Étanchéité à l'air : l'art de travailler ensemble

Après environ trois ans d'application de la RT 2012, comment les entreprises s'organisent-elles pour traiter l'étanchéité à l'air des constructions ? Pour Gilles Belvalette, gérant de l'entreprise Belvalette à Rieux (Oise), spécialisée en plâtrerie, plaques et isolation, « cela doit être, en grande partie, traité au niveau de l'enveloppe. Mais il ne faut surtout pas négliger la phase de préparation de chantier. Échanger avec le plombier, l'électricien et l'entreprise de génie climatique avant travaux est indispensable pour appréhender les différentes incorporations dans nos ouvrages - gaines, chemins de câbles, canalisations, ventilation… »

La pratique évolue

En plafond d'une maison individuelle, « avec solivage et pose d'une ossature métallique, les précautions sont élémentaires : il s'agit de traiter avec des produits adaptés tous les points singuliers, notamment dans le cas où une membrane est mise en œuvre ». En tertiaire, une des solutions peut consister à réaliser un double plafond. La paroi supérieure assure l'étanchéité à l'air ; celle inférieure, classique, crée un espace qui sert de plénum technique et reçoit les différents réseaux. « Il faut, pour cela, bien dimensionner l'ensemble », poursuit Gilles Belvalette. Le doublage des murs requiert de la maîtrise. « Avec une contre-cloison sur ossature métallique, les câbles peuvent assez facilement être incorporés entre l'isolant et le parement. En revanche, les complexes de doublage sont plus problématiques. De notre côté, nous privilégions le passage des réseaux électriques en gaines plates et minces, sur le support dans l'épaisseur des plots de colle, ce qui permet de ne pas altérer l'isolant. » Les électriciens ont adopté les réflexes d'utiliser des scies-cloches au bon diamètre, d'approvisionner les chantiers en boîtiers muraux étanches et bouchons pour les extrémités de fourreaux… « D'autres solutions existent ; elles sont décrites dans le NF DTU 25.42 pour les incorporations dans les complexes de doublage, ou dans certains avis techniques, notamment pour le passage dans l'isolant côté chaud au moyen de thermo-furet. En quelques années, le savoir-faire a suivi le niveau d'exigence », reconnaît Primiano Sdéo, électricien de l'entreprise Télécoise, basée à Beauvais (Oise). Mais il reste selon lui des freins à lever : « Les descriptifs de missions mériteraient d'être plus précis sur les limites de prestation des titulaires de lots, et ces exigences n'intègrent pas toujours les coûts des produits, souvent très spécifiques. »Gilles Belvalette cite pour sa part quelques points singuliers encore récurrents en matière de traitement de l'étanchéité à l'air : les trappes de visite des combles et des gaines techniques, les sorties extérieures, les passages techniques, les sonnettes… Selon lui, contrôles et autocontrôles des ouvrages contribuent aussi à améliorer le résultat final. « Trois tests d'étanchéité à l'air sont nécessaires : le premier, dans le cadre de la réception des supports après la mise hors d'eau, hors d'air, pour fournir un bilan précis des corrections à appliquer ; le deuxième, après les travaux des plaquistes, électriciens, plombiers et menuisiers, pour révéler les très petites fuites ; et le dernier, réglementaire, avant réception. » Primiano Sdéo propose aussi les tests avec cloisons de distribution simplement équipées des gaines et boîtiers, sans appareillages, pour discerner les défauts et intervenir rapidement. Il note cependant la diversité de comportements des organismes de contrôle, les uns apportant leur concours aux entreprises, les autres non. « Les pratiques évoluent, mais il reste des axes d'amélioration. »