Au fil des années, le thème de la qualité de l'air intérieur a pris une place croissante dans l'actualité, au point de devenir une question de santé publique. Nous passons environ 80 % de notre temps dans des lieux clos, qu'il s'agisse d'établissements recevant du public (ERP), de bâtiments professionnels (bureaux, commerces) ou privés (logements individuels ou collectifs). Or, l'avancée des connaissances a mis en évidence un nombre croissant de polluants présents dans les bâtiments et responsables de pathologies diverses. Ainsi, les composés organiques volatils (COV) sont le plus souvent à l'origine d'irritations des yeux et des voies respiratoires. Plus grave : certains polluants peuvent être neurotoxiques, avoir des effets sur la reproduction (pesticides, phtalates...), voire être classés « cancérogènes certains » (formaldéhydes, benzène). Par ailleurs, un air saturé en CO2 provoque des maux de tête et un sentiment d'inconfort, et un air insuffisamment renouvelé, associé à un taux d'humidité élevé, génère des moisissures reconnues pour provoquer des pathologies allergiques et respiratoires (dont l'asthme chez les jeunes enfants). Finalement, la mauvaise qualité de l'air intérieur a un coût exorbitant pour la collectivité, évalué dans une fourchette basse à 19 milliards d'euros par an(1), dû notamment aux conséquences sanitaires, arrêts maladie et coût des médicaments, mais aussi à la sinistralité dans les bâtiments, liée le plus souvent à un taux d'humidité excessif qui entraîne une dégradation du bâti.
Pour remédier à la situation, les pouvoirs publics ont pris des initiatives dans le cadre du Plan d'actions sur la qualité de l'air intérieur. À titre d'exemple, le décret du 2 décembre 2011 a défini des valeurs guide pour l'air intérieur (VGAI), établies par l'Agence nationale de sécurité sanitaire (ANSES), pour deux polluants identifiés comme cancérogènes : le formaldéhyde et le benzène. Ce sont ces valeurs guide qui définissent les seuils au-delà desquels des effets sur la santé des occupants peuvent être constatés.L'Observatoire de la qualité de l'air intérieur (OQAI) a rendu public, en juin dernier, les résultats d'une campagne de mesure réalisée entre 2013 et 2017 sur un échantillon représentatif de 301 écoles maternelles et élémentaires en France. Cette campagne montre que la qualité de l'air dans les écoles est globalement assez satisfaisante, puisque la très grande majorité d'entre elles respectent les valeurs guide réglementaires en formaldéhyde et benzène. Quatre points de vigilance ont cependant été détectés. Ils concernent le confinement de l'air (concentration excessive de CO2 liée à une aération/ventilation insuffisante), les particules, les composés organiques semi-volatils dans l'air, et le plomb dans les peintures. Cette étude s'inscrit dans le contexte d'entrée en vigueur de la nouvelle réglementation qui impose, depuis le 1er janvier 2018, une extension progressive de la surveillance de la qualité de l'air dans les ERP (lire encadré 'Une réglementation spécifique aux ERP').
«Dans l’objectif de faire baisser les consommations énergétiques, la priorité a été donnée à des enveloppes de plus en plus étanches qui exigent une ventilation plus performante.»
Régis Croguennoc, responsable recherche & développement chez Trecobat (Lannilis, Finistère)
80%
C'est le temps passé dans des lieux clos, qu'il s'agisse d'établissements recevant du public (ERP), de bâtiments professionnels (bureaux, commerces) ou privés (logements individuels ou collectifs).
19MD€
C'est le coût estimé de la mauvaise qualité de l'air intérieur (conséquences sanitaires et sinistralité des bâtiments).
VENTILATION ET QAI :UN POTENTIEL SOUS-EXPLOITÉ
Les bâtiments sains sont ceux où la ventilation fonctionne. Celle-ci est donc le premier levier sur lequel peuvent agir les professionnels. Dans les bâtiments tertiaires, la ventilation est régie par le règlement sanitaire départemental. Ce texte distingue les locaux « à pollution spécifique » et « à pollution non spécifique », et définit des débits minimaux d'air neuf en prenant comme seul critère le volume de CO2 produit par le nombre d'occupants, sans tenir compte des COV émis par les produits de construction, les peintures ou les meubles, dont le rôle est aujourd'hui avéré. Dans les logements, le texte de référence est l'arrêté de mars 1982, modifié par l'arrêté du 28 octobre 1983, qui fixe un principe d'aération générale, pour maintenir un taux d'hygrométrie satisfaisant - entre 40 et 70 % pour une température située entre 18 et 22 °C - au moyen de débits minimaux à renouveler, des pièces principales vers les pièces de service, quel que soit le type de ventilation, et en fonction du nombre de pièces du logement.
Cependant, ce cadre réglementaire a été mis à mal, en particulier pour les maisons individuelles, par l'arrivée des réglementations thermiques successives. « La RT 2005 et surtout la RT 2012 ont généré des exigences contradictoires : dans l'objectif de faire baisser les consommations énergétiques, la priorité a été donnée à des enveloppes de plus en plus étanches, qui, par définition, exigent une ventilation plus performante, explique Régis Croguennoc, responsable recherche & développement chez Trecobat (Lannilis, Finistère), l'un des leaders français de la construction de maisons individuelles. Résultat : les systèmes de ventilation ont été dimensionnés au plus juste pour consommer le moins possible, et ils n'assurent pas le renouvellement nécessaire à une bonne qualité de l'air intérieur. » Comme le rapporte le Livre blanc de la ventilation, publié en mai 2018, 58 % des logements neufs présentaient, en 2015, des non-conformités aux exigences de la réglementation relative à l'aération des logements(2). Le même document rappelle que les dysfonctionnements des systèmes de ventilation sont une cause majeure de dégradation du bâti, attribuée à des problèmes de condensation dans 42 % des cas en logement collectif, et dans 51 % en maison individuelle.Face à un parc de logements à la ventilation inadaptée et sous-dimensionnée, la ventilation double-flux - qui a pour principe de récupérer les calories contenues dans l'air vicié expulsé pour chauffer avec moins d'énergie l'air froid insufflé dans le logement - constitue une solution. « Cette technologie, très intéressante sur le plan énergétique et sanitaire puisqu'il est possible de filtrer les polluants qui arrivent de l'extérieur par une bouche unique, n'équipe qu'une infime partie des maisons individuelles, de l'ordre de 1 %, en raison de son coût et de sa consommation supérieure à une ventilation simple flux, souligne Laurent Henry, gérant de Ventil Pur Habitat à Haubourdin (Nord). En complément des enveloppes très performantes, elle devrait logiquement figurer parmi les premiers équipements d'énergie renouvelable. » Autre frein à sa plus grande diffusion, la VMC double flux génère davantage de contraintes pour l'architecte et le concepteur de la maison individuelle, notamment pour intégrer les gaines de ventilation dans le bâti. Elle apparaît toutefois comme un facteur de progrès pour la qualité de l'air intérieur, en particulier dans les maisons à enveloppe « sans erreur », comme le montrent les résultats obtenus dans d'autres pays européens où elle est beaucoup plus répandue.
Permettre à la ventilation de jouer tout son rôle dans la qualité de l'air
«Tout le monde reconnaît que la ventilation est un levier essentiel pour améliorer la qualité d’air intérieur, mais je crois que nous pouvons faire beaucoup mieux collectivement dans différents domaines (prescription, dimensionnement, installation, maintenance…), car des études montrent que les logements ne sont pas aujourd’hui correctement ventilés. Pour cela, nous croyons beaucoup à l’instauration d’une obligation de résultat, par la réception réglementaire des systèmes de ventilation dans le neuf, pour contrôler le débit d’air effectif dans chaque pièce. Dans la rénovation, il serait judicieux d'inscrire l’installation de systèmes de ventilation thermodynamiques, qui récupèrent les calories de l’air expulsé, parmi les énergies renouvelables, et de les intégrer dans les bouquets de travaux soutenus par les aides publiques, en commençant par exemple par les ménages les plus modestes. Enfin, je me réjouis de l’inscription de la notion de qualité d’air intérieur dans la loi ELAN, aux côtés des objectifs énergétiques et environnementaux, une avancée qui devrait se traduire par des mesures concrètes concernant la ventilation à l’horizon 2020.»
Stanislas Lacroix, vice-président Ventilation et qualité de l’air intérieur de Uniclima
CHOIX DES MATÉRIAUX ET QAI : SE REPÉRER PARMI LES ÉTIQUETTES
Les professionnels du bâtiment peuvent aussi agir par le choix des matériaux qu'ils mettent en oeuvre, en sélectionnant les moins émissifs en termes de polluants. Depuis le 1er janvier 2012, les produits de construction et de décoration en contact avec l'air intérieur font l'objet d'un étiquetage obligatoire sur leur niveau d'émission en polluants volatils (décret du 23 mars 2011). Rappelons que cet étiquetage - qui attribue au produit une note allant de A+ pour les moins émissifs à C pour les moins vertueux - s'applique aux revêtements de sols, murs ou plafonds, aux peintures et vernis, aux cloisons et faux-plafonds, aux produits d'isolation, aux portes et fenêtres, ainsi qu'aux produits destinés à la pose et à la préparation de ces différents éléments. Un étiquetage est actuellement en préparation pour d'autres familles de produits également émissifs en COV, notamment les produits désodorisants à combustion et les meubles. Pour aller au-delà de la réglementation, des certifications de produits telles que NaturePlus, Indoor Air Comfort ou encore l'Ecolabel européen définissent pour de nombreux produits des exigences sur les émissions de polluants.
Franck Sorel, dirigeant des Menuiseries Ferreyrolles à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme), reconnaît qu'il s'agit d'un grand pas en avant pour la qualité de l'air intérieur, mais regrette que la clientèle des particuliers reste dans l'ensemble assez peu sensibilisée à la question. « Nous avons identifié trois profils de clientèle qui sont pointilleux sur l'emploi de produits peu émissifs, explique-t-il. Il s'agit du client 'écologiste', exigeant sur les produits verts et la qualité de l'air respiré par ses enfants?; de l'architecte ou prescripteur proche de la nature, qui utilise des produits biosourcés et veut des matériaux en cohérence avec ses projets?; et des élus qui ont des comptes à rendre à leurs administrés sur la qualité de l'air intérieur dans les ERP de leur commune. » En dehors de ces clientèles spécifiques, les attentes se résument à la mise en oeuvre de produits sans formaldéhydes, alors qu'il existe une grande quantité d'autres polluants. »
Le chef d'entreprise émet une autre réserve : pour environ un tiers des produits concernés par l'étiquetage réglementaire, il n'existe tout simplement pas de fiche technique faisant état des polluants contenus. Du point de vue du menuisier, la définition des exigences est trop souvent incomplète : « Les appels d'offres nous demandent simplement de respecter la réglementation en vigueur, avec pour objectif d'obtenir un 'air sain', sans savoir exactement à quoi cela correspond », ajoute Franck Sorel.
Utiliser des matériaux peu émissifs et sensibiliser les usagers
«La commune de Plélan-le-Grand (3 900 habitants) s’est emparée de la problématique de la qualité d’air intérieur dès 2014. « Nous avons saisi l’occasion de la rénovation d’une école maternelle pour remplacer le sol en PVC, qui exigeait une métallisation annuelle génératrice de polluants, par un sol en caoutchouc naturel lavable à l’eau, l’utilisation de peintures peu émissives, et l’installation d’une VMC double flux », explique sa mairesse Murielle Douté-Bouton. Un second projet d’ERP, actuellement en cours, donnera lieu à des mesures de qualité d’air à la livraison, et à la mise en place d’un suivi, ce qui permettra de sensibiliser les usagers, professeurs, parents d’élèves et personnels administratifs à cette problématique. Selon l’élue, l’arrivée de la nouvelle réglementation sur les ERP « sensibles » va généraliser ce type de mesures, et amener l’ensemble des communes à s’organiser pour pouvoir y répondre.»
Murielle Douté-Bouton, mairesse de Plélan-le-Grand (Ille-et-Vilaine)
VMC : entretien indispensable pour une bonne qualité de l'air
En l'absence d'obligations réglementaires, les professionnels de la ventilation ont un rôle de conseil essentiel à jouer auprès de leurs clients pour l'entretien des installations de ventilation, afin que celles-ci continuent de remplir leur double fonction de renouvellement d'air et de prévention de l'humidité. Il est indispensable de procéder, au moins une fois par an, à un démontage et nettoyage des bouches d'aération, et à un changement des filtres. En cas de VMC double flux, un nettoyage de l'échangeur thermique doit être réalisé tous les 2 à 3 ans par un professionnel, de même qu'un contrôle des circuits des condensats.
DE L'IMPORTANCE DES BONNES PRATIQUES SUR LE CHANTIER
Il est aussi possible d'agir sur la qualité de l'air intérieur par les bonnes pratiques mises en oeuvre sur le chantier(3). Pour le professionnel de la ventilation, il convient de bien concevoir et dimensionner le système qu'il installe, conformément aux NF DTU en vigueur pour la VMC simple flux et la VMC double flux. « Le système doit notamment assurer un bon balayage avec de l'air neuf dans le local à ventiler, grâce notamment à un bon positionnement des entrées d'air, qui ne doivent pas se trouver à côté des bouches d'extraction », rappelle Laurent Henry (Ventil Pur Habitat). Un calepinage des réseaux doit être réalisé minutieusement en amont des travaux, en identifiant clairement les passages de gaines, afin de garantir les bons débits et d'éviter au maximum les piquages qui provoquent des pertes de charges. Afin de ne pas encrasser les systèmes de ventilation, ces bonnes pratiques concernent aussi les mesures à prendre sur le chantier pour limiter la production de poussières, qui impliquent les métiers des revêtements de sols, des revêtements muraux, des menuiseries intérieures et agencement bois. « Il est préférable d'effectuer les traitements et finitions du bois en atelier plutôt que sur le chantier pour limiter les émissions à l'intérieur du bâtiment, indique Franck Sorel (Menuiseries Ferreyrolles). De même, les opérations de rabotage, découpe et ponçage sur le chantier doivent être effectuées à l'extérieur du bâtiment ou dans une pièce dédiée, pour éviter la dispersion des poussières. » Le menuisier doit aussi, en fonction du système de ventilation mis en oeuvre, veiller au détalonnage des portes en cas de VMC, et à la présence d'entrées d'air au niveau des fenêtres et volets roulants.
Ces bonnes pratiques visent aussi à prévenir, pendant le chantier, la formation d'humidité résiduelle qu'il sera ensuite très difficile d'éradiquer. Pour les métiers du plâtre et de l'isolation, il faut impérativement protéger les isolants stockés sur le chantier contre les intempéries, pour éviter le développement de micro-organismes, et poser l'isolant sur la totalité de la surface, pour éviter les ponts thermiques générateurs de condensation de vapeur d'eau. « Il faut réduire autant que possible les apports d'humidité intérieure en phase chantier. Ainsi, nous n'utilisons pas de chape à l'étage grâce à l'emploi de béton autonivelant pour le coulage de la dalle de compression sur laquelle sont posés directement tous types de revêtements de sols. Par ailleurs, nous coulons la chape du rez-de-chaussée dès la fin du clos couvert, avant même la pose des cloisons, afin d'augmenter de 2 mois le temps de séchage, ajoute Régis Croguennoc (Trecobat). Pour le reste de la maison, nous mettons en oeuvre des solutions sèches. » La présence de certains matériaux et la mise en oeuvre de certains appareils de combustion peuvent avoir une incidence sur la qualité de l'air intérieur. Il convient dans ce cas d'appliquer la réglementation spécifique en vigueur - par exemple sur le retrait d'amiante, le chauffage au gaz ou au bois. Sans oublier la présence dans certaines régions de radon, un gaz radioactif d'origine naturelle, cancérogène, qui fait l'objet d'une réglementation spécifique. Enfin, la qualité de l'air intérieur implique aussi de garantir un confort d'été, en faisant en sorte que la température reste agréable pour les occupants, grâce par exemple à une conception bioclimatique de la maison et à un contrôle des apports solaires.
«Un logiciel d’évaluation serait un grand pas en avant, en associant par exemple une banque de données des matériaux et de leurs émissions polluantes à un outil de type BIM.»
Franck Sorel, Menuiseries Ferreyrolles, Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme)
Obligation de surveillance de la qualité de l'air intérieur pour ERP
Le décret n° 2015-1000 du 17 août 2015 a rendu obligatoire la surveillance de la qualité de l'air intérieur dans certains établissements recevant un public sensible, notamment ceux accueillant des enfants. Le dispositif réglementaire comporte une évaluation des moyens d'aération et la mise en oeuvre, au choix, d'une campagne de mesures de polluants (formaldéhyde, benzène, CO2 pour évaluer le confinement et éventuellement perchloréthylène pour les établissements contigus à un pressing) par un organisme accrédité, ou d'une autoévaluation de la qualité de l'air au moyen d'un guide pratique, permettant d'établir un plan d'action pour l'établissement. La réglementation s'applique depuis le 1er janvier 2018 pour les écoles maternelles, élémentaires et les crèches, au 1erjanvier 2020 pour les accueils de loisirs et les établissements d'enseignement du second degré, et au 1er janvier 2023 pour les autres établissements.
INNOVATIONS TECHNOLOGIQUES ET ÉVOLUTIONS RÉGLEMENTAIRES
Face au défi de la qualité de l'air intérieur, certaines solutions viendront certainement de l'innovation technologique, en particulier en matière de ventilation. « Nous avons commencé à commercialiser un système par insufflation très performant, mis au point avec l'un de nos partenaires, explique Régis Croguennoc. Il consiste à créer une entrée d'air unique, comme pour la VMC double flux, à mettre la maison en surpression et à positionner les bouches d'insufflation au plafond dans les pièces où il y a une forte concentration de polluants, pour obtenir un balayage complet de haut en bas. Si, avec une VMC simple flux classique, on atteint couramment une concentration en CO2 de 3 500 ppm/m3 dans la chambre parentale le matin, nos tests ont montré que ce procédé par insufflation limite cette concentration à 700 ppm/m3. »
Le constructeur de maison individuelle appelle aussi de ses vœux la création d'un contrôle obligatoire du débit des systèmes de ventilation au moment de la livraison pour en vérifier la conformité et l'efficacité, ce qui est aussi l'une des propositions majeures du Livre blanc de la ventilation. Cette attestation de fin de chantier pourrait par exemple être réalisée pour un coût modique en même temps et avec les mêmes instruments que le contrôle de l'étanchéité à l'air de l'enveloppe imposé par la RT 2012. Un renforcement des compétences des professionnels de la ventilation par la formation, ainsi que la reconnaissance d'un métier spécifique de « ventiliste » seraient d'autres facteurs de progrès. Pour ce qui est du choix des matériaux de construction et de décoration, l'instauration d'un contrôle final des émissions polluantes non plus des produits mais des ouvrages de menuiserie et d'agencement intérieur permettrait de sensibiliser davantage l'ensemble des acteurs. « Un logiciel d'évaluation serait un grand pas en avant, en associant par exemple une banque de données des matériaux et de leurs émissions polluantes à un outil de type BIM », avance Franck Sorel.
ACCROÎTRE LA SENSIBILISATION DU PUBLIC
Enfin, une bonne qualité de l'air intérieur dépend en grande partie du comportement des occupants des bâtiments, en particulier dans les logements. Un important travail de sensibilisation reste à faire, afin de bannir les produits les plus émissifs de polluants, comme les encens, bougies, brûle-parfums, diffuseurs, sprays, ainsi que certains produits d'entretien. Vis-à-vis de leurs clients, les professionnels du bâtiment ont un grand rôle à jouer pour les accompagner dans la quête d'un air intérieur de qualité, en leur expliquant notamment la logique de fonctionnement de leur VMC, afin que la ventilation fonctionne de façon continue, de supprimer les comportements opposés à son bon fonctionnement (obturation des entrées d'air) et d'assurer les opérations nécessaires de maintenance et d'entretien. Les professionnels se doivent aussi de rappeler les mesures à prendre pour maintenir une bonne hygrométrie à l'intérieur du bâtiment. À savoir aérer quotidiennement et maintenir une température minimale en intérieur pour éviter les phénomènes de condensation sur les parois et la sensation d'air froid.
C'est en agissant ainsi sur tous les leviers concernés - une ventilation efficace, des matériaux de construction peu émissifs en polluants, le bannissement des produits émetteurs comme les désodorisants - et en privilégiant certains matériaux que la qualité de l'air intérieur garantira à la fois la santé des occupants du bâtiment et le maintien dans le temps de la qualité du bâti.
1 Étude exploratoire du coût socioéconomique des polluants de l’air intérieur ANSES-OQAI.
2 www.cerema.fr/system/files/documents/2018/05/LivreBlancVentilation_VF.pdf
3 La FFB met à la disposition de ses adhérents un ensemble d’outils, guides et fiches pratiques, pour une bonne qualité de l’air intérieur.