus au courant de l’évolution de la situation à l’instant T, notamment sur Facebook. Alors, là aussi, chapeau bas !

Comment ont réagi vos maîtres d’ouvrage ? Ont-ils stoppé les chantiers ?

Les particuliers propriétaires de grosses maisons (principalement venus de la région parisienne) refusent l’accès à leur demeure, donc pas question de poursuivre les travaux ou d’en entamer.

À côté de cela, nous avons un chantier dans un château dont le propriétaire, absent, nous fait entièrement confiance pour réaliser les travaux, sans qu’il ait besoin de les superviser.

Avec les architectes, nous nous sommes accordés pour ne pénaliser personne. Nous n’avons subi aucune pression pour travailler. Ils nous ont rassurés et ont précisé qu’ils feraient des procès-verbaux, engageraient les démarches de prise en charge si on avait du retard. Ils nous ont aussi aidés à faire passer les règlements, parfois même un peu en avance.

Dans quel état d’esprit sont vos trois salariés qui travaillent actuellement ?

Ils ont une vraie volonté. Lorsque nous avons repris, ils m’ont dit : « On a confiance. » Ils suivent la procédure, car nous, on a besoin de travailler.

Moi, j’essaie de les protéger du mieux que je peux. S’ils ont besoin d’un coup de main, je suis là en renfort. Pas question qu’ils travaillent à deux.

Et vous, quel est votre état d’esprit ? Comment voyez-vous l’activité de votre entreprise ?

Nous allons avoir forcément des décalages de trésorerie, sans parler de la perte. Il est possible que nous ayons besoin de recourir à un prêt relais.

Alors, nous comptons sur les banques pour nous aider. Chez nous, il n’est pas rare d’avoir dehors 50 000-60 000 €. Donc, si les banques nous accordaient un financement à la moitié, avec un taux à 0 %, nous pourrions faire face à ce décalage de deux mois causé par le confinement.

En fait, pour le moment, mon angoisse est plus tournée vers la santé de tous (salariés, clients, moi-même) que vers la perte !

Entretien réalisé le 31 mars avec Jean-Marc Delmas

Dirigeant
SARL Lagorce et Fils
Plâtrrie, peinture

Dordogne • 6 salariés

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