« La RSE ? Encore une invention bureaucratique qui pèse sur mon entreprise ! » Cette réflexion – et d’autres de la même nature – est hélas encore trop souvent entendue.
À travers ces trois lettres passent bien des idées reçues, souvent fantasmées. Car la responsabilité sociétale des entreprises n’est pas qu’une nouvelle contrainte supplémentaire imposée par les maîtres d’ouvrage dans leurs cahiers des charges. La RSE, en réalité, permet simplement de se donner la possibilité d’apporter du bien-être – voire du bonheur – au travail, tout en améliorant sa compétitivité. Sa mise en œuvre dans mon entreprise est particulièrement révélatrice.
Il y a une dizaine d’années, nous avons subi de plein fouet la concurrence des pays de l’Est. Celle-ci nous a fait du mal, et nous avons même dû arrêter l’une de nos activités. Il fallait réagir pour rebondir, avec une question : qu’apportions-nous à nos clients par rapport à ces sociétés qui inondaient le marché en écrasant les prix ? J’ai alors listé nos points forts. Le premier est que nous produisons en circuit court. Notre miroiterie est en région parisienne et notre matière première vient du Doubs et de Dijon, ce qui limite les transports, diminue notre impact carbone et nous permet d’être très réactifs : notre délai de fabrication est d’une semaine, là où les chantiers doivent parfois attendre six ou sept semaines pour être livrés. Notre deuxième atout est celui de l’économie circulaire, 80 % de nos déchets d’ateliers étant récupérés et recyclés par nos fournisseurs. Ces deux atouts, nous les possédions déjà avant l’invention du concept de la RSE, que nous pratiquions sans le savoir.
C’était aussi le cas de mesures touchant au volet social et territorial. Nous privilégions par exemple l’embauche locale, nous avons une politique salariale attractive, et nous nous transformons pour assurer le bien-être de nos salariés. Les changements proviennent parfois d’événements imprévus : suite au départ de notre chef d’atelier il y a quelques années, j’ai dû réorganiser l’entreprise familiale, que je gère seule. Je suis alors passée d’un mode de management “vertical” à un mode “horizontal”, où chacun dispose d’une large autonomie. Les effets positifs sur la motivation et la bonne humeur des équipes, reconnues dans leur savoir-faire et leur expertise, se sont fait immédiatement ressentir.
Toutes ces forces qui donnent du sens à notre action, je les ai formalisées et communiquées auprès de nos clients. Séduits par notre démarche, la plupart nous ont suivis, conscients que la qualité, la flexibilité et la bienveillance qui nous caractérisaient avaient au moins autant d’importance que le seul critère du prix.
Grâce à cela, nous avons retrouvé la voie de la croissance. Évidemment, il est difficile pour une petite structure d’avancer seule sur la voie de la RSE. C’est pourquoi je m’appuie sur tous les outils mis à notre disposition. Et il y en a beaucoup !
Côté prévention et sécurité au travail, nous sommes accompagnés par l’OPPBTP. Nous travaillons beaucoup avec Constructys pour la formation, et avec la médecine du travail sur les sujets de qualité de vie au travail. La dynamique que nous avons enclenchée, je la partage avec le groupe de travail RSE que je pilote au sein de la commission Environnement de la FFB. Les échanges de bonnes pratiques y sont très enrichissants. Ils nous ont permis de bâtir un outil RSE complet qui sera bientôt à la disposition de tous les entrepreneurs. »