« Un soir, l'âme du vin chantait dans les bouteilles », écrivait Baudelaire dans Les Fleurs du mal. Subtil assemblage de couleurs, d'arômes et d'onctuosité, cette âme, nous avons l'habitude de la révéler en faisant tourner le vin dans un verre. C'est précisément ce mouvement que les architectes Anouk Legendre et Nicolas Desmazières, de l'agence XTU Architects, ont voulu illustrer en dessinant pour la Cité du vin de Bordeaux un bâtiment tout en rondeurs.
Nouveau phare du quartier en rénovation des Bassins à flots, sur la rive gauche de la Garonne, ce musée qui a ouvert ses portes le 1er juin dernier a représenté un défi de taille pour les entreprises ayant participé à sa construction. Haut de 55 m, long de 85 m et développant une surface de 14 000 m², l'ouvrage, d'une géométrie très complexe, est habillé d'une vêture en verre et métal soutenue par une charpente en bois (faite, entre autres, de 128 épines et 574 arcs en lamellé-collé, tous de formes différentes), le tout reposant sur une ossature de 9 000 m³ de béton. Pour relever ce défi, le groupement du lot clos couvert (Soletanche Bachy pour les fondations, GTM Bâtiment Aquitaine pour le gros œuvre, Arbonis pour la charpente, Garrigue pour la menuiserie et les murs rideaux, Smac pour la couverture, l'étanchéité et la vêture composite et Coveris pour la vêture verre) ont dès le départ modélisé l'ouvrage en maquette numérique 3D, et partagé leurs données dans le cadre d'une démarche BIM (Building Information Modeling). En phase chantier, compte tenu des précisions millimétriques à respecter pour la pose de l'enveloppe, le béton, une fois coulé, a même été scanné en 3D afin de retravailler la maquette numérique en fonction de la surface réelle du bâtiment. Cela a permis, avant de les usiner, de redessiner toutes les ferrures reliant le béton à la charpente, et ainsi de respecter les tolérances de fabrication et de pose de la charpente.