Mener de front la gestion d'une entreprise de neuf salariés avec la préparation — et la réussite — au concours de Meilleur ouvrier de France, c'est possible. Passionné par son métier et par la recherche de l'excellence dans l'exercice de son art, Florent Boissarie, dirigeant de la société Plâtrerie Rochelaise, en a fait la démonstration en remportant au printemps 2015 dans la catégorie plâtrerie-gypserie ce prestigieux titre décerné tous les trois à quatre ans, aux côtés de 224 autres lauréats issus de toutes professions (alimentation, restauration, bijouterie, travail du métal…), dont une quarantaine dans le secteur de la construction. Issu d'une famille n'ayant aucun lien avec le bâtiment, mais désireux d'apprendre un métier correspondant à son appétit pour le travail manuel, le futur maître en décors de stuc et de staff entre en 1993, à l'âge de 15 ans, chez les Compagnons du devoir pour y commencer une formation de plâtrier. Un métier choisi un peu par hasard, se souvient-il, « mais je savais que chez les compagnons, où régnait une certaine discipline, on me dispenserait une formation de qualité ». Dix ans durant, le jeune homme se forme à l'occasion d'un tour de France le conduisant successivement à Albi, Strasbourg, Pont-de-Veyle à côté de Mâcon… L'apprentissage de son métier l'amène aussi, en 1998, à passer un an en Allemagne, où il découvre des techniques différentes de l'isolation intérieure. « Par exemple à cette époque, l'isolation thermique par l'extérieur était déjà couramment utilisée outre-Rhin. » De retour en France, l'ancien élève devient enseignant en plâtrerie dans un centre de formation d'apprentis de Nantes. Là, il transmet son savoir à une quinzaine de jeunes. Puis il crée sa propre entreprise en 2007, à La Rochelle en Charente-Maritime. Et quelques années plus tard, Florent Boissarie se lance un nouveau défi en s'inscrivant au concours de Meilleur ouvrier de France.
Mais comment assurer la conduite de son entreprise tout en préparant une telle épreuve, en dégageant plus de 400 heures de travail pour réaliser les deux maquettes à thème art déco imposées aux finalistes (l'une faite à domicile, l'autre dans un centre de formation d'apprentis lyonnais) et destinées ensuite à être assemblées?? « Je me suis imposé une grande rigueur. Je m'occupais uniquement de la société dans la journée, je consacrais les soirées et les week-ends à préparer le concours dans mon atelier. Et quand je devais m'absenter pour participer à des épreuves, je confiais les rênes de la société à ma femme et à un conducteur de travaux. »
« Au total, poursuit l'entrepreneur, c'était un très gros investissement. » Mais l'effort a payé. Grâce à la notoriété acquise avec le titre de Meilleur ouvrier de France, Florent Boissarie a pu diversifier son activité (plaques de plâtre, plafonds acoustiques…) en y ajoutant des réalisations artistiques : corniches, rosaces ou escaliers sur voûte sarrasine. Pour ce faire, il a créé une seconde entreprise, La Gypserie, qui s'adresse au marché de la restauration du patrimoine et à une clientèle de particuliers en recherche de prestations haut de gamme. Les débuts sont prometteurs. En restauration du patrimoine, l'entrepreneur a pu commencer à nouer un réseau avec des menuisiers ou tailleurs de pierre ayant pignon sur rue. Et en clientèle privée, il s'apprête à réaliser un chantier aux États-Unis, en lien avec un décorateur parisien.