Aborder le sujet de l'excellence dans le bâtiment revient souvent à évoquer des concours comme L'un des meilleurs ouvriers de France, L'un des meilleurs apprentis de France ou les Olympiades des métiers. Bien qu'elles mettent sur le devant de la scène des jeunes et des professionnels d'exception — consacrant au passage une vision élitiste —, ces manifestations ne suffisent pas à valoriser nos métiers et attirer à eux les jeunes dont ils ont besoin. Entre 2008 et 2016, rappelons-le, le nombre de jeunes entrant en apprentissage dans le bâtiment a diminué de moitié. Trop éphémère, l'intérêt des médias pour les champions lauréats des concours ne contribue que faiblement à la connaissance de nos métiers. Qui aujourd'hui, dans le grand public, serait capable de citer par exemple les huit métiers qui composent le savoir-faire et la richesse de la métallerie ?
Dans le monde en mutation accélérée qui est le nôtre, je crois que l'on ferait fausse route en prétendant valoriser ou promouvoir nos métiers sur le seul exemple de la performance individuelle. L'excellence qu'il faut remettre dans la lumière et sur laquelle nous pourrons nous appuyer pour rendre de l'attractivité au bâtiment est aussi ailleurs. Précisément dans tout ce qui permet à nos entreprises d'exister, de s'adapter et de prospérer, et qui est indissolublement lié à l'activité quotidienne, aussi humble soit-elle en apparence.
Cette excellence qui n'a pas de médaille est le propre de l'artisan plombier qui met son point d'honneur à réaliser une simple réparation pour satisfaire son client. Elle est chez le chef d'entreprise qui s'engage personnellement pour la réussite de la formation d'un apprenti ; dans l'entreprise qui s'organise pour que chacun trouve sens et satisfaction à son travail ; chez l'entrepreneur qui a l'audace de remettre en cause des formes de management héritées du passé qui ne sont plus adaptées à la réalité actuelle du travail ; chez celui qui n'a pas peur d'investir pour se mettre à l'heure du BIM. Cette excellence est encore dans l'innovation, les savoir-faire de pointe et les réalisations de prestige ; elle est dans la transmission des compétences et dans l'ascenseur social qui sont et restent une vraie marque de la culture du bâtiment.
Ce constat et ces convictions qui s'enracinent dans l'expérience et, pourquoi ne pas le dire, dans la passion, sont à l'origine du projet Excellence qu'a impulsé Jacques Chanut, le président de la FFB, en 2015, et qu'il m'a demandé de conduire avec l'aide d'Armel Le Compagnon, le président de la commission formation. Depuis cette date, nous avons partagé et confronté nos idées avec celles de chacune des entités de la FFB : fédérations départementales et régionales, Unions et Syndicats de métiers. Ces échanges et la matière recueillie sont apparus si riches qu'il a souvent fallu se revoir. La synthèse en sera prochainement restituée, non pas pour proposer une démarche derrière laquelle tous devraient se ranger, mais pour que tout — idées, projets, outils — soit mis à la disposition de tous dans un vaste mouvement de fertilisation croisée. De sorte que chacun puisse devenir un héraut de l'excellence de nos métiers.
