La reprise assez rapide de l’activité constitue la bonne nouvelle du moment. De fait, selon la dernière enquête des cellules économiques régionales de la construction, à la fin mai, 85 % des salariés et intérimaires (en équivalent temps plein) du secteur avaient retrouvé le chemin de 83 % des chantiers de bâtiment.
La réalité du terrain confirme bien tout ce qu’il y avait de révoltant à accuser les artisans et entrepreneurs du secteur de défaitisme face à la crise sanitaire.
Mais cette bonne nouvelle comprend aussi un aspect plus inquiétant : les conditions de la reprise. Un chiffre permet de l’illustrer : seuls 52 % des chantiers actifs à la fin mai affichaient un niveau d’activité normal. Autant dire que la perte de productivité va provoquer un allongement des délais de réalisation de nombreuses opérations.
Or, cette perte de productivité peine à s’imposer dans les échanges préalables à la reprise d’activité. Ainsi, 87 % des entreprises interrogées déclarent supporter l’intégralité des surcoûts et, dans les cas plus favorables, on évoque régulièrement des chantiers renégociés avec une hausse de 1,5 % des prix au mieux, alors que la FFB estime le surcoût global aux environs de 10 % !
Le problème devient d’autant plus ardu que le gouvernement a décidé d’un allongement de l’état d’urgence sanitaire jusqu’au 10 juillet, sans proroger la phase de gel des pénalités de retard, maintenue jusqu’au 23 juin pour les marchés privés et jusqu’au 23 juillet pour les marchés publics.
Cette situation est profondément injuste. Alors que la prise en compte de l’activité partielle va être rabotée, les chefs d’entreprise se trouvent face à une alternative folle : risquer de se saborder maintenant en refusant de reprendre les chantiers à des conditions trop défavorables ou bien risquer de sombrer dans quelques mois pour avoir relancé les chantiers sans véritablement traiter la question des surcoûts.
La FFB va donc durcir le ton auprès des représentants des donneurs d’ordre, pour leur rappeler les risques qu’ils prennent à minorer les surcoûts réels, et auprès du gouvernement, pour que le bâtiment bénéficie d’une annulation de mois de charges sociales au titre de l’effort de santé publique qu’il porte un peu seul.
Le combat continue !
Jacques Chanut
Président de la Fédération Française du Bâtiment