Rénovation réussie pour l’ancienne caserne militaire de la Pépinière, située rue Laborde dans le 8e arrondissement de Paris. Elle est devenue la façade sur rue d’un nouveau complexe tertiaire de près de 20 000 m², où a élu domicile le plus grand cabinet d’avocats de France, Gide. Cette métamorphose, imaginée par l’architecte Philippe Chiambaretta (PCA Stream) pour le maître d’ouvrage Batipart, a demandé vingt-cinq mois de chantier et une organisation minutieuse pour réaliser les opérations sur un site enclavé au milieu d’un ensemble d’immeubles de bureaux et d’habitation, sans oublier le prestigieux Cercle des armées tout proche. « Ce tissu urbain particulièrement dense nous a conduits à prendre un train de mesures pour limiter les nuisances, en coordination avec les services de la voirie et les concessionnaires, et pour établir un lien de confiance avec les “mitoyens”. Cet aspect est très important pour le succès de ce type d’opération », déclare Sébastien Voiron, le directeur du projet pour Eiffage Construction Tertiaire. C’est ainsi que l’installation de chantier a été réalisée en portique par-dessus la rue Laborde, pour accueillir jusqu’à 300 salariés tout en limitant les emprises au sol. Les nuisances sonores ont été réduites par une adaptation des horaires de chantier et par l’utilisation d’engins munis de pinces hydrauliques. Des brumisateurs et systèmes d’arrosage ont permis de maîtriser la production de poussières, tandis qu’un système de surveillance vibroacoustique a été mis en place pour alerter en cas de chocs trop bruyants sur les structures.
Sébastien Voiron, directeur du projet pour Eiffage Construction Tertiaire
« Ce tissu urbain particulièrement dense nous a conduits à prendre un train de mesures pour limiter les nuisances et pour établir un lien de confiance avec les “mitoyens”. »
De la conservation à la construction neuve
L’opération Laborde se caractérisait par la diversité des techniques constructives mises en œuvre, liée aux trois bâtiments qui la composent, tous de nature différente. L’ancienne caserne sur rue, dont la construction remonte à 1863, a été conservée et rénovée conformément aux exigences de l’architecte des bâtiments de France. La façade en pierre et les menuiseries en bois ont été restaurées selon les règles de l’art. Charpente et couverture ont été refaites à neuf. À l’intérieur, les planchers et les voûtes ont été conservés, offrant une hauteur sous plafond désormais propice aux salles de séminaire et de réunion. Situé dans la cour, le second bâtiment « Pépinière », construit dans les années 1950 en béton armé, a fait l’objet de travaux lourds : en plus de la création d’un deuxième sous-sol sous la cour, qui porte à 79 le nombre de places de parking, le bâtiment a été réduit en profondeur et étendu de 10 à 12 m au niveau des ailes, avec la création de terrasses en cascade. « Nous avons aussi repensé ses circulations verticales », précise Sébastien Voiron. Enfin, le projet comprend la construction neuve d’un troisième bâtiment baptisé Nopa, sur sept niveaux, au milieu de la cour. Celui-ci prend appui sur le bâtiment Pépinière et constitue l’épicentre du site. Les façades de l’ensemble Pépinière-Nopa ont été habillées d’un mur-rideau en châssis acier et verre signé Goyer, une filiale du groupe Eiffage, qui donne aux deux bâtiments les plus récents les performances énergétiques visées (label BBCEffinergie Rénovation) et leur esthétique contemporaine.
Management de projet digitalisé
Toutes ces opérations successives et complexes ont été menées à bien grâce à une innovation, la « salle cockpit 2.0 ». Ce dispositif interactif, développé avec l’agence spécialisée en installations digitales Vendredi 4, a pour fonction de permettre un management digitalisé du chantier. Depuis plusieurs années, Eiffage Construction Tertiaire considère le patron de chantier comme le pilote de l’opération, à qui il revient de réunir les parties prenantes au début du chantier pour identifier les risques et définir les priorités ainsi que le planning. Un nécessaire suivi qui donne lieu habituellement, dans une salle dédiée, à l’établissement de différents « murs » où sont affichés la présentation du chantier pour les visiteurs, le timing, les plans d’action, ainsi qu’un mur « warning » pour les aspects contractuels, comptes-rendus de chantier et autres notes des bureaux de contrôle. « Ce système a bien fonctionné, mais nous avons constaté qu’il donne lieu à une inflation de documents papier et demande une personne dédiée à leur impression et à leur diffusion, explique Sébastien Voiron. À l’heure où les collaborateurs sont équipés d’outils numériques, nous avons franchi le pas de le digitaliser. » Ainsi, dans la « salle cockpit 2.0 », plus de papier ou presque : une table numérique horizontale avec un écran partagé permet aux conducteurs de travaux de visionner leurs plans, d’actualiser en direct toute modification sur l’écran et de la valider par une signature électronique. Des écrans digitaux ont désormais remplacé les murs dédiés aux différentes fonctions. « C’est un progrès énorme, estime le patron du chantier, car ces processus permettent de gagner un temps précieux et de réduire le risque d’erreur inhérent au recopiage des notes sur papier. » Le concept de la salle cockpit 2.0 ayant fait ses preuves, il a été déployé sur cinq opérations d’Eiffage Construction Tertiaire en Île-de-France.
Cette opération réalisée en entreprise générale s’est révélée exemplaire tant en termes d’innovation numérique ergonomique que de sécurité pour tous les personnels et de gestion des nuisances avec les riverains. Les nouveaux bâtiments, certifiés NF HQE Bâtiments tertiaires et conformes au label BREEAM, ont été livrés dans le respect des engagements de délais, tout en bénéficiant d’une variante apportée par le constructeur : pour assurer la climatisation du bâtiment Pépinière, les ventilo-convecteurs prévus en allège ont été remplacés par des panneaux rayonnants en plafond, ce qui a fait gagner près de 200 m² de surface, sans réduire la hauteur sous plafond.
Une créativité technique et une organisation de chantier dignes de la rigueur architecturale de l’historique caserne de la Pépinière.
Plus d’ergonomie pour une meilleure prévention
Sur cette opération comportant un important volet rénovation dans un site ancien, des innovations de terrain sont venues pallier l’impossibilité d’utiliser la grue pour les opérations de manutention. C’est le cas par exemple du robot pose-tabouret, qui permet sans effort la pose de ces éléments lourds destinés à la réalisation de poutres de reprise, ou encore du chargeur à béton, un appareil motorisé qui transporte la quantité de béton souhaitée jusqu’à pied d’œuvre. Suffisamment légers pour évoluer sur les planchers anciens, ces équipements sont source de gains de productivité, tout en réduisant la pénibilité de certaines tâches. La sécurité a été améliorée par un balisage permanent des circulations sur le chantier et par une séparation des flux engins-compagnons au moyen de barrières pivotantes. Des mesures qui ont porté leurs fruits, avec seulement un accident du travail avec arrêt et deux « presque accidents » à déplorer sur l’ensemble du chantier.
Chiffres clés
Surface totale :
19 250 m²
Infrastructure :
2 niveaux de sous-sol et 79 places de parking
Superstructure :
3 bâtiments - Laborde (1863), Pépinière (1950) et Nopa (bâtiment neuf)
Durée du chantier :
25 mois, 100 000 heures de production, un seul accident avec arrêt
Certifications :
NF HQE Bâtiments tertiaires, BREEAM, label BBC-Effinergie Rénovation