Trouvez la solution avec votre banquier
ENTRETIEN AVEC
Pierre Bocquet
Directeur banque de détail et banque à distance
Fédération bancaire française (FBF)
L'augmentation de l'activité se traduit souvent pour l'entreprise par des charges supplémentaires (salaires, matériaux...), alors qu'elle n'a pas encore reçu le paiement du client.
Ce décalage entre dépense et recette provoque un besoin de trésorerie, avec un risque de situation financière difficile en cas de retard, d'incident de paiement...
Les banques sont les partenaires des TPE/PME pour les accompagner et rechercher ensemble les solutions de financement possibles pour leur trésorerie.
Que doit faire l'entreprise pour éviter tout dérapage de trésorerie?? Y a-t-il un point en particulier à surveiller??
La vigilance et le suivi régulier de la trésorerie sont indispensables.
Pour cela, un tableau de trésorerie simple peut être élaboré : il reprend tous les encaissements et décaissements réalisés, ainsi que les dates d'échéance de ces mouvements.
Il permet au chef d'entreprise d'anticiper et d'identifier les périodes d'excédent ou celles de besoin de trésorerie et donc de connaître le montant des fonds à rechercher.
Face à des décalages, des solutions pratiques de gestion peuvent être mises en place comme la réduction des délais pour les paiements reçus (délai de règlement des factures, traitement des situations de retard de règlement), la négociation avec certains fournisseurs...
En complément de ces bonnes pratiques de gestion, quels sont les outils à sa disposition??
Plusieurs solutions peuvent être proposées aux entreprises pour faire face et financer un besoin à court terme : les crédits de trésorerie ou la mobilisation de créances, qui ne s'applique que pour des marchés avec d'autres entreprises ou des administrations.
Avant de mettre en place ces solutions, l'entrepreneur doit exposer sa situation et ses perspectives à son conseiller bancaire, afin qu'ils analysent ensemble les réponses de financement adaptées.
Les crédits de trésorerie (facilité de caisse, découvert autorisé, ligne de crédit...) permettent à l'entreprise de fonctionner ponctuellement avec un compte bancaire débiteur, par exemple pour un règlement urgent et imprévu ou le retard de paiement d'une facture par un client.
La mobilisation de créances (en tant que telle ou bien sous forme d'escompte ou d'affacturage) permet de recevoir en avance tout ou partie des règlements des factures adressées à ces clients, uniquement lorsqu'il s'agit de professionnels ou d'administrations.
À la Fédération bancaire française (FBF), nous participons à l'information des TPE et PME sur ces solutions possibles : nous avons élaboré une collection de quatre miniguides sur le financement à court terme.
Comment mettre tous les atouts de son côté pour obtenir ce genre de financement??
L'échange et le dialogue entre l'entrepreneur et son banquier sont fondamentaux : ils permettent de construire l'indispensable relation de confiance entre partenaires.
Différents documents et tableaux de bord peuvent faire l'objet de discussions lors d'entretiens programmés (dernier bilan comptable, plan de financement...).
C'est pourquoi l'une des préconisations adoptées par la FBF en juillet 2016 prévoit que les banques proposent à leurs clients TPE et PME un rendez-vous annuel systématique, notamment pour faire le point sur la trésorerie et les besoins de financement à court terme.
Nous mettons aussi en avant l'anticipation comme élément fort et positif de la relation banque - TPE/PME. Plus tôt l'entrepreneur communique sur ses opportunités ou sur les difficultés rencontrées, voire possibles, plus le banquier et lui pourront trouver ensemble des solutions appropriées.
D'ailleurs, la FBF a travaillé avec la FFB et d'autres organisations professionnelles sur une fiche répondant aux questions spécifiques des TPE et PME du bâtiment?; elle sera très prochainement publiée sur les sites des organisations.
La moitié des crédits aux entreprises en France sont accordés aux TPE/PME : 385 milliards d'euros à fin 2016, en progression de 2,7 % sur l'année.
Le contexte est favorable à l'investissement et à la trésorerie : 9 PME sur 10 ont obtenu les crédits d'investissement demandés et 84 % pour les crédits de trésorerie, avec des taux toujours bas.
La croissance annuelle de l'encours des crédits aux TPE est encore plus forte (+ 4,1 %) : les banques ont accordé 57 milliards d'euros de nouveaux crédits aux TPE en 2016.
Pour plus d'informations :
Évitez les retards de paiement fournisseurs
ENTRETIEN AVEC
Fabrice Pesin
Médiateur national du crédit
Qu'est-ce que l'assurance-crédit??
L'assurance-crédit est une assurance qui garantit une entreprise contre le risque d'impayé de ses clients.
Elle constitue un véritable enjeu pour toutes les entreprises, quels que soient leur taille ou leur secteur. Pour les fournisseurs, elle contribue à la réduction des risques du poste clients. Pour les acheteurs, elle facilite l'obtention de délais de paiement.
Pouvez-vous nous dire un mot du guide mis en place par la médiation du crédit??
L'assurance-crédit pour tous est un guide opérationnel et inédit qui s'adresse à toutes les entreprises, qu'elles soient « assurées-crédit » ou non.
Il explique le fonctionnement et tous les enjeux de l'assurance-crédit.
Fruit de l'expérience accumulée par la médiation du crédit et d'un travail collectif avec les assureurs-crédit et les fédérations professionnelles, dont la FFB, ce guide propose d'accompagner le dirigeant dans la gestion de son poste clients et dans ses relations avec les assureurs-crédit, au travers de huit fiches pratiques détaillées.
Tous les dirigeants sont concernés par l'assurance-crédit, les entreprises combinant à la fois un statut de fournisseur et un statut d'acheteur.
Quelles sont les bonnes pratiques à retenir pour un entrepreneur de bâtiment??
L'opinion que les fournisseurs se font de l'entreprise, de sa solidité financière comme de sa capacité à respecter ses engagements de paiement se forge sur la durée. Aussi, entretenir des relations de confiance avec les fournisseurs, soigner de façon régulière la communication avec eux est fondamental.
Cependant, un assureur-crédit peut réévaluer son opinion sur l'entreprise et informer ceux qui, parmi les fournisseurs, sont assurés auprès de lui.
C'est dans ce nouveau contexte que les fournisseurs vont décider de revoir ou non les délais de paiement qu'ils accordaient jusqu'ici.
Dans ces circonstances, il faut aussi savoir dialoguer directement avec l'assureur-crédit, même s'il n'y a aucune relation contractuelle avec lui. Et il faut savoir le faire régulièrement, la notation des assureurs-crédit pouvant varier plusieurs fois dans l'année.
Le chef d'entreprise peut s'abonner gratuitement aux portails d'information des assureurs-crédit pour avoir accès à la tranche de montant garanti accordée par chacun d'entre eux à l'entreprise.
En cas de dégradation de l'appréciation par l'assureur-crédit du risque que représente l'entreprise, donc de réduction ou de résiliation des lignes de garantie, cet assureur-crédit adresse au dirigeant un message l'invitant à se connecter au portail d'information en ligne.
Il a alors accès à la nouvelle tranche de montant garanti par l'assureur-crédit.
Un contact lui permet d'obtenir des explications sur les éléments ayant conduit l'assureur-crédit à revoir son appréciation.
Face à une demande de renseignements de la part d'un assureur-crédit, il est important de répondre et de fournir les documents demandés, faute de quoi l'assureur-crédit risque de tirer des conclusions négatives non fondées sur la santé financière de l'entreprise.
Il est essentiel de fournir spontanément et régulièrement des documents - accompagnés de notes explicatives - qui permettent de justifier la situation financière.
Même (et surtout) en cas de difficultés passagères ou de problèmes de trésorerie, il ne faut pas hésiter à contacter les assureurs-crédit pour expliquer sa situation et tenter de remédier à une éventuelle réduction d'encours.
Une prise de contact anticipée du chef d'entreprise sera appréciée.
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Bilan 2016 de la médiation du crédit
1 638 dossiers instruits, dont 15 % du BTP.
Motif le plus courant : dénonciation de découvert.
Taux de réussite : 64 %.
12 768 emplois préservés.
183 millions de crédits débloqués.