Four banal à Leyrieu, colombier de Biaune à Lagnieu, lavoir à Optevoz, maison d'habitation à Saint-Hilaire de Brens... Depuis 2012, les réhabilitations de toitures en lauze refleurissent au nord de l'Isère. Cette renaissance est due à l'entreprise Moyne Tradition, implantée à Leyrieu (Isère), qui s'est réappropriée les gestes de ce savoir-faire ancestral, en passe de disparaître : la toiture en lauze se compose d'une robuste charpente en peuplier ou en chêne, sur laquelle reposent les lauzes, des dalles de pierre de schiste ou calcaire savamment choisies, taillées, posées, calées et immobilisées une à une par leur propre poids, afin de garantir l'étanchéité de la couverture. « En redonnant vie à ce matériau, notre objectif était la conservation de notre patrimoine architectural régional et la transmission de ce savoir-faire aux générations futures, déclare Azucena Hernandez, dirigeante de l'entreprise de charpente/couverture. Cette démarche présente aussi des enjeux touristiques, et de développement de notre économie locale. » Si les premiers chantiers ont été réalisés en récupérant la lauze existante, Moyne Tradition a également entrepris des recherches pour réapprendre les techniques d'extraction de la lauze et de la pierre d'ornement en carrière.
En 2015, elle a obtenu, avec le soutien des élus locaux, une autorisation d'extraction de la lauze par l'exploitant dans une carrière voisine à Annoisin-Chatelans, garantissant ainsi son approvisionnement en matériau. L'extraction manuelle et la mise en œuvre artisanale, exigeante et patiente de la lauze en font une technique au coût élevé mais au rendu sans égal. Son inscription dans le développement durable - de l'approvisionnement en circuit court à une durabilité d'environ un siècle - et son potentiel architectural ont convaincu les pouvoirs publics, qui subventionnent les travaux réalisés par des particuliers sous la forme de crédit d'impôt, accordés via la Fondation du Patrimoine, et pour les collectivités sous forme de subventions.