Quatre ans après son titre de MOF, obtenu en 2015 en plâtrerie sèche et isolation, Florent Boissarie en parle encore avec émotion : « Quand vous recevez le courrier qui fait de vous officiellement un MOF, c'est à la fois un grand moment dans votre parcours personnel et dans votre vie professionnelle », raconte cet artisan devenu expert, qui dirige aujourd'hui la Plâtrerie rochelaise à Périgny (Charente-Maritime). Il faut dire que l'épreuve est d'une exigence extrême. Tous les trois ou quatre ans, les candidats de toutes les disciplines, qui sont déjà des professionnels confirmés, relèvent le défi de réaliser un ouvrage exceptionnel, soit sur le lieu de leur choix, soit sur place, sur une durée de 120 heures - donc environ dix longues journées de travail pour les épreuves en plâtrerie-gypserie et plâtrerie sèche isolation. « Ce titre m'a demandé plus d'une année de préparation intensive, pendant laquelle on dort, on mange et on pense MOF à longueur de temps, en mettant entre parenthèses sa vie privée, ajoute-t-il. C'est le prix qu'il faut payer pour atteindre l'excellence. » Le titre de MOF est décerné par le Comité d'organisation des expositions du travail (COET-FFB), et correspond à un diplôme de niveau bac + 3 ou BTS.
Cette expérience extraordinaire, Florent Boissarie a décidé de la mettre au service de la filière en devenant président du jury de la classe « Métiers du plâtre et sculpture décorative », lors de l'édition 2018, qui s'est déroulée au CFA des Compagnons du devoir à Nantes du 26 novembre au 7 décembre dernier. Avec le soutien de l'UMPI-FFB, son rôle a consisté à composer les jurys des différentes épreuves - un tiers de MOF, un tiers d'enseignants et un tiers de professionnels confirmés - qui ont ensuite défini les sujets des épreuves. Pour les six options de la plâtrerie décorative (plâtrerie-gypserie, plâtrerie sèche isolation, sculpteur praticien, staffeur ornemaniste, mouleur statuaire et stucateur), la compétition a réuni au total 24 candidats venus de la France entière. Mais après plusieurs désistements, notamment en plâtrerie-gypserie et plâtrerie sèche, un seul d'entre eux - Régis Goldberg - a obtenu le titre de MOF, dans la catégorie de staffeur ornemaniste1. Il a pour cela réalisé parfaitement l'habillage d'un passage avec côté droit en plein cintre, y compris consoles et moulurations. Un verdict qui montre à lui seul le très haut niveau d'exigence du titre qui, souvent, n'est obtenu qu'après plusieurs tentatives.
Pour Florent Boissarie, cette magnifique épreuve doit être perpétuée, même si elle dispose de peu de moyens et repose pour beaucoup sur l'engagement de bénévoles qui, comme lui, n'ont pas compté leurs heures pour qu'elle puisse avoir lieu. S'il se souvient de l'effervescence médiatique qui a suivi son titre, les demandes d'interviews et les articles de presse, il retient surtout les retombées énormes sur son activité : « Étant donné l'afflux de demandes de clients qui voulaient que je réalise personnellement leur chantier, j'ai été amené à créer une deuxième entreprise, La Gypserie, spécialisée dans les travaux de prestige, qui intervient surtout sur le patrimoine ancien, comme les églises ou les châteaux. » Depuis l'obtention de son titre, Florent Boissarie travaille avec des décorateurs de référence dans le monde entier. Plus que les honneurs, il met en avant son amour du travail parfaitement réalisé et l'intérêt du concours, qui renforce l'attractivité de l'ensemble de la filière. Voilà pourquoi il continuera de se battre pour perpétuer la tradition du MOF.
En savoir plus
UMPI-FFB (Union des métiers du plâtre et de l'isolation), tél. : 01 40 69 52 14, www.umpi.ffbatiment.fr
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Lire Bâtimétiers n° 55, p. 48.