Dans sa dernière enquête sur l’impact du Covid-19, réalisée entre janvier et février, l’observatoire Amarok relève « un niveau d’épuisement jamais observé », « une fatigue à un niveau record » chez les chefs d’entreprise.
Depuis 2012, les quatre items en tête de classement de l’étude sont le sentiment de déception, la lassitude, la fatigue et les difficultés à dormir. Aujourd’hui, il sont détrônés par « l’émergence inédite d’un syndrome d’empêchement et d’un sentiment d’impuissance » chez les chefs d’entreprise.
Ces facteurs conjugués viennent « altérer la vigilance entrepreneuriale qui permettrait de transformer leurs idées en opportunités », explique Olivier Torrès, président de l’observatoire.
« En un an, ils ont perdu en optimisme mais gagné en résilience », estime-t-il. Tout en insistant sur l’importance de se remettre en « dynamique entrepreneuriale », et de ne pas « se résigner à la sinistrose ».
Alors, face à ce sentiment d’impuissance et de perte de contrôle, comment réagir ? Nous vous proposons ici quelques pistes.
Prendre du recul
Agir sous le coup de l’impulsion, donner de l’importance à ses frustrations et les alimenter peut sembler une bonne idée pour se soulager. Mais la colère et le désir de se défouler sont bien plus autodestructeurs que libérateurs. De plus, l’impulsion a comme effet de cristalliser notre pensée et nous faire croire que c’est la bonne et surtout la seule manière possible de penser.
À l’inverse, en prenant du recul, on diminue l’intensité de ses frustrations et on voit qu’il existe d’autres manières d’envisager une situation.
Faire un pas en arrière permet de voir la situation sous un autre angle. On découvre des pistes de solutions qui donnent à nouveau un sentiment de pouvoir sur une situation à première vue compliquée.
Accepter l’incertitude liée à la crise sanitaire
C’est probablement ce qu’il y a de plus difficile à accepter dans cette crise : notre impuissance et notre incertitude face à l’avenir. Pour faire face à cela, il faut apprendre à lâcher prise. Cela n’est pas toujours facile dans une société où tout est réglé et où l’on veut tout contrôler.
Il faut lâcher les habitudes et réflexes de contrôle. Peu à peu, vous vous y habituerez.
Projetez-vous sur de courtes périodes. Certes, cela peut paraître difficile lorsqu’on dirige une entreprise, mais c’est toujours mieux que d’angoisser en tentant de voir à travers le brouillard.
Marc Aurèle, Pensées pour moi-même
« Que la force me soit donnée de supporter ce qui ne peut être changé et le courage de changer ce qui peut l’être, mais aussi la sagesse de distinguer l’un de l’autre. »
Agir là où l’on a du contrôle
Certaines situations sont tellement hors de notre contrôle que le sentiment d’impuissance prend toute la place. Donc, la première étape avant d’agir est bien évidemment d’identifier ce qui est en notre pouvoir et ce sur quoi nous avons du contrôle (pensées, attentes, comportements, actions).
Cesser de ruminer
Face à un environnement inhabituel, l’esprit rumine… et le corps somatise.
Aussi, lorsque l’on cesse de ruminer et de s’acharner mentalement à croire que nous pouvons encore contrôler l’impossible, on est moins stressé et l’on se sent moins impuissant.
Tout simplement parce que l’on est prêt à passer aux deux étapes suivantes : trouver des solutions et demander de l’aide.
Trouver des solutions
Pour faire face à une situation complexe, il faut garder l’esprit ouvert et essayer de nouvelles pistes. Plus on est créatif, plus on rebondit rapidement. Et dites-vous que quoi qu’il arrive, vous trouverez des solutions.
Accepter ses limites et demander de l’aide
Il est parfois difficile de se résoudre à demander de l’aide dans des situations où l’on se sent impuissant, parce que cela est souvent considéré comme un aveu de faiblesse.
Pourtant, connaître et reconnaître ses limites relationnelles ou opérationnelles est plutôt une preuve de caractère et le reflet d’une estime de soi qui ne craint pas le regard de l’autre, ce qui constitue une grande force et évite bien du stress.
Si le sentiment d’impuissance vient d’une situation qui dépasse nos compétences, autant nous entourer des meilleures personnes qui peuvent agir.
Comme on se le répète souvent, seul on va plus vite, ensemble on va plus loin.
Il n’en tient qu’à vous de continuer cette dernière réflexion et de l’appliquer là où bon vous semble.
Pour aller plus loin
« Santé du dirigeant : attention à l’épuisement », publié dans Bâtiment actualité n° 18 du 30 décembre 2020 .
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Enquête réalisée entre le 11 janvier et le 2 février 2021 auprès de 1 065 personnes à la tête de sociétés employant en moyenne 7-8 salariés.