Fermé en 2010 après huit siècles de fonctionnement, le Grand Hôtel-Dieu de Lyon fait l'objet d'une transformation de grande ampleur. Porté par le groupe Eiffage, il s'agit de la plus grande opération privée de reconversion d'un monument historique en France. Situé en bord de Rhône, le programme de 51 500 m2 (dont 11 500 m2 de constructions neuves) doit abriter un hôtel Intercontinental 5 étoiles, une Cité internationale de la gastronomie, un centre de convention, des bureaux, des commerces...
Pour les équipes d'Eiffage Construction, qui pilotent depuis 2015 les travaux de reconversion du site, composé de 24 bâtiments d'époques différentes constituant autant de chantiers, les défis techniques et d'organisation étaient de taille. Le premier fut celui des travaux préparatoires. Si le désamiantage n'a pas posé de difficultés particulières, le curage, qui consistait à mettre le site totalement à nu pour n'en conserver que la structure, a pour sa part réservé son lot de surprises. « Nous avons dû évacuer au total 22 000 tonnes de déchets, soit un tiers de plus que ce que nous avions évalué initialement, nécessitant la rotation de 5 à 6 semi-remorques chaque jour pendant un an », se souvient Thierry Brossard, directeur du projet pour Eiffage Construction.
Une fois à nu, les structures bois d'origine - 11 000 m2 de charpentes et 11 500 m2 de planchers - ont révélé leur mauvais état. Dans le cadre de ce chantier patrimonial, il fallait pourtant les conserver. Le volet « monument historique » de l'opération constitue précisément le deuxième grand défi à relever. « Contrairement à un chantier classique, c'est ici le respect du monument qui commande, il est prioritaire par rapport aux autres contraintes, budget ou délai », analyse Thierry Brossard. Ce respect trouve sa concrétisation dans le dialogue et les échanges constants que l'entreprise a instaurés avec l'architecte du patrimoine et la Direction régionale des affaires culturelles (Drac), « qui doit valider en amont chacune de nos interventions ». Tous les corps d'état sont concernés, et chacun a dû bousculer ses habitudes. « Par exemple, ne pouvant pas réaliser de saignées dans les voûtes de pierre pour encastrer les réseaux, nous avons dû imaginer des cheminements alternatifs », illustre Thierry Brossard. Le troisième grand défi tient dans l'installation d'un hôtel 5 étoiles situé en façade principale du site. « Là encore, nous devons concilier les standards de très haute qualité et une mise en oeuvre irréprochable avec le respect du monument, poursuit Thierry Brossard. Les performances de conforts thermique et acoustique sont particulièrement difficiles à atteindre car nous ne pouvons pas poser de doublage sur les murs, ni installer de flocage ou d'isolation en plafond afin de conserver les anciens plafonds à la française. » Pour parvenir aux résultats attendus, l'entreprise a donc dû réaliser de nombreuses études complémentaires afin de trouver les techniques et les produits adaptés. Outre ces trois grands défis, l'acte de bravoure technique et architectural du projet tient dans la verrière de la cour du Midi, l'une des sept que compte le Grand Hôtel-Dieu. D'une hauteur moyenne de 17 m et d'une surface de 1 100 m2, celle-ci devait s'intégrer dans le bâti d'origine avec la plus grande discrétion possible. Dotée de 400 vitrages sérigraphiés portés par de fines poutres métalliques à inertie variable, la structure légère dessinée par le cabinet AIA est autostable, l'absence de points de liaisonnement
avec le bâti garantissant l'intégrité totale de ce dernier. Le groupe Eiffage et les 200 entreprises (dont 70 % locales) qui l'ont accompagné ont jusqu'ici su tenir les délais. La première phase de l'opération a ouvert au public le 27 avril dernier, la seconde phase, comprenant l'hôtel, la Cité de la gastronomie et le centre de convention, devrait être livrée au 1er semestre 2019.