En construction traditionnelle (maçonnerie), la pose des portes extérieures piétonnes et des fenêtres s'effectue après la réalisation du gros œuvre et de façon complètement indépendante, pour peu que la baie ait été réalisée dans le respect des tolérances de largeur, de hauteur, d'aplomb, de niveau... définies dans les NF DTU. La logique est différente avec les ouvrages en ossature bois. Car les lots du charpentier, du menuisier et parfois du bardeur s'interpénètrent et leurs interventions sur chantier se superposent (à moins que les menuiseries soient directement intégrées aux parois en atelier). La logique diffère surtout sur un sujet déterminant pour la performance thermique de l'ouvrage : le calfeutrement d'étanchéité de la menuiserie, qui peut être réalisé par le menuisier ou le charpentier, voire les deux en fonction du type de menuiserie et du mode de pose (voir encadré).
Sensible aux questions d'étanchéité
La problématique de l'allotissement ne se pose pas pour l'entreprise ACB d'Arzal (Morbihan), que dirigent depuis 2012 Romain et Vincent de Lavalette, car son offre englobe charpente, menuiserie et ossature bois. « Nous sommes très actifs sur les projets d'extension de maisons de toute la zone côtière entre Vannes et La Baule », explique Romain de Lavalette, qui précise : « Nous fabriquons nos murs avec les pare-pluie et les liteaux, mais pas les menuiseries extérieures, que nous achetons et posons sur chantier après l'achèvement de la couverture. » Avec les menuiseries, la difficulté est l'étendue de l'offre et la diversité des systèmes de pose, qui varient d'un fabricant à l'autre. Les critères de sélection d'ACB sont simples. Ils consistent d'abord à choisir des menuiseries conformes, dont le classement AEV est performant et dont le système de fixation permet une bonne mise en œuvre du pare-vapeur ; puis à vérifier que les tapées d'isolation sont suffisantes pour pouvoir inclure un bloc-baie demi-linteau dans l'épaisseur du mur à ossature bois de 145 mm.
Dans son choix, l'entreprise s'en tient à des modèles classiques et suit les habitudes de travail locales. Elle n'a par exemple jamais utilisé de fenêtres avec encadrement de baie intégré, et réalise elle-même les habillages de tableau, soit en retour de bardage, soit en planches pleines. « La difficulté n'est pas dans la pose, poursuit Romain de Lavalette, mais dans l'étanchéité à l'eau et à l'air du montage, jamais normée jusqu'ici mais cause bien réelle de sinistralité, comme le prouve la réticence des assureurs en matière de garantie décennale des ouvrages en ossature bois. »
Pour éviter tout souci d'étanchéité dans le montage, Romain et Vincent de Lavalette ont développé leur propre façon de faire à partir des informations recueillies lors des réunions techniques organisées par la FFB. Celles-ci leur ont permis de connaître et d'appliquer un certain nombre de bonnes pratiques et de préconisations du guide RAGE Intégration des menuiseries extérieures dans les parois à ossature bois1. Ils ont mis aussi à profit leurs échanges fréquents avec les architectes, « qui sont parfois très sensibilisés aux questions d'étanchéité », ou encore avec certains fournisseurs qui font preuve d'une véritable expertise dans la problématique des flux d'air et la technique des membranes (pare-vapeur).
PRÉCAUTIONS DE LA CONCEPTION À LA LIVRAISON
La procédure maison d'ACB commence à la conception. Les réservations des portes et des fenêtres sont prévues dans les plans de fabrication, afin que les baies soient à l'exacte dimension des menuiseries. En fabrication, ACB met en place entre les chevêtres des seuils en bois qui sont de véritables pièces d'appui équipées d'un rejingot, sur lequel viendra s'établir la traverse basse du dormant de la fenêtre. « Avant d'installer la menuiserie, nous appliquons et collons sur ce seuil un capotage en aluminium plié et façonné, de la couleur de la fenêtre. Celui-ci remonte au-dessus du rejingot, bloquant tout passage d'eau et d'air, et de chaque côté du tableau derrière les habillages latéraux, afin de protéger la partie basse du pare-pluie. Enfin, un scotch est appliqué pour achever l'étanchéité à l'eau. »
La même attention portée à la liaison dalle-paroi conduit ACB à demander aux maçons de réaliser sur tout le pourtour de la dalle en béton un surbot de 15 mm de haut suivant réservation de chape sur 15 mm de large, qui améliore l'étanchéité du pied de paroi. « Ce petit seuil en dur au niveau des portes est aussi plus efficace contre les fuites et plus résistant que des éléments rapportés », souligne Romain de Lavalette.
Ultime étape : à l'issue de la pose des menuiseries et des raccordements du pare-pluie et du pare-vapeur - et avant de céder la place aux corps d'état -, ACB demande à l'architecte de procéder à un test d'étanchéité à l'air.
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Guide à télécharger sur www.bit.ly/1VfNzP1