Vers 20 ans, Javi Santos tombe amoureux. Amoureux des enduits. Enfin, pas exactement en fait. Il tombe plutôt amoureux de la fille d'un entrepreneur en ravalement de façade... Et en gendre modèle, il prend la règle, la taloche, le gratton et entre dans le métier. Il va goûter pendant presque 15 ans à l'application d'enduit sur pavillons neufs, immeubles collectifs et parfois quelques belles demeures. En 1992, il se sépare et crée, quatre ans plus tard, son entreprise, épaulé par Sandrine, sa nouvelle compagne. Il se spécialise alors dans la restauration des façades. « J'aime le travail bien fait, les maisons qui ont une histoire que l'on peut faire rejaillir ou mettre en valeur », explique-t-il.
« Quand on passe de la façade tout-venant à la restauration de façades traditionnelles, on entre dans un autre rapport au temps, un autre état d'esprit. Pas seulement parce que le bâti que l'on travaille est chargé d'histoire, mais simplement parce qu'on va prendre le temps : le temps du contact avec le client pour écouter ses attentes, le conseiller ou l'orienter, le temps 'd'écouter' la façade, son vécu, ses atouts et ses fragilités. Pour pouvoir choisir les meilleurs produits et options techniques pour la restaurer et l'embellir, et ensuite le temps d'un chantier dont l'objectif n'est pas seulement de livrer un produit dans les temps mais bien de livrer un travail bien fait. Nous prenons donc le temps de protéger le chantier, l'environnement. Nous respectons les habitants. »
D'ailleurs, Javi Santos est fier de son travail et de celui de sa dizaine de salariés. Il n'hésite donc pas à signer les façades d'un pochoir au nom de l'entreprise. C'est lui qui assure la partie commerciale, les devis et le suivi de chantier, instaurant une relation de confiance. La SAS 2FSR est maintenant connue dans la région, et les clients arrivent par le bouche-à-oreille. Ce sont essentiellement des particuliers, parfois des mairies, des maisons de Champagne et quelques syndicats de copropriétés.
Si les gestes et la plupart des techniques d'application sont identiques que l'on travaille sur une façade en parpaing ou sur un ancien bâti, la préparation du chantier, du mur, les supports et les produits à appliquer vont changer. De manière exceptionnelle, Javi Santos fait des recettes de chantier pour ses produits. Il utilise généralement des produits industrialisés, prêts à l'emploi. « Notre industriel propose une gamme spécialisée en restauration dont les produits me conviennent. Cela permet d'obtenir à coup sûr une teinte régulière et présente une facilité d'emploi indéniable. Leur service technique est assez pointu et en tant qu'entreprise référente de la marque, je peux tester les produits en avant-première, donner mon avis, exprimer des besoins spécifiques. C'est une relation de confiance qui s'est construite depuis une vingtaine d'années avec eux. »
Chaque chantier est différent. « On peut toujours avoir des surprises et il faut s'adapter. Par exemple, sur une belle demeure bourgeoise du centre de Reims, nous avons réalisé un hydrogommage de la façade avant pour laisser les briques et les encadrements en pierre apparents, mais à l'arrière, nous sommes tombés sur des briques mal conservées et des carreaux de terre crue que nous avons dû enduire, détaille Javi Santos. Il faut aussi avoir la patience et le goût du détail. Nous sommes spécialisés dans les enduits - façon pierre, façon brique, bois... - et nous taillons des ornements en relief (fleurs, emblème ou bouteilles de champagne...). »
L'artisan regrette que le métier n'attire plus les jeunes. « Pourtant, lorsque l'on travaille à restaurer une église, une belle maison de maître, une cave de Champagne, c'est extrêmement valorisant. » C'est d'ailleurs l'une des raisons pour lesquelles il prodigue conseils et enseignements au CFA et au GRETA de Reims, qui forment de nouveaux enduiseurs-façadiers.